Vertus I

 

 

 

Versets I 

 

 

Eccli 40,20 Le vin et la musique réjouissent le cœur; mais au-dessus de l’un et de l’autre est l’amour de la sagesse. Eccli 40,21 Les flûtes et le psaltérion font une douce mélodie; mais au-dessus de l’un et de l’autre est une langue douce. Eccli 40,22 Ton œil désirera la grâce et la beauté, mais au-dessus de ces choses, des semailles verdoyantes. Eccli 40,23 Un ami et un ami, dans l’occasion, se viendront en aide; mais plus que l’un et l’autre, une femme le fera avec son mari. Eccli 40,24 Les frères sont un secours au temps de la tribulation; mais plus qu’eux, la miséricorde sauvera. Eccli 40,25 L’or et l’argent sont la consistance des pieds; mais au-dessus de l’un et de l’autre est un bon conseil. Eccli 40,26 Les richesses et les forces exaltent le cœur; mais au-dessus de ces choses est la crainte du Seigneur.
Commentaire :
40,20
Le vin et la musique réjouissent le cœur; mais au-dessus de l’un et de l’autre est l’amour de la sagesse.
Les sens extérieurs peuvent réjouir l’esprit. Mais au-dessus, il y a la sagesse, en tant que sens intérieur, qui réjouit infiniment plus. Celui qui aime la sagesse, en tant que vertu, trouvera plus de joie que dans le meilleur vin bu et dans la plus belle musique écoutée paisiblement. C’est la vertu de la sagesse qui est la connaissance la plus pure et la plus élevée, infusée en l’âme, venant directement de Dieu et produisant en l’âme de celui qui la reçoit une joie indescriptible et qui surpasse toute autre joie.
40,21
Les flûtes et le psaltérion font une douce mélodie; mais au-dessus de l’un et de l’autre est une langue douce.
Les instruments de musique peuvent s’accorder pour produire une musique compréhensible, comprise, appréciée et bienfaisante. Mais au-dessus, il y a une parole douce qui élèvera l’intelligence de celui qui l’écoute. C’est la vertu de l’intelligence inclinant la faculté intellectuelle qui permet de comprendre l’objet saisi par l’intelligence, que cet objet soit extérieur ou intérieur. Cette vertu perfectionne la connaissance et la faculté de comprendre ce qui est connu. Une parole douce fera plus de bien à l’âme qu’une musique douce à l’oreille. Et la douceur de la parole agira profondément en l’âme, marquant et produisant plus d’effets qu’une douce musique. De plus, la parole douce poussera l’âme à produire des actes proportionnés à la douceur de la parole alors que la musique douce a pour fin principale de réjouir les sens extérieurs, les actes éventuellement produits étant une continuité de l’appréciation sensorielle et n’ayant pas en vue de mouvoir l’âme vers une fin parfaite.
40,22
Ton œil désirera la grâce et la beauté, mais au-dessus de ces choses, des semailles verdoyantes.
La vue sera attirée par ce qui plaît et est considéré comme beau. Mais au-dessus, il y a des semences plus attrayantes. Moins l’homme s’attachera à ce qui peut lui plaire extérieurement, plus il s’attachera à ce qui peut lui plaire intérieurement. C’est la vertu de la prudence qui ajuste ses actes afin d’approcher ou d’éloigner l’homme de l’objet qui le fait mouvoir. Elle le fera mouvoir vers ce que désire l’âme et non pas ce que désire la chair.
40,23
Un ami et un ami, dans l’occasion, se viendront en aide; mais plus que l’un et l’autre, une femme le fera avec son mari.
Dans l’épreuve, à l’occasion, un ami pourra aider son ami à franchir l’adversité avec succès. Mais au-dessus, dans l’épreuve, une femme le fera avec son mari. En effet, ce qui est uni intérieurement selon la volonté de Dieu prime en dignité et en perfection sur ce qui est uni extérieurement, que ce soit ou non selon la volonté de Dieu. De plus, un ami n’a pas obligation d’aider son ami au regard de la loi, alors que l’obligation est présente dans entre époux. Ajoutons que plus l’union des êtres est intime, plus la force permettra le succès dans l’épreuve. C’est la vertu de la force qui permet d’avancer malgré les épreuves.
40,24
Les frères sont un secours au temps de la tribulation; mais plus qu’eux, la miséricorde sauvera.
Les frères selon le chair ou la foi peuvent aider l’éprouvé à avancer, à passer un temps difficile, à vaincre une difficulté. Mais au-dessus, il y a la miséricorde qui sauve. Ce qui vient de l’extérieur peut sauver mais pour un temps tandis que ce qui vient de l’intérieur peut sauver mais pour longtemps. En effet, ce qui est extérieur cherche à sauver l’homme selon son extérieur, sa chair, tandis que ce qui est intérieur cherche à sauver l’homme selon intérieur, son âme. Or ce qui peut sauver l’âme est la miséricorde, soit directement par une action de Dieu, soit indirectement par une action de son frère, comme la prière ou un enseignement de foi. Et puisque l’âme prime sur la chair sans pour autant mal considérer la chair puisque celle-ci est appelée à ressusciter pour s’unir de nouveau à l’âme purifiée, on ne peut être miséricordieux envers son prochain que si on sait en quoi consiste la miséricorde, dans son objet et dans ses actes. Ici nous avons la vertu de la science qui aide à comprendre l'utilité et la nécessité de la miséricorde.
40,25
L’or et l’argent sont la consistance des pieds; mais au-dessus de l’un et de l’autre est un bon conseil.
L’or et l’argent sont un appui sûr pour vivre suffisamment bien durant notre pèlerinage sur terre. Mais au-dessus, il y a un bon conseil qui, non seulement peut permettre de vivre décemment sur terre mais d’obtenir la vie éternelle en corrigeant la vie imparfaite par l’application d’un bon conseil. Or le bon conseil est toujours donné selon l’amour du prochain qui pousse l’homme à le donner. C’est la vertu de la justice qui règle les rapports entre l’homme et son prochain, trouvant sa perfection dans la charité fraternelle.
40,26
Les richesses et les forces exaltent le cœur; mais au-dessus de ces choses est la crainte du Seigneur.
Les richesses et le pouvoir enflent l’orgueil, déformant souvent la perception de la réalité, même si l’homme extérieur peut tirer du plaisir de ses biens extérieurs. Mais au-dessus, il y a la crainte du Seigneur. Ce premier don de l’Esprit-Saint est associé à l’humilité dont une des filles est la vertu de la tempérance. Cette vertu permet d’apprécier les choses extérieures selon leur juste valeur, non plus comparées seulement à d’autres choses de même forme ou de même espèce, mais comparées avec les choses de Dieu, grandes et petites. Or ce qui est extérieur est éphémère tandis que ce qui est intérieur est éternel. La vertu de tempérance permet de relativiser les biens, de remettre chaque chose à sa place, aussi bien les richesses et les pouvoirs sous toutes leurs formes que l’homme lui-même qui est néant et dont la vie ne dure qu’un instant.

Conclusion : Dans ces sept versets, l’auteur nous livre sous forme cachée les quatre vertus cardinales (la prudence, la justice, la force et la tempérance) et les trois vertus intellectuelles (la sagesse, l’intelligence et la science).
Comme pour la lecture des sept dons de l’Esprit-Saint (Is 11,2-3), il y a deux lectures possibles : du début à la fin, partir de Dieu pour descendre vers l’homme, de ce qui est plus parfait vers le moins parfait; de la fin vers le début, partir de l’homme pour remonter à Dieu, du moins digne vers le plus digne. Une extrêmité est la sagesse de Dieu, l’autre extrêmité est la crainte de Dieu. Or nous savons que la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse
(Eccli 1,16), c’est-à-dire qu’il est impossible de progresser dans la connaissance de la sagesse de Dieu sans cette sainte crainte, si méprisée de nos jours car si mal connue.
Nous voyons également cachée cette échelle de Jacob sur laquelle montent et descendent les Anges selon leur rang et leur perfection dans la hiérarchie céleste. L’homme est tout en bas de l’échelle mais il est appelé à la gravir jusqu’au dernier échelon. La foi chrétienne enseigne que cela est impossible par nos propres forces, par notre seule intelligence, que nous n’avons aucun mérite de l’atteindre, si ce n’est parce que Notre Seigneur nous l’a fait mériter par sa Passion, sa mort et sa résurrection. Nous avons absolument besoin du secours de la grâce du Christ et de la miséricorde divine pour y monter. Mais cette montée ne se fait pas régulièrement. Le croyant pourra tantôt gravir tantôt descendre plus ou moins rapidement, selon ses actes et selon la volonté divine. Selon ses actes, au regard de la justice de ses actes et de son application à les réaliser dans la charité enseignée par Notre Seigneur. Selon la volonté divine, parce que Dieu fait miséricorde à qui il fait miséricorde (Ex 33,19 je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui je fais miséricorde.
) et qu’il lui appartient d’humilier ou d’élever tel enfant, selon sa sagesse et sa justice.
Si un seul enseignement doit être retenu, que ce soit celui de la nécessité de posséder la crainte de Dieu parce que : 1. elle s’élève au-dessus de toutes choses
(Eccli 25,14), 2. elle est la première preuve d’amour que l’homme doit donner à son Créateur et que c’est enfin par elle que l’âme découvre combien Dieu l’aime (Eccli 25,16 La crainte de Dieu est le commencement de son amour;).
Cet enseignement de l’Ancien Testament se retrouvera dans le Nouveau Testament, en particulier lorsque Notre Seigneur nous lèguera son Sermon sur la Montagne. Nous verrons alors que loin de rejeter les versets que nous venons de commenter brièvement, Jésus élèvera ce même enseignement, lui donnant une forme et une structure parfaites que tout chrétien se doit de connaître et de méditer : les béatitudes.
Pr 28,14 Bienheureux l'homme qui est toujours craintif; mais celui qui est d'un coeur dur tombera dans le mal
.
 

Bien fraternellement dans le Christ, votre dévoué saint Augustin

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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