- Introduction
- Généralités sur les dons
- Définition du don
- Comment y a-t-il de dons ?
- Caractéristiques générales des dons
- Quels sont les dons ?
- Explication individuelle des dons
- Ce qui s'oppose aux dons
- Explication des dons pris ensemble
- Quelques citations des Pères
1. Introduction Lorsque l'homme se fait baptiser, il reçoit le premier saint sacrement qui marque le véritable début de l'initiation chrétienne même s'il a commencé sa formation en vue de son baptême. Cette initiation a pour but de former l'homme en chrétien, c'est-à-dire de le faire fuir le péché pour qu'il s'attache à Dieu en accomplissant la Parole de Dieu dans ses œuvres, en vivant la sain(t)e doctrine de l'Eglise. Comment peut-il progresser et parfaire cette foi naissante s'il ne possède pas des armes le rendant aptes à produire des actes agréables à Dieu et contribuant à son au salut ? Etre aidé par ses parrain et marraine ne lui sera d'aucune utilité si eux-mêmes ne sont pas soutenus dans leur vie chrétienne. C'est pourquoi, Dieu, dans son infinie bonté, offre au baptisé et la grâce de Notre Seigneur et les dons de l'Esprit-Saint, ces derniers ayant pour but d'aider le baptisé à poser des actes dignes de son appartenance à Dieu en tant que fils, ces actes lui étant méritoires en vue du salut désormais possible à cause de Notre Seigneur Jésus Christ. 2. Généralités sur les dons
a. Définition du don Les dons sont des inspirations permanentes du Saint-Esprit, qui perfectionnent les vertus en leur communiquant une nouvelle impulsion, une énergie plus soutenue, une tendance plus élevée. Ils font mouvoir l'homme en vue de sa fin surnaturelle. Ils ont pour but de faire produire au chrétien des actes méritoires. "Les dons du Saint-Esprit sont des habitudes surnaturelles qui nous disposent à obéir promptement au Saint-Esprit." (S. Th., Ia, IIae, Q. 68, art. 3, corp.) b. Combien y a-t-il de dons ? Certains confondent charisme et don, dans le sens strict. Or est véritablement don ce qui :
- ...contribue à la sanctification de celui qui les a reçus,
- ...est reçu au baptême, avec la grâce de Jésus Christ.
Au baptême, nous parlons d'infusion de l'Esprit-Saint dans l'âme du nouveau chrétien, cette infusion s'accompagnant des dons de l'Esprit-Saint. Les charismes sont une effusion de l'Esprit-Saint déjà infusé et leur finalité est autre que celle des dons. C'est pourquoi nous distinguons don et charisme. Dès lors, nous comptons sept dons. Ils forment, dit un concile, les sept grandes sanctifications du chrétien. c. Caractéristiques générales des dons Conservés et fortifiés par la prière, les sept dons du Saint-Esprit deviennent entre les mains du chrétien des armes de précision contre ses ennemis. Satan nous attaque avec sept armes qu'on appelle les sept péchés capitaux. Les sept dons du Saint-Esprit en forment l'opposition adéquate. Les dons de Dieu sont donnés en germe au baptême, que le baptisé soit enfant ou adulte. Ils sont appelés à grandir et à s'exprimer durant la vie du chrétien. Les sept dons sont toujours donnés ensemble et simultanément. Les dons sont inférieurs aux vertus théologales. Ces vertus, en effet, attachent l'âme à Dieu, tandis que les dons ne font que la mouvoir vers Lui. Mais les dons sont supérieurs aux vertus morales, parce que les vertus morales ne font qu'enlever les obstacles qui éloignent de Dieu, tandis que les dons dirigent véritablement et meuvent vers Dieu (S. Th., Ia, IIae, Q. 68, art. 4, ad 3; et art. 8, corp.) :
vertus cardinales < dons < vertus théologales
"Ainsi, dans les dons, la sagesse et l'intelligence, la science et le conseil sont préférés à la piété, à la force et à la crainte. Parmi ces trois derniers, la piété est préférée à la force et la force à la crainte; comme la justice elle-même est préférée à la force, et la force à la tempérance. Telle est la supériorité relative des dons, pris en eux-mêmes."
piété, force et crainte < sagesse, intelligence, science et conseil crainte < force < piété tempérance < force < justice
"Considérés sous le rapport des actes, la force et le conseil sont préférés à la science et à la piété, parce que la force et le conseil s'exercent dans les cas difficiles; la piété et même la science, dans les cas ordinaires. On voit que la dignité des dons correspond à l'ordre dans lequel ils sont énumérés, partie simplement, en tant que la sagesse et l'intelligence sont préférées à toutes; partie suivant leur ordre d'application, en tant que le conseil et la force sont préférés à la science et à la piété." (S. Th., Ia, IIae, Q. 68, art. 7, corp.)
science, piété < force, conseil
d. Quels sont les dons ? C'est le prophète Isaïe qui les cite : Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Seigneur. (Is 11,2-3) Pourquoi parle-t-on de sept dons alors que l'Ecriture n'en mentionne que six ? La Septante puis la Vulgate incluront l'esprit de piété dans l'esprit de crainte puisque l'esprit de piété ne peut être sans l'esprit de crainte. Cela nous donne alors sept dons, le chiffre sept correspondant à la perfection qui sied divinement à l'Esprit-Saint. 3. Explication individuelle des dons Pour expliquer les dons, nous nous appuierons sur la belle parole de S. Antonin : "Les sept dons du Saint-Esprit sont les sept Esprits envoyés par toute la terre contre les sept Esprits mauvais dont parle l'Evangile. L'esprit de crainte chasse l'esprit d'orgueil. L'esprit de piété chasse l'esprit d'envie. L'esprit de science chasse l'esprit de colère. L'esprit de conseil chasse l'esprit d'avarice. L'esprit de force chasse l'esprit de paresse. L'esprit d'intelligence chasse l'esprit de gourmandise. L'esprit de sagesse chasse l'esprit de luxure." 1. La crainte est un don du Saint-Esprit qui nous fait craindre Dieu, comme un père, et fuir le péché parce qu'il lui déplaît. Corrigeons de suite ceux qui croient qu'avec l'Incarnation du Verbe en la personne de Jésus Christ qui nous a révélé l'amour de Dieu pour nous, la crainte n'a plus lieu d'être. La crainte revêt plusieurs formes et l'une d'entre elles reste encore nécessaire aujourd'hui. Si cette forme pieuse de crainte était vaine, pourquoi Isaïe parle-t-il du Messie, le Verbe incarné, comme étant l'homme sur lequel reposera le don de crainte et les autres dons ? Quels sont les effets ou les applications du don de crainte ? 1. Le premier effet est de nous rendre humbles devant Dieu puisque l'homme ne peut rien sans Dieu (Jn 15,5 ...séparés de moi, vous ne pouvez rien faire; Ga 6,3 si quelqu'un croit être quelque chose, alors qu'il n'est rien, il s'abuse lui-même). 2. Le deuxième effet est de nous faire fuir le péché (Eccli 15,1 Celui qui craint Dieu fera le bien) et fuir devant le péché qui déplaît à Dieu (Eccli 1,27 La crainte du Seigneur chasse le péché). 2. La piété est un don du Saint-Esprit qui nous remplit d'affection filiale envers Dieu, et nous le fait honorer comme un père. Le don de piété diffère de la charité sous deux rapports : l'esprit de piété est l'excitateur de la charité, comme le vent est l'impulseur du navire. La charité nous fait aimer Dieu parce qu'il est infiniment parfait et infiniment bienfaisant; le don de piété nous le fait aimer, parce qu'il est père, plus père que tous les pères, père des chrétiens et de tous les hommes que nous aimons comme des frères (S. Ant., 15, C. 1, p. 288). Le don de piété produit deux effets : 1. le culte intérieur (qui se compose de tous les sentiments de foi, d'espérance, de charité, imprimés dans un cœur amolli par le feu de la piété filiale) 2. et le culte extérieur (tout ce qui concerne le culte catholique). Les sept œuvres de miséricorde corporelle sont filles du don de piété : 1. Donner à manger à celui qui a faim, à boire à celui qui a soif, 2. Héberger le pèlerin, 3. Vêtir celui qui est nu, 4. Visiter le malade, 5. Consoler le prisonnier, 6. Racheter le captif, 7. Ensevelir les morts. Les sept œuvres de miséricorde spirituelle sont filles du don de piété : 1. Instruire les ignorants, 2. Reprendre ceux qui font mal, 3. Donner conseil à ceux qui en ont besoin, 4. Consoler les affligés, 5. Souffrir patiemment les injures et les défauts d'autrui, 6. Pardonner de bon cœur les offenses, 7. Prier pour tous et pour ceux qui nous persécutent. 3. La science est le don du Saint-Esprit qui perfectionne le jugement, et nous fait discerner avec certitude, dans les choses spirituelles, le vrai du faux, le bien du mal. Quels sont les effets/applications du don de science ? 1. Le premier effet est de nous faire discerner avec certitude, le vrai du faux, le solide de l'imaginaire, le vrai de ce qui n'est qu'apparent. 2. Le deuxième effet est d'agir sur la volonté et de mettre ses actes en harmonie avec les lumières de l'entendement. 3. Le troisième effet est de rayonner sur toutes les sciences humaines, de les orienter, de les féconder, de les ennoblir et de les affirmer. 4. La force est le don du Saint-Esprit qui nous communique le courage d'entreprendre de grandes choses pour Dieu et la confiance de les accomplir malgré tous les obstacles. D'après S. Antonin, il y a quatre différences entre le don de force et la vertu de force : 1. La vertu de force a sa sphère d'action dans les limites de la puissance humaine et ne s'étend pas au-delà. Le don de force a la sienne dans la mesure de la puissance divine, sur laquelle il s'appuie, suivant le mot du prophète : En mon Dieu je traverserai le mur; c'est-à-dire je renverserai tous les obstacles, insurmontables aux forces naturelles. 2. La vertu de force donne à l'âme le courage de braver les dangers mais non la confiance de les braver et de les éviter tous, contrairement au don de force. 3. La vertu de force ne s'étend pas à tout ce qui est difficile car elle ne s'appuie que sur la raison humaine contrairement au don de force comme le dit Job : Placez-moi près de vous et vienne m'attaquer qui voudra (Jb 17,3). 4. La vertu de force ne conduit pas toujours ses entreprises à leur fin parce qu'il ne dépend pas de l'homme d'atteindre le but de ses œuvres et d'éviter tous les maux et tous les dangers : la preuve en est qu'il finit par y succomber en mourant. Le don de force accomplit toutes ces consolantes merveilles. En effet, il conduit l'homme à la vie éternelle, ce qui est la fin de toutes les entreprises et la délivrance de tous les dangers comme dit S. Paul : Je puis tout en celui qui me fortifie (Ph 4,13). Quels sont les effets du don de force ? 1. agir 2. et souffrir; faire l'un et l'autre avec courage et persévérance. 5. Le conseil est le don du Saint-Esprit qui nous fait discerner avec certitude les meilleurs moyens d'arriver au ciel. Quelle est la nécessité du don du conseil ? Parce qu'il n'a pas la vérité en lui, l'homme est un être enseigné; et parce qu'il est un être enseigné, il est forcément un être dirigé. 6. L'entendement est le don du Saint-Esprit qui nous fait comprendre et pénétrer les vérités surnaturelles. Le don d'entendement produit deux effets : 1. regarder les vérités à croire 2. et les devoirs à pratiquer. Quelle est la nécessité du don d'entendement ? 1. Illuminer l'esprit 2. et ennoblir le cœur. 7. La sagesse est le don du Saint-Esprit qui nous communique, dans le plus haut degré, la connaissance et l'amour des choses divines. Le don de sagesse produit les effets suivants : 1. inonder l'esprit d'une lumière supérieure à toute autre lumière, 2. remplir le cœur d'un goût indicible pour Dieu et pour toutes les choses divines.
Quelle est la nécessité du don de sagesse ? Celle de choisir d'avoir le bon maître et le bon maître du don de sagesse est le Saint-Esprit. En effet, si l'homme est libre de choisir son maître, il n'est pas libre de ne pas en avoir. 4. Ce qui s'oppose aux dons Les dons s'opposent aux péchés capitaux. (Les péchés capitaux tirent leur raison d’être des dons comme procédant d’une créature orgueilleuse, au même titre que la créature tire sa raison d’être de son Créateur. Ainsi, les dons peuvent exister sans les péchés capitaux, ce qui est le cas au Ciel, mais les péchés capitaux ne peuvent exister sans les dons car tout effet maléfique a pour sujet une cause bonne.) 1. L'orgueil s'oppose à la crainte parce que l'homme ne se glorifie plus dans les œuvres divines mais dans ses propres œuvres (à l'image de Job avant d'être éprouvé par Dieu), parce qu'il croit détenir la vérité au détriment de la Vérité. 2. Quelle est la nécessité du don de piété ? L'homme est placé entre deux esprits opposés; quoi qu'il fasse, il obéit à l'un ou à l'autre. S'il n'est pas inspiré par l'Esprit de piété, il est poussé par l'Esprit contraire. Quel est-il ? C'est l'Esprit d'envie. S'attrister du bien des autres, se réjouir de leur mal : voilà l'envie en elle-même. 3. La colère s'oppose à la science : "L'Esprit de science repousse l'Esprit de colère qui empêche de voir la vérité, ce qui est le but du don de science." (S. Ant.) 4. La paresse s'oppose à la force car elle nous empêche d’accomplir nos devoirs de chrétien et de citoyen. 5. Si l'Esprit de conseil se retire de l'homme ou du monde, sa place est prise par l'Esprit d'avarice. Obscurcir l'entendement et fausser la volonté est l'effet de l'avarice au point de faire oublier les véritables biens. L'avarice s'oppose au conseil, car elle engendre la dureté du cœur, la fourberie, la fraude, la violence, la trahison... 6. La gourmandise s'oppose à l'entendement car il est l'amour déréglé du boire et du manger. C'est le sensualisme usurpant la place du spiritualisme. C'est la chair victorieuse contre l'esprit.
7. La luxure s'oppose à la sagesse car l'esprit n'est plus inondé de Dieu mais des plaisirs issus des biens charnels.
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