Carême, temps de pénitence ! Le Carême est un temps de jeûne, de privation et puisqu'il est un temps de privation, le Carême est un temps où Dieu nous appelle à renoncer aux oeuvres mauvaises, à mortifier les oeuvres de la chair, à combattre le vieil homme qui continue de vivre en nous, malgré notre foi et notre naissance dans le Christ ressuscité. Pâques approche et ce jour est la célébration de la résurrection de Notre Seigneur. Nous vivons encore le Carême, et la Passion de Notre Seigneur approche. Dieu veut nous sauver avec son Fils, parce qu'il nous aime. Mais ce salut ne peut se faire qu'avec notre coopération et notre désir sincère et renouvelé de vivre en conformité avec la doctrine de Jésus, doctrine léguée à ses Apôtres. Dieu nous aime tant qu'il est prêt à tout nous pardonner. Son amour est si grand que le pire des péchés est noyé dans son amour. Ai-je tué ? Dieu pardonne et donne encore plus d'amour. Ai-je volé ? Dieu me donne au centuple. A i-je violé ? Dieu m'apprend l'amour véritable. Ai-je menti ? Dieu m'apprend que Jésus est vérité. Ai-je déshonoré père et mère ? Dieu me châtie comme le meilleur des pères. Ai-je ambitionné contre mon prochain ? Dieu me rabaisse pour mieux m'élever. Toute faute est aux yeux de Dieu prétexte pour mieux manifester son amour des hommes. Dieu est prêt à tout pardonner, à tout donner, par amour de nous. Dieu est amour, Dieu est don gratuit. Dieu me tend la main et veut que je marche à sa suite parce qu'il désire m'offrir une joie parfaite, un amour infini, la plénitude de ses fruits. Pourtant, bien que rien ne soit impossible à Dieu, Dieu ne peut nous prendre avec lui si nous le refusons - péché contre l'Esprit-Saint -, si nous regardons sans cesse derrière nous alors que nous sommes appelés à regarder devant nous le Sacré Coeur de Jésus, si nous mettons entre lui et nous des pièges qui sont les péchés non pardonnés et notre orgueil, refus de demander pardon. Pourtant Dieu pardonne tout parce que son amour est infini et que sa bonté immense est pour l'homme. Mais c'est l'homme qui refuse de suivre le Christ, c'est l'homme qui prend des sentiers sinueux et dangereux, c'est l'homme qui hésite. Et Dieu est là, patient, aimant, attentif, toujours prêt à nous secourir dans sa grâce. Il en va de même avec Dieu. Dieu pardonne tout, Dieu donne tout mais il demande aussi réparation, non parce que nous sommes suffisamment puissants pour blesser Dieu lui-même, mais pour réparer nos fautes auprès des hommes que nous avons offensés. Mais comment parler de réparation quand le pécheur a tué ou violé ? Certes, il ne ramènera point à la vie ni effacera son odieux crime, mais il pourra toujours veiller à prier davantage et mieux encore pour les âmes offensées. Si la réparation ne peut se faire matériellement, qu'elle se fasse au moins pour le salut des âmes. C'est aussi ce que dit Notre Seigneur : Va, et ne pèche plus ! car ne plus pécher, c'est laisser la charité fraternelle régner absolument en soi, en conformité avec le Christ. "Celui qui veut présenter à Dieu un esprit purifié et se laisse troubler par les soucis ressemble à quelqu'un qui se serait étroitement entravé les jambes et prétendrait courir..." Saint Jean Climaque (580-649) L'Echelle Sainte. "L'homme doit donc se réjouir, non de la possession de ces grâces extraordinaires et de l'usage qu'il en fait, mais du fruit spirituel qu'il peut en retirer en servant Dieu avec une véritable charité, car c'est elle qui nous donne droit à la vie éternelle. Voilà pourquoi notre Sauveur reprit ses disciples qui revenaient tout joyeux d'avoir chassé les démons et leur dit : "Gardez-vous de vous réjouir de ce que les démons vous sont soumis, mais plutôt de ce que vos noms sont inscrits dans le livre de vie (Lc 10,20)." En bonne théologie cela veut dire : Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans le livre de vie. Par conséquent l'homme ne doit se réjouir que s'il est dans la voie qui conduit à cette vie, voie qui consiste à accomplir ses œuvres dans la charité de Dieu; car de quoi sert ce qui n'est pas amour de Dieu ? quelle en est la valeur ? Or cet amour n'est pas parfait, s'il n'a pas assez de force et de sagesse pour purifier l'âme de toutes les joies qui viennent de la créature et pour ne se complaire que dans l'accomplissement de la volonté de Dieu. C'est à cette condition que la volonté s'unit à Dieu par le moyen de ces biens surnaturels." Saint Jean de la Croix (1542-1591) La Montée du Carmel, chap. XXIX, in Oeuvres spirituelles, Editions Seuil, Paris, 1947. "Ne désespérez pas, gardez-vous du désespoir. Je le répèterai mille fois : si vous péchez tous les jours, faites pénitence tous les jours... Oui, tu seras sauvé. Parce que le Seigneur a pour les hommes une grande bonté. Mon espoir n'est pas fondé sur ta pénitence. Ta pénitence ne peut effacer tes crimes, mais bien la clémence de Dieu qui s'y joint aussitôt, qui n'a pas de mesure, qu'aucune parole ne peut expliquer. Ta malice est celle d'un homme, elle est bornée, la miséricorde qui pardonne est celle de Dieu, elle n'a pas de bornes, elle est infinie. La malice de l'homme est à la bonté de Dieu ce qu'une étincelle tombant dans l'Océan est à l'Océan. Non, moins encore. L'Océan a des rives, la Bonté de Dieu n'en a aucune." Saint Jean Chrysostome (344-407) Epître aux Romains, Homélie XXXI "Ne te décourage pas, ne te laisse pas aller au désespoir lorsque tu sens dans ton âme un souffle meurtrier, un bouillonnement de méchanceté et de mal, d'impatience et de blasphème, ou un fléchissement sous l'emprise des mauvaises pensées. Combats sans relâche et résiste courageusement, invoque de tout ton cœur le Seigneur Jésus-Christ, le vainqueur de l'enfer. Humilie-toi profondément, profondément, reconnaissant du fond de l'âme que tu es le premier des pécheurs (1), indigne d'être compté parmi les hommes, et le Seigneur, voyant ton humilité et ton combat, te viendra en aide. Appelle aussi à ton secours notre Protectrice, la très sainte Vierge Mère de Dieu, et dis-lui : "Guéris, ô toute Pure, les blessures amères de mon âme, et terrasse les ennemis qui ne cessent de me faire la guerre. (2)" (1) : cf. 1 Tim 1, 15 (2) : Canon à l’Ange Gardien Saint Jean de Cronstadt (1829-1908) Ma vie en Christ, Abbaye de Bellefontaine, 1979. "Considérez que la première chose qu'il faut faire pour aimer Dieu, c'est de haïr tout ce qui lui est contraire, c'est-à-dire toute sorte de péché tel qu'il soit; d'en purifier votre âme par le moyen d'une vraie pénitence; de vous séparer pour jamais de toutes les occasions qui peuvent vous porter à quelque dérèglement; de travailler fortement à détruire en vous toutes les mauvaises habitudes, et à y faire mourir toutes les racines du péché, qui sont l'amour désordonné de soi-même, la propre volonté et l'orgueil. Pour cet effet, demandez lumière à Dieu pour connaître l'état de votre âme, et ensuite examinez-vous rigoureusement et sans vous flatter; et après avoir reconnu vos fautes et la source d'où elles procèdent, priez la divine miséricorde qu'elle vous donne une vraie contrition, et une grâce puissante et efficace pour vous en séparer et pour en vaincre les habitudes intérieures et les occasions extérieures. Puis avisez aux moyens et aux remèdes les plus propres dont vous pourrez vous servir à cette fin; et prenez résolution de les embrasser et pratiquer, vous gardant bien néanmoins de vous appuyer sur vos résolutions ni sur vos soins et industries, mais sur la seule grâce et miséricorde de Dieu, que vous devez sans cesse invoquer pour cet effet." Saint Jean Eudes (1601-1680) Méditations à l'usage des Ecclésiastiques (Mémorial de la vie ecclésiastique, V° partie), 15° méditation, in Méditations sur divers sujets, Paris, P. Lethielleux, 1932. "Réprimez tout sentiment d'indignation en présence des fautes d'autrui. Ayez de l'affection et de la pitié pour tous, vous souvenant toujours que vous feriez peut-être bien pis qu'eux, si le Christ Jésus ne vous soutenait de sa grâce." Saint Vincent Ferrier (1350-1399) Traité de la vie spirituelle, III
Augustinius Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021