Nos Jugements |
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Nous entendons qu'un tel juge ou qu'un autre dit qu'il ne faut pas juger son prochain. Pourquoi vous diviser ainsi ? Est-ce pour cela que nous vous avons donné ce commandement : "aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 13,34) ? Qu'est-ce que juger ? Qui peut juger ? Et comment juger ? Juger, c'est : 1/ donner un avis sur une chose, un objet ou une personne. C'est un jugement de valeur. 2/ aussi condamner ou innocenter une personne, à l'image du juge de tribunal. C'est un jugement de personne. Qui a le droit de prononcer un jugement de valeur ? En principe, puisque chaque homme est créé libre par Dieu, il est libre de porter un jugement de valeur. Par contre, ce jugement de valeur est-il acceptable, recevable, admissible par tous ? Pour cela, il faut : 1/ que le jugement soit justifié, c'est-à-dire qu'il y ait des preuves objectives à l'appui. Sans cela, le jugement n'a pas de valeur ou il n'a de valeur qu'en fonction de la sincérité et de l'objectivité de la personne. 2/ que celui qui donne un jugement qui doit être accepté par les autres, le soit parce que : a/ le jugement suit une démonstration indestructible b/ celui qui juge a autorité et que cette autorité lui a été donnée (ou validée) par d'autres personnes (un professeur, un avocat, etc.). Maintenant, si A dit que B est méchant, A porte un jugement de valeur puisqu'il juge certains de ses actes de B et il lui faut le prouver. Si le jugement de A est fondé, libre à vous ensuite de l'accepter ou pas. Si A est juge, l'accusé ou l'innocenté B doit accepter le verdict de A selon son autorité et selon les preuves apportées. Qu'en est-il du jugement de la personne ? Une chose est de dire qu'une personne a commis un acte répréhensible, une autre chose est de dire que cette même personne est méchante. A notre connaissance, la majorité des criminels sont condamnés pour leur(s) crime(s) ce qui ne les empêche pas d'aimer ou d'aider certaines personnes dans certaines situations. Ainsi, un acte ne fait pas une personne : elle reflète la personne à un moment donné ou dans un domaine donné. Pourquoi rappeler cela ? Loin de nous de vous ennuyer sur ce point mais le dit point est suffisamment important pour rappeler certaines choses fondamentales. Seul Dieu, en la personne du Christ (Jn 5,22), est habilité à porter un jugement de valeur (II Tm 4,14) et un jugement de personne (Ac 10,42). Quant à nos juges, leurs pères leur donnent le droit de juger les hommes selon la justice des hommes dans la société civile. Quant à nos prêtres, le Fils leur donnent le droit de juger les chrétiens selon la justice de Dieu (Mt 16,19), dans la charité, dans l'Eglise et pour l'édification et le salut du plus grand nombre. Les juges jugent pour une certaine harmonie dans la société civile. Les prêtres jugent pour une harmonie certaine dans la société visible et dans la société invisible. Nous pensons que pour d'autres autorités commes les avocats ou les professeurs, il est vain de rappeler selon quoi ils peuvent juger et quel est l'objet de leurs jugements. Que faut-il retenir de tout cela ? Pour l'homme de Dieu : "Pour toi, homme de Dieu... recherche... la justice, la piété, la foi, la charité, la patience, la douceur." (I Tm 6,11) Pour tous les chrétiens : "De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi." (Jc 3,10) et "Poursuivons donc ce qui contribue à la paix et observons mutuellement ce qui contribue à l'édification." (Rm 14,19) Dieu a oeuvré pour l'homme, en le créant par amour. A l'homme maintenant d'oeuvrer pour Lui, par amour et dans son amour.
Cela est vrai que les actes extérieurs ne contribuent pas nécessairement à l'édification intérieure de l'homme. Nous le disons encore par : "l'habit ne fait pas le moine." Par contre, celui qui se laisse modeler intérieurement par le feu de la charité du Christ, aura alors des actes extérieurs à l'image de ce qu'avait montré Jésus devant les Apôtres. Comment peut-on le voir ? Il y a au moins deux manières : 1/ le saint est celui qui s'abandonne entièrement, sans concession à Dieu et cela finit par se voir non seulement dans ses actes mais aussi sur son visage. Nous le disons encore par : "les yeux sont le reflet de l'âme". Si les yeux brillent d'amour et d'une lumière indescriptible, alors soyons certains que Dieu est le principal responsable de cette brillance. En se communiquant aux créatures, que fait l'Esprit-Saint ? Il élimine les éléments étrangers qui les déshonorent et les font souffrir. Plus cette communication est abondante, plus les créatures se simplifient. Plus elles se simplifient, plus elles se perfectionnent; car plus elles se rapprochent de leur pureté native, et de la pureté ineffable de leur Créateur et de leur modèle. Mais plus elles se perfectionnent, plus elles deviennent belles et heureuses. De ces notions, fondées sur l'essence même des choses, il résulte que la sainteté est le principe unique de la beauté et du bonheur. Et cela se voit encore sur le visage et dans les actes extérieurs. 2/ L'Apôtre saint Jean nous parle de la charité dans ses épîtres, qui sont un très beau reflet de l'Evangile. Celui qui dit avoir l'Esprit-Saint en lui, c'est-à-dire que Dieu demeure en lui, doit le prouver concrètement. Comment ? En aimant non seulement ses amis, sa famille, et également ses ennemis. Si la dilection habite son âme, il doit accepter, par l'humilité et la douceur (ces deux vertus sont proches) de laisser la dilection, qui est l'Esprit-Saint (I Jn 4,8) agir à travers lui afin que cet ennemi devienne un jour un frère. Si cela se voit extérieurement par une tierce personne alors soyons assuré que Dieu demeure en lui et que lui demeure en Dieu.
Augustinius Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius
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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021