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Mt 10,34 Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Jésus n'est pas venu apporter une paix qui est celle de réconcilier les peuples afin qu'ils vivent en paix les uns à côté des autres. Une injustice ou une incompréhension diront certains. Une preuve de sa divine sagesse rétorqueront les chrétiens. Jésus n'est pas le Messie qui doit séparer ennemis par une sorte de réconciliation éphémère ou donner une terre à chaque peuple. Jésus, bien que Homme, est avant tout Dieu et son amour pour l'homme l'incline à vouloir lui donner une récompense non selon la chair et l'éphémère, mais selon l'esprit et l'éternité. Mt 10,35Car je suis venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mère; Certains diront encore qu'il est injuste de parler d'amour divin en Jésus puisqu'il dit avec fermeté qu'il veut séparer les membres d'une même famille. En réalité, selon ce qui vient d'être dit au sujet du précédent verset, il faut plutôt conclure que certains auront une volonté plus forte, une force plus élevée, une résignation plus courageuse d'accepter ce glaive qui détachera l'âme des liens de la terre, redonnant ainsi la pleine soumission du corps à l'âme, comme ce fut à l'origine, avant que Adam ne péchât. Mais combien sont prêts à accepter cela ? Le jeune riche qui demandait à Jésus comment devenir parfait, préféra ne pas tout quitter pour suivre Notre Seigneur. C'est pourquoi, certains, animés d'un amour très fort, accepteront de tout quitter pour Jésus, au point même de se fâcher avec leur famille. Ces conflits familiaux seront la preuve tangible de ce terrible combat de la chair contre l'esprit, de la chair esclave du démon contre l'esprit esclave de l'Esprit. Mt 10,36et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison. Jésus vient apporter aux hommes le glaive qui vient séparer l'esprit de la chair, non pas en tuant la chair puisque celle-ci est support de l'esprit et destiné à être ressuscitée, mais en détachant les liens de la chair privant l'âme de son élévation à laquelle elle est destinée. Puisque Jésus apporte ce glaive, il semble qu'il est aussi concerné puisqu'il ne s'adresse pas seulement aux disciples : lui-même est concerné par ce glaive, non parce que son corps n'est pas soumis à son âme, mais parce que lui-même sera rejeté par sa famille, non pas celle de la chair, mais ses proches, comme Saint Pierre ou Juda. Combien de disciples vont l'abandonner, prétextant qu'il a perdu la raison en disant qu'il faut manger sa chair pour être sauvé ou naître de nouveau pour obtenir la vie ! Mt 10,37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. Celui qui met tout amour même filial ou charnel à la place du premier commandement n'est pas digne d'être considéré comme un véritable enfant de Dieu. En effet, la loi mosaïque comme la charité chrétienne commandent d'aimer d'abord et avant tout le Seigneur notre Dieu. Lorsqu'un Maître donne un enseignement, cet enseignement est de valeur nulle s'il n'est pas appliqué par le Maître lui-même. Or Jésus, même enfant, alla enseigner dans le Temple, afin de s'occuper des affaires de son Père, tandis que ses parents, tout naturellement, étaient inquiets et le cherchaient partout. Bien que aimant parfaitement et infiniment ses parents de chair, Jésus donna toujours la préférence à son adoration éternelle envers son Père et cela est justice. Mt 10,38 Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n'est pas digne de moi. Prendre sa croix ne consiste pas à chercher à l'alourdir par amour du Christ ou à chercher à vouloir lui plaire en montrant qu'on est prêt à porter une croix plus lourde, mais à accepter de porter sa croix, c'est-à-dire la sienne et non une autre, même plus lourde, la sienne et non une croix alourdie. Car la volonté de Dieu pour soi est de porter la croix que Dieu demande de porter et offenser le Christ c'est s'opposer à sa volonté en voulant porter une autre croix. Voilà, comme pour le verset précédent, celui qui refuse de porter sa propre croix, quand bien même il porterait une croix qui n'est pas celle que Dieu veut pour lui, est justement considéré comme indigne aux yeux de Dieu. Mt 10,39 Celui qui cherche à conserver sa vie, la perdra; et celui qui perd sa vie à cause de moi, la retrouvera. Comment peut-on perdre à coup sûr sa vie même si on use de tous les moyens pour la conserver ? Et comment peut-on aussi à coup sûr retrouver la vie alors qu'on l'a perdue en voulant la perdre à cause du Christ ? Mt 10,40Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé. Comment un homme qui vous reçoit, peut-il considérer que son acte a autant de valeur que s'il recevait Jésus en personne ? Non pas parce que le chrétien, l'homme converti à la vraie foi et la pratiquant d'un coeur sincère, devient aussi élevé que le Christ devant Dieu. Mais, désormais le chrétien vit de la foi, c'est-à-dire de la grâce du Christ, don infini de Dieu pour le converti. Le chrétien est membre de l'Eglise qui est le Corps mystique du Christ. Aussi, recevoir un chrétien, c'est comme recevoir tout membre de l'Eglise. Et recevoir l'Eglise, c'est comme recevoir le Christ. Mt 10,41 Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra une récompense de juste. Celui qui reçoit un homme selon sa qualité, recevra une récompense selon cette même qualité : prophète si le reçu est prophète, juste, si le reçu est juste. Dans la continuité du Sermon sur la montagne, le Christ élève l'esprit de l'homme non par des enseignements négatifs, soit en condamnant certains actes, soit en donnant négativement autant que ce qui a été donné négativement - comme la loi du talion - mais en exhortant l'homme non pas seulement à fuir le mal mais surtout à rechercher le bien. Jésus fait preuve d'une sagesse toute divine. Celui qui recherchera le bien, comment pourra-t-il persévérer dans sa recherche de mal ? A l'opposé, celui qui ne pensera qu'à donner selon une certaine justice, à savoir dent pour dent, oeil pour oeil, comment pourra-t-il penser agir pour la quête du bien absolu et à l'image du Christ Jésus ? Ainsi, bien que la fuite du mal soit un bien en soi, Jésus enseigne ici que la quête du bien est un bien encore plus grand, à rechercher avant tout. A quoi sert à l'homme de fuir le mal s'il ne cherche pas le bien ? Voilà ce qui doit naître aussi dans l'esprit du disciple. Nous devons fuir le mal et rechercher le bien et non pas nous contenter d'agir contre le mal en attendant passivement le bien. Le chrétien n'est pas celui qui est persuadé d'une chose mais qui agit pour donner vie à cette chose : oui au bien, non au mal. Mt 10,42 Et quiconque donnera à boire seulement un verre d'eau fraîche à l'un de ces petits parce qu'il est disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense." Jésus poursuit son enseignement. Après avoir montré le devoir d'aimer Dieu plus que tout et avant tout, il ajoute que cette adoration envers Dieu doit aussi se poursuivre par la charité fraternelle, aussi bien par la main tendue pour donner à boire à celui qui a soif, que par la parole d'enseignement à donner à celui qui a soif de la vérité en Jésus-Christ. Celui qui agira ainsi envers son prochain, comme un père agissant par amour envers son petit, peut-être recevra-t-il une parole ou un geste de remerciement de ce petit, le Christ ne le mentionne pas parce que là n'est pas ce qui doit motiver cet acte mais la charité fraternelle, mais ce qui est certain, c'est que cet acte ne passera pas inaperçu aux yeux de Dieu et que c'est Dieu qui récompensera, qui donnera à celui qui aura donné.
Augustinius Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius
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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021