Versets III

 

 

 

Versets III

 

 

Extrait de l'Ecclésiastique :
 
Verset 2,1 Mon fils, entrant au service de Dieu, sois ferme dans la justice et dans la crainte, et prépare ton âme à la tentation. Ce verset et les suivants pourraient être donnés : 1. par Dieu lui-même à tout homme 2. par un prêtre à un religieux ou un laïc, 3. ou encore par un prêtre ou un religieux à un laïc.
Mon fils
: S'adresser avec la charité due à son frère, comme le commande l'amour de Dieu, c'est s'adresser à lui comme le ferait tout père aimant son fils.
entrant au service de Dieu
: 1. soit le croyant entre dans les ordres en tant que religieux ou prêtre  2. soit l'homme se convertit et quitte sa vie de chair pour une vie guidée par l'Esprit.
sois ferme
: 1. Ne pas faire de compromis entre le bien et le mal, entre la vérité et le mensonge, entre l'injustice et la justice, car celui qui est double d'esprit est déjà sur la voie de la perdition. 2. Toujours garder le cap sur ce qui a été reçu et/ou enseigné et ne jamais s'en détourner : s'attacher au bien et fuir le mal, qu'importe le prix à payer.
dans la justice
: 1. Par rapport à la justice de Dieu en tant que Dieu est juste et qu'il aime la justice (Ps 11,7 le Seigneur est juste et il aime la justice.) 2. Par rapport à la justice humaine qui est reflet de la justice divine puisque tout a été créé par Dieu et rien de ce qui est créé ne l'a été sans Dieu (Col 1,16 car c'est en lui que toutes choses ont été créées... tout a été créé par lui et pour lui; Ep 2,16 Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour faire de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions.) 3. La justice est ce qui doit être rendu selon une certaine justice, celle de Dieu qui est immuable (Is 33,5 le Seigneur est élevé, car il habite là-haut; il remplit Sion d'équité et de justice.), et celle des hommes qui fait partie des pilliers de la vie communautaire, mais également selon une bonne conscience inspirée par les vertus théologales.
dans la crainte
: 1. dans la peur de mal faire, c'est-à-dire de décevoir Celui qui donne pour le bien et qui ne reçoit de notre part que mal ou vices. 2. dans la peur de décevoir son supérieur et/ou de désobéir à la règle établie dans la communauté et devant être suivie pour le bien et l'édification de la communauté, qu'elle soit laïque ou religieuse. 3. selon le don de crainte qui est de fuir le péché, de s'attacher au bien et d'aimer le Père plus que son propre père, a. parce que Dieu le Père nous a créés par pur amour b. parce que nos parents nous ont donné la vie selon la chair c. parce que le supérieur de la communauté est l'image du Dieu vivant, tant sur la charité que dans la soumission, à l'image du Christ qui a toujours été soumis i. à ses parents (Lc 2,51 il leur était soumis) ii. et à son Père (Jn 5,36 ...les œuvres que le Père m'a donné d'accomplir, ces œuvres mêmes que je fais, rendent témoignage de moi, que c'est le Père qui m'a envoyé.).
prépare ton âme
: 1. En recevant les conseils des supérieurs et du directeur spirituel 2. ou en s'attendant à recevoir les assauts du démon toujours prêt à faire chuter une âme, d'autant plus lorsque celle-ci désire se mettre au service de Dieu. Plus une âme s'offrira à Dieu, plus elle sera attaquée parce qu'elle est appelée à briller par la vertu de ses actes. Mais si le démon réussit à la faire chuter, ce seront d'autres âmes qui tomberont avec elle et nous l'avons vu et le voyons encore malheureusement avec les mauvais prêtres, théologiens et exégètes modernistes...
à la tentation
: Beaucoup dans l'Eglise actuelle confondent tentation et épreuve. Satan tente mais Dieu éprouve. Si la tentation et l'épreuve produisent des effets similaires, leurs conséquences sont diamétralement opposées : 1. la tentation attise le feu de la chair en tentant de noyer le feu le charité par les eaux impures de la chair tandis que l'épreuve attise le feu de l'Esprit en éprouvant la chair afin de la noyer dans l'eau purifiée par le Christ. 2. La tentation essaie de faire produire des actes condamnables selon la justice de Dieu tandis que l'épreuve essaie de faire produire des actes méritoires selon la miséricorde de Dieu. 3. La tentation a pour but de faire tomber l'homme et de l'éloigner ainsi de Dieu tandis que l'épreuve a pour but de purifier l'âme et de fortifier la foi en éloignant l'éprouvé de Satan.
Conclusion du verset 2,1 :
Que celui qui se convertit, qui choisit de suivre véritablement Dieu, qu'importe son ministère ou son rang dans l'Eglise, choisisse d'être toujours juste envers Dieu et son prochain, et de craindre Dieu. Que ce choix ne soit pas temporaire mais ferme, c'est-à-dire renouvelé et affirmé au moindre doute. Et que l'homme soit à une position élevée dans l'Eglise ou à un humble rang, qu'il s'attende à être tenté comme le fut le Christ Jésus dès son baptême (Mt 4,1 Jésus fut conduit par l'Esprit dans le désert pour y être tenté par le diable.).

Verset
2,2 Humilie ton coeur et attends patiemment : incline ton oreille et reçois les paroles de l'intelligence; et ne te hâte point au temps de l'obscurcissement. Voilà trois expressions qui n'ont aucun sens ni français ni en grec : humilie ton coeur, incline ton oreille et ne te hâte point au temps de l'obscurcissement.
Humilie ton coeur
: Les enseignements actuels oublient trop souvent les richesses des enseignements des pères spirituels qui insistent sur la beauté et la nécessité de la vertu de l'humilité. Mais peut-on dire ici qu'être humble, c'est être humilié ? L'Ecriture sainte tantôt différencie les deux termes (Pr 29,23 L'humiliation suit le superbe, et la gloire accueillera l'humble d'esprit.; Jc 4,6 ...Dieu résiste aux orgueilleux, et il accorde sa grâce aux humbles.) tantôt les considère comme synonymes (So 2,3 Cherchez le Seigneur, vous tous humbles de la terres, qui avez exécuté ses jugements; cherchez la justice, cherchez la douceur...). Parfois même, l'humiliation est l'expression parfaite de l'humilité (Jb 22,29 Car celui qui aura été humilié sera dans la gloire; et celui qui aura baissé les yeux, celui-même sera sauvé.). Humilier son coeur, c'est humilier son esprit, être humble d'esprit, c'est reconnaître que sa propre intelligence est bien pauvre comparée à l'intelligence de Dieu, qu'elle n'a aucune puissance par elle-même et qu'elle doit tout à Dieu. La vertu de l'humilité implique la gratitude envers Celui qui est tout, qui connaît tout et qui dispense selon son bien vouloir.
attends patiemment
: Après la vertu de l'humilité, voici la vertu de la patience. Non seulement il faut être dans l'expectative, mais accepter d'attendre sans savoir précisément ce que Dieu veut. Cette vertu implique une passivité non hasardeuse, méfiante ou douteuse, mais toute emplie d'une confiance envers Celui qui veut tout donner à celui qui est humble d'esprit et qui, par amour de Dieu, est patient, attend ce que Dieu veut bien lui donner, sans savoir ce que Dieu veut lui donner. Plus l'attente est patiente, plus la patience devient méritoire et plus la récompense sera grande. C'est ce qui est caché et qui est offert à celui qui vient incliner l'oreille...
incline ton oreille
: Incliner l'oreille, ce n'est pas pencher la tête d'un côté ou de l'autre mais donner toute son attention, sa concentration, son énergie à écouter ce qui va être donné. Et ce qui va être donné n'est pas un objet palpable par le toucher mais la Parole de Dieu, peut-être pas donnée directement par Dieu mais par une de ses créatures à qui Dieu a révélé ce qui contribue au salut de l'homme. L'attention est exigée 1. parce qu'il n'est pas donné à tout homme de comprendre ce qui va être entendu par son oreille 2. parce que ce qui va être entendu est d'une importance primordiale puisqu'il s'agit du bien le plus précieux que Dieu veut donner à l'homme, gratuitement certes, mais avec sa coopération (II P 1,10 appliquez-vous davantage à rendre certaines par vos bonnes oeuvres votre vocation et votre élection).
reçois les paroles de l'intelligence
: Dieu ne donne les paroles de l'intelligence que lorsque l'homme est tout entier prêt à la recevoir, à l'écouter, à la faire mûrir en lui selon le degré de l'intelligence que Dieu lui a donné de posséder et de faire fructifier. Dieu donne la connaissance qui n'est pas la sagesse elle-même mais elle mérite quand même le nom d'intelligence puisque les paroles de Dieu sont connaissance, la connaissance de tout ce qu'il faut savoir pour aimer Dieu et pour être sauvé. Et cette intelligence de Dieu qui s'incline amoureusement vers l'homme nécessite que la faculté intellectuelle de l'homme soit toute entière prête à recevoir les mots divins, à prendre le temps pour les comprendre au mieux, à les faire siens pour adapter ensuite sa vie selon l'enseignement de Dieu.
ne te hâte point au temps de l'obscurcissement
: 1. Ici se cachent les vertus de la patience et de la persévérance. En effet, Dieu récompense celui qui a patiemment attendu les mots de Dieu. L'homme reçoit la Parole de Dieu, en toute humilité et en cherchant à comprendre au mieux ce qui lui a été enseigné, afin d'appliquer ensuite au mieux ce qui a été appris, parce que tout acte de Dieu a pour fin sa propre gloire, c'est-à-dire qu'ici, le don de Dieu, de sa Parole, est pour sauver l'homme afin de le rendre participant à sa gloire éternelle. Or le salut de l'homme se fait d'abord en connaissant la Parole de Dieu, puis en y adhérant, enfin en oeuvrant jusqu'à la mort de telle sorte que chaque acte, comme chaque parole, s'appuie sur l'âme docilement soumise à la connaissance de Dieu qui est amour et don. 2. Ici commence le motif du don de la Parole de Dieu à l'homme. Dieu ne donne pas gratuitement juste pour instruire son enfant, juste pour le rendre savant, mais en vue de ce qui attend l'homme avant sa vie glorieuse au Ciel. Or, ce qui attend le croyant, ce sont des tribulations, des épreuves, des doutes, des peurs, des moments de solitude, d'imcompréhension, de souffrance, des hésitations, etc. Tout cela, à prime abord, trouble l'esprit qui ne vit plus constamment dans la lumière de Dieu infusée en son intelligence. Son esprit est troublé et vacille entre la lumière divine et les ténèbres du monde. Mais Dieu aime tant sa créature qu'il fera tout l'aider à sortir grandi, non selon le monde, mais dans l'humilité, puisque c'est l'humilité qui est le prémice de la gloire. Et l'amour pour l'homme incline Dieu à lui enseigner les moyens pour se défendre contre les ennemis et les armes pour se maintenir dans le droit chemin. De plus, Dieu en tant que Père, révèle à l'humble de lui faire confiance et que s'il persévère dans cette humble confiance, alors, même s'il aura à traverser des chemins si épineux, Dieu sera toujours là pour le soutenir et l'attendre au bout du chemin de la vie d'ici-bas.
Voilà pourquoi l'humble croyant ne doit pas se hâter au temps de l'obscurcissement, c'est-à-dire qu'il est inutile de chercher tous les moyens pour fuir la tribulation et la souffrance et qu'il vaut mieux vivre ces moments difficiles avec résignation mais fidélité. Et cela se fera plus aisément si l'espérance de l'homme envers la miséricorde divine est nourrie de la Parole de Dieu.
Conclusion du verset 2,2 :
A celui qui est humble d'esprit et qui attend le moment choisi par Dieu pour donner ce qui est nécessaire à l'humble de connaître pour rejoindre son Bien-Aimé, il lui faut être le plus attentif possible afin de comprendre parfaitement ce que Dieu lui enseigne. A quoi doit servir cet enseignement ? A passer le plus calmement possible les épreuves de la vie, à vivre même en paix lorsque la nuit de la mort doit se présenter parce que la gloire est pour celui qui aura été humble jusqu'à la mort (Pr 15,33 ...l'humilité précède la gloire; Pr 29,23 ...la gloire accueillera l'humble d'esprit.).

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site