Ascension

 

 

 

 

 
             

Ascension

Notre Seigneur ressuscité a quitté la terre pour les cieux afin de vivre et de régner à la droite du Père. Si le sens strict de cet évènement parle de la personne du Christ Jésus, le sens absolu concerne tout homme.

Puisque le Verbe s'est fait chair et qu'il a vécu parmi nous, il était juste que le Christ fût crucifié. Si la Passion, la mort et la résurrection concernent la personne du Christ, elles ne concernent pas la Personne du Verbe, même si la nature divine et la nature humaine vivent intimement dans une seule et même personne depuis l'Incarnation du Verbe. En effet, le Verbe n'avait pas besoin de mourir pour vivre dans la gloire du Père puisque le Verbe est Dieu et en Dieu, c'est-à-dire vivant de la gloire du Père de toute éternité. Par contre, le Christ est homme et pleinement homme. Il était nécessaire qu'il meurt afin de ressusciter afin de recevoir la récompense de sa vie d'homme. L'Evangile nous raconte essentiellement sa vie publique, ce qu'il a enseigné, vécu, fait, dit, etc. Et cette vie fut d'une si grande sainteté, d'une perfection absolue qu'il était juste pour Dieu que le Christ meurt puis ressuscite afin de recevoir la récompense, savoir la vie éternelle.

Mais le Christ, pleinement homme, est aussi le Verbe, pleinement Dieu. L'Evangile nous montre jusqu'où l'amour de Dieu pour l'humanité va, puisque le Fils de Dieu accepte de souffrir à cause de nos péchés et d'affronter la mort. Aussi, dans la mort et la résurrection du Christ, il faut y voir et la personne du Christ et la personne de l'Humanité toute entière. Le Verbe accepte de faire mourir le Christ sur la croix afin que la deuxième Personne divine désormais attachée à la nature humaine puisse vivre de la gloire qui était la sienne avant son Incarnation. Et le Verbe accepte que le Christ - il ne s'agit pas ici de croire que nous distinguons deux personnes - souffre sa Passion afin de faire de nous les co-héritiers du Christ, c'est-à-dire de devenir à tout jamais et pleinement les enfants de Dieu.

Ce double aspect se retrouve dans l'Ascension. L'Evangile enseigne que les Apôtres voient Jésus s'élever dans le ciel. Le Fils de Dieu fait homme - le Fils de l'homme - n'est pas attiré au ciel par une puissance extérieure à lui mais s'élève par sa propre puissance divine. C'est ce qui différencie l'Ascension de l'Assomption. Parce que le Christ Jésus a vécu une vie d'homme absolument parfaite et sainte et qu'il est ressuscité, il est juste pour Dieu que Notre Seigneur soit élevé dans la gloire de Dieu. Et parce que le Christ est le Verbe de Dieu, il est encore juste que le Fils de Dieu siège à la droite du Père. L'amour de Dieu ne s'arrête pas avec l'Ascension. Avant l'Incarnation, le Verbe vivait éternellement de la gloire de Dieu puisque étant lui-même Dieu. Après l'Ascension, le Verbe incarné vit de nouveau de la même gloire. Cette gloire consiste à continuer de répandre son amour pour toutes les créatures raisonnables de Dieu et tous les enfants de Dieu. Jésus continue d'oeuvrer dans le monde afin de nous aider à découvrir le vrai Dieu, à l'aimer pour l'adorer au point que cet amour de charité se répande sur notre prochain, ami ou ennemi. Et il nous prépare une demeure dans son royaume afin que nous aussi, nous puissions un jour recevoir le même bien céleste, le plus grand bien, Dieu.

L'Ascension fut une nécessité de raison pour l'homme mais une nécessité de volonté pour Jésus. En effet, le Père voulut récompenser son Fils unique de sa vie parfaite en tant que Verbe incarné en lui offrant de nouveau la gloire qu'il eut avant son Incarnation. Du côté de Jésus, il voulut s'élever dans son royaume par amour des hommes. En effet, alors que l'amour humain fait que les hommes se rapprochent pour vivre en parfaite harmonie, l'amour divin fait que Jésus a voulu les quitter physiquement afin de leur envoyer ensuite l'Esprit qui les consolerait, qui leur rappellerait que ce n'est que par le Fils de Dieu qu'ils peuvent se sentir enfants du Père et que c'est dans le Père qu'ils trouvent le sens véritable de leur vie terrestre.
J

ésus s'élève dans les cieux. Nous l'imaginons s'élever lentement, regardant tendrement ses serviteurs devenus amis et frères, puis s'éloignant au-dessus des nuages et disparaissant, laissant comme un vide que rien ne peut combler. Les Apôtres se sentiront alors orphelins, abandonnés, apeurés. Ils vivent enfermés, dans la prière, repliés sur eux-mêmes, ne sachant quoi faire ni comment faire. Pourtant, la disparation du Christ lors de son élévation n'est que virtuelle. Elle n'est pas réelle même si nos sens ne peuvent appréhender la personne du Christ. Elle n'est pas réelle parce que le Christ ne cesse de vivre en nous par la foi. Alors que les Apôtres et les disciples côtoyaient Notre Seigneur, nous, nous avons reçu par le baptême la grâce de le sentir vivre en nous par la foi.
La tête de l'Eglise, Jésus, s'est élevée afin de s'unir parfaitement au Père qui vit dans les cieux. Mais le Fils de Dieu a donné des recommandations, pour l'établissement et l'organisation de l'Eglise, à ses Apôtres durant les quarante jours qui suivirent sa résurrection . Il complète son enseignement, continuant jusqu'au dernier instant de sa vie ici-bas, d'enrichir les esprits des Onze Apôtres, de sa Très Sainte Mère, des autres disciples, Nicodème, Zachée, Bérénice...

Mais le Christ ressuscité vit désormais de sa gloire et le monde vit encore sous le péché, même si la mort et la résurrection de Jésus ont rompu les chaînes de l'esclavage du péché, ouvrant de nouveau l'accès au Ciel vers le Père. Jésus leur dit qu'il est temps pour lui de rejoindre son Père. Il est temps pour eux d'aller enseigner au monde la Bonne Nouvelle , mais ce temps n'est pas encore pour tout de suite, puisqu'il commencera avec la Pentecôte. Jésus s'élevant dans les cieux, donne à ses Apôtres l'image vivante que c'est toute l'Eglise qui est appelée à être un jour élevée parce que le Corps de l'Eglise, les chrétiens, ne peuvent vivre séparer de la Tête et que l'amour divin appelle l'union éternelle entre l'Epoux, Dieu, et son Epouse, l'Eglise. En s'élevant dans le ciel, Jésus laisse à ses amis l'espérance de la récompense qui est la vie éternelle auprès du Père, par la grâce du Fils. L'Ascension complète la foi des chrétiens tout en donnant l'espérance de la vie éternelle dans la charité de la Trinité Sainte.
Avec le Verbe, c'est la sainte humanité qui s'élève. Les Apôtres voient que c'est l'homme mort puis ressuscité qui est attiré vers le Père, à cause du Fils.

Par la sainte eucharistie, nous avons une figure de l'Ascension. Lorsque le prêtre élève la sainte hostie, c'est le Corps du Christ qui s'élève, révélant que c'est la grâce du Christ qui élève cette chair que nous partageons. Certes, le fidèle reste sur terre, mais chaque fois qu'il va communier au Corps du Christ, qu'il regarde avec amour et espérance les gestes du prêtre. L'hostie s'élève pour rappeler qu'avec le Christ, nous sommes appelés à être élevés auprès de lui, afin de contempler la gloire de Dieu dans son royaume. Le Christ a quitté le monde pour retrouver son royaume mais son Corps est toujours sur terre. Nous le voyons par l'assemblée des chrétiens qui est le corps mystique du Christ. Nous le voyons par la sainte hostie qui devient corps du Christ et qui s'unit à nous par la sainte manducation, non pour que nous le digérions mais pour qu'il répande en nous sa grâce, dans l'espérance de la transfiguration en gloire.

Pour son départ physique de notre monde, Jésus rassemble ses amis sur le mont des oliviers. Ce lieu n'est pas choisi par hasard par Notre Seigneur. C'est le dernier lieu où les hommes virent le Christ et ce sera probablement par le premier lieu où les hommes verront le Christ redescendre dans sa gloire, entourés des Anges, montrant la continuité avec l'Evangile et que tout est lié par lui, en lui, pour lui, pour la gloire de Dieu.
L'huile faite à partir des oliviers est une huile onctueuse et grasse. Jésus quitte le monde mais n'abandonne pas le monde. Sa présence ne se fait plus sentir physiquement mais il promet de nous envoyer l'onction grasse de son Esprit-Saint afin de nous vivifier dans le don de sa grâce, de révéler la plénitude de notre humanité, de nous aider à produire des actes vertueux qui nous mériteront de ressusciter un jour, après notre mort, afin de recevoir la juste récompense que le Christ nous a méritée par sa propre mort et résurrection.

Le Christ s'est donné visiblement aux hommes par le sacrifice de son corps. Mais peu ont vu la portée infinie de cet acte d'amour encore si peu compris. Le jour de son Ascension, le Christ se donne invisiblement aux hommes par le sacrifice de la séparation de son être avec ses amis. Il quitte la vue de notre extérieur pour remplir la vie de notre intérieur. Il semble partir alors que nos yeux veulent nous convaincre qu'il nous a quittés alors qu'il est parti de ce monde pour mieux se donner à nous à partir de son monde. L'amour de Dieu ne cesse de surprendre, de se donner. Rien ne semble satisfaire Dieu dans son don d'amour. Nous ne méritons rien mais Dieu nous donne au-delà de toutes les mérites que nous pourrions avoir. Et lorsque nous semblons avoir mérité, nous recevons au-delà de toute espérance. Quel est l'homme pour que Dieu se donne ainsi à une créature si petite, faible, vile, pécheresse, ignorante, ingrate ?

Jésus a quitté les hommes vivant encore dans un monde où le péché peut sévir, afin de s'unir pour toujours aux saints qui vivent dans son royaume là où la grâce surabonde. La volonté de Dieu est de se donner et de s'unir à toute créature fidèle et pure. Et la volonté des saints est de vivre éternellement pour adorer Celui qui peut tout et veut tout pour ses enfants. "Que votre volonté soit faite, sur la terre comme dans les cieux". Cette demande du Pater nous rappelle cette vérité de l'amour divin pour les hommes. L'amour de l'union par la foi est appelé à grandir sur terre, et cela ne se fera que si le Christ remonte auprès du Père afin de nous envoyer son Esprit-Saint. Dans le ciel, l'amour de l'union par la foi est remplacé par l'amour de l'union par la connaissance qui est infiniment supérieure à toute autre forme d'union amoureuse. Or les saints rachetés par le sang du Christ et vivants déjà dans le royaume des cieux attendaient le retour éclatant de leur Frère.
Jésus s'élève de la terre pour monter dans son royaume.

Après avoir dépassé les nuages, il gravit l'échelle que Jacob vit. Il traverse toute la hiérarchie angélique, rappelant combien son humanité désormais éternellement et amoureusement attachée à sa divinité doit se réjouir de rencontrer tous les Anges avant de s'approcher du Père pour l'entendre dire : "vous êtes aujourd'hui mes enfants et je fais de vous des dieux". Puis Jésus s'unit au Père afin d'être adoré par les Anges fidèles et les rachetés. La Très Sainte Mère de Dieu n'est pas encore dans les cieux au moment où son fils unique quitte le monde. Mais elle sait où il va, pourquoi il va, ce qu'il va réaliser pour nous, comment il va vivre. Au-delà d'une nouvelle séparation physique avec son fils bien-aimé, elle est heureuse pour l'humanité, en particulier pour les Apôtres puisque Jésus l'a quittée afin de lui donner une myriade de fils, à l'image de Sarah.

Jésus ressuscité a enlevé l'attachement définitif au péché et à la mort. Jésus ressuscité s'est élevé pour nous attacher définitivement à son Esprit pour la sainteté et la vie. Gloire au Père qui nous a donné son Fils afin que nous devenions fils de Dieu, maintenant et pour toujours, et dans une perfection et une plénitude toujours croissante. Amen.

Bien fraternellement dans le Christ, votre dévoué saint Augustin

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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