Un seul Bien II

 

 

Un seul Bien II

 


 

Mt 6,20a Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, mais thésaurisez pour vous des trésors dans les cieux mais cherchez pour vous les trésors du Ciel,
Après avoir condamné les richesses et montré en quelques mots forts le motif de cette condamnation, Jésus va confirmer cette condamnation de la manière la plus éclatante. Et son propos aurait pu être alors : "Je veux que vous ne cherchiez pas à être heureux dans ce monde éphémère. Je veux que vous cherchiez comment me rejoindre dans mon royaume éternel afin que vous soyez mille fois plus heureux." Dieu oppose ici le monde de la terre au monde du Ciel, réduisant à rien les plus grandes richesses de la terre, lorsque nous les comparons aux richesses du Ciel.
Le texte grec omet une nouvelle fois pour vous
. Pourtant, la foi enseigne que la charité passe par soi, c'est-à-dire que l'obtention du salut ne peut s'obtenir que si nous aimons d'abord Dieu au point de l'adorer et que cet amour rejaillisse sur nous puis sur notre prochain, ami ou ennemi. Si nous disons aimer Dieu, que nous oeuvrons pour le bien de notre prochain, mais que nous oublions de rechercher le bien véritable pour nous-mêmes, alors nous ne méritons pas le salut. Ce point crucial est malheureusement oublié dans le texte grec. La foi véritable, celle qui sauve, exige d'abord l'oeuvre de Dieu, à savoir le don gratuit de sa grâce, puis notre propre coopération afin de faire germer en fruits, en oeuvres de charité, la foi s'affermissant au fil des années par le culte rendu à Dieu et par la connaissance de la doctrine son Eglise. Sans notre coopération, Dieu ne peut nous sauver car son amour est justice et ne peut s'imposer à celui qui a rejeté Dieu pour toujours.
Sinon, les textes grec et hébreu révèlent que Jésus insiste sur notre désir à rechercher les trésors du Ciel. Ce désir doit être si fort, si grand, si ancré en nous, qu'il doit devenir notre principale volonté. Et si notre volonté devient totalement imprégnée par ce désir, soyons assurés que nous aimerons Dieu et notre prochain comme Jésus nous le commande et que cet amour nous élèvera jusqu'aux trésors célestes.
Etre chrétien, ce n'est pas avoir une vie sans problème, sans souci, sans souffrance, sans problème, mais accepter d'affronter la vie avec toutes ses épreuves et ses difficultés, et que nous les affrontions brillamment par la foi véritable afin que nos oeuvres nous fassent mériter les biens du Ciel. Oui, que nous soyons toujours à la hauteur de notre foi, dignes devant la souffrance, persévérants devant la difficulté, humbles devant autrui, ayant toujours le Christ devant nous, afin d'obtenir la vie promise qui est Dieu lui-même. Alors nous comprendrons que la foi récompense le juste non pas dans ce monde mais dans le royaume des cieux, non pas de biens éphémères et incomplets, mais de biens éternels et parfaits. A ce passage de l'Evangile, Jésus n'a pas encore clairement expliqué que l'obtention n'est possible que par sa propre mort suivie de sa résurrection. C'est plus tard qu'il nous fera que la juste rétribution de la vie qui n'est pas les richesses du monde, mais la vie éternelle, n'est recevable qu'à travers la résurrection de Notre Seigneur, que lorsque nous sommes totalement morts au monde et ressuscités à cause du Christ.
Si le bien céleste par excellence est Dieu lui-même - les rachetés verront Dieu dans son essence comme tout homme voit ici-bas son prochain face-à-face - il y a cependant diversités de biens célestes qui sont les trésors du ciel
. Les trésors célestes sont tous rattachés à Dieu mais la diversité de ces trésors est l'intensité de la béatitude dans la diversité de son intensité. Ainsi, ceux qui auront vécu le plus saintement sur la terre, mériteront davantage de biens célestes que ceux qui auront été sauvés mais auront une vie moins sainte. Cette vérité se retrouve déjà dans la diversité des Anges où plus un Ange est proche de Dieu, plus il brûle de la perfection de l'amour divin. C'est pourquoi les Anges les plus proches de Dieu sont appelés Séraphins, ce qui signifie ardents ou enflammés (d'amour).
La parole du Christ est aussi une invitation à ne pas rechercher les biens de la terre mais plutôt ceux du Ciel. Celui qui souffre parce qu'il n'a pas satisfait sa quête de richesse du monde afin d'être un jour récompensé par des biens célestes, en vérité, il ne perdra pas sa récompense (Lc 6,23-24 et tressaillez (de joie), car voici que votre récompense est grande dans le ciel : c'est ainsi en effet que leurs pères traitaient les prophètes. Mais malheur à vous, les riches, car vous tenez votre consolation !
). Jésus a déjà exprimé cela par la troisième béatitude : Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils seront consolés (Mt 5,5). Oui, celui qui souffre parce que refusant les biens de la terre et désirant les biens du Ciel, sera consolé et sa consolation dépassera mille fois la joie et le plaisir qu'il aurait pu connaître s'il avait succombé à la tentation du bien de la terre.
Selon le sens moins littéral du texte mais plus profond, Jésus aurait pu donner le message suivant : "Amassez-vous des fruits dans votre esprit." Or ce qui germe dans l'esprit, ce sont les vertus, théologales, intellectuelles et morales/cardinales. Et leurs fruits sont ces mêmes fruits en action qui font que les oeuvres extérieures ne dépendent pas de la chair tentée par tel objet extérieur, mais des vertus et de l'amour de Dieu pour soi et de notre amour pour Dieu, nous inclinant à poser des actes vertueux qui nous font mériter (davantage) le Ciel. C'est pour cela que Jésus dit : Que vos reins restent ceints et vos lampes allumées !
(Lc 12,35) parce que on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Qu'ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. (Mt 5,15-16).
Mt 6,20b où ni la teigne ni les vers ne consument, là où le ver et la rouille ne détruisent pas là où le ver et la rouille ne détruisent pas,
Cette fois, le texte grec est identique au texte hébreu. Jésus poursuit son propos sur l'opposition entre le monde terrestre et le royaume des cieux.
Dans le sens littéral... alors que sur terre, rien ni personne ne peut protéger le riche de lui-même, de son prochain et de la mort, dans le Ciel, il n'y a plus de protection à rechercher ni de crainte à avoir puisque les saints vivent dans un monde où la corruption matérielle n'a pas sa place. C'est pourquoi le ver ne peut plus ronger le corps ressuscité de l'homme et la rouille ne peut plus agir sur les corps métalliques.
De même, puisque le corps du mort est ressuscité, le cercueil où reposait le corps dans l'attente de la résurrection n'a plus lieu d'être. Ou encore le cercueil peut continuer d'être attaqué par le ver et la rouille, mais sans danger pour le corps qui a été ressuscité et qui vit de nouveau uni à l'âme toute pure, dans la plénitude de la vision béatifique.
Dans le sens figuré... une fois le corps ressuscité et uni à l'âme, afin de vivre de Dieu pour toujours et parfaitement, l'homme ne peut plus connaître ni remords de conscience ni tentation. L'âme de l'homme ressuscité et sauvé ne veut que ce que Dieu veut si bien que la conscience humaine ne peut jamais prendre l'homme en défaut et lui faire reprocher le moindre de ses actes. De même, puisque le racheté vit pour toujours auprès de Dieu, la lumière divine illumine tout l'être humain si bien que l'homme est incapable de vouloir une seule pensée, une seule parole ou un seul acte s'opposant à la volonté de Dieu : la tentation n'existe pas dans le royaume des cieux. C'est pourquoi Jésus dit que dans le ciel, le ver et la rouille ne perforent pas et ne détruisent pas.
Mt 6,20c et où les voleurs ne percent pas les murs ni ne dérobent. et où les voleurs ne percent pas et ne volent pas et où les voleurs ne percent pas et ne volent pas
Dans le sens littéral... lorsque les rachetés vivent dans le Ciel, ils vivent et ne peuvent vivre que de Dieu. Aussi, venir leur dérober quelque bien consisterait à vouloir leur prendre Dieu qui est imprenable. De même, tout esprit qui n'est pas soumis à Dieu ne peut vivre dans le Ciel mais en enfer. Et entre l'enfer et le Paradis, il y a un abîme infranchissable (Lc 16,26 entre nous et vous a été établi un grand abîme, de sorte que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne le pourraient pas, et que [ceux] de là-bas ne traversent pas non plus vers nous.) si bien que nul voleur, aussi puissant soit-il, ne pourrait entrer dans le Ciel pour dérober le moindre du bien de n'importe quel racheté. C'est pourquoi les voleurs ne percent pas et ne volent pas. Dieu ne permet pas que son royaume, aucun esprit ne vienne diminuer la joie promise à ses brebis.
Dans le sens figuré... puisque les voleurs sont les tentations, Jésus affirme que dans le Ciel, les rachetés ne seront plus du tout tentés. La chair sera pleinement soumise à l'âme et l'âme pleinement soumise à la Très Adorable Trinité Sainte si bien que le racheté n'aura nul désir d'aller rechercher un autre bien puisque aucun bien autre que Dieu ne pourrait lui donner une joie identique ou une joie complémentaire, étant donné que chaque racheté vivra dans la plénitude de la joie, c'est-à-dire dans une joie absolument parfaite même si étant appelé à grandir éternellement, selon la volonté de Dieu.
Mt 6,21 Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. car là où il est ton trésor, là il sera aussi ton cœur (Lc 12,34) car ton âme sera là où est ton trésor.
Ce verset fait partie de ces versets souvent mal compris et son sens véritable est caché dans le texte hébreu : car ton âme sera là où est ton trésor. Ici, l'esprit de l'homme est son âme et son trésor est le Ciel. Ainsi, celui qui aura passé sa vie à rechercher les biens véritables et durables qui ne sont que les biens célestes, à savoir Dieu lui-même et tout ce qui provient de Dieu, se verra récompensé d'abord en étant élevé dans la gloire de Dieu (Mt 5,3-9), puis en recevant dans son âme Dieu lui-même (Mt 5,10). Cette réception donnera une joie telle qu'elle débordera dans tout son corps ressuscité si bien que la racheté pourra dire : "En Dieu, j'ai la joie parfaite et ma joie est toujours renouvelée dans une perfection absolue." La parole de la Très Sacrée Vierge Mère de Dieu (Lc 1,46-47 Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur) sera parole de tout racheté vivant dans le Ciel. Ce sens est autre chose que dire que le trésor véritable est dans le coeur de l'homme. Tout homme, même pécheur, est capable d'aimer et de nourrir des sentiments d'amour envers ses proches; mais tout homme n'ira pas au Ciel. C'est pourquoi Jésus demande à ceux qui veulent le suivre d'avoir une justice autre que celle des Pharisiens (Mt 6,1 Gardez-vous de pratiquer votre justice aux regards des hommes pour être vus d'eux; autrement, vous n'avez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux.) et un amour autre que celui des communs mortels (Mt 5,46-47 Si en effet vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant ?).
Conclusion :
Cet enseignement du Christ est-il nouveau ? En vérité, Dieu renouvelle ce qu'il avait déjà enseigné dans le passé par la voie de ses prophètes (Eccli 29,14 Mets ton trésor dans les préceptes du Très-Haut, et il sera plus utile que l’or.). Mais le peuple choisi avait préféré vivre la loi selon ses propres interprétations au lieu de chercher à plaire à tout prix à YHWH. Avec l'Incarnation du Verbe, Dieu rappelle ici cet enseignement et le donne avec une puissance et une force que nul théologien ne possède (Mt 7,29 il les enseignait comme ayant autorité, et non comme leurs scribes.). Il montre que les biens célestes dépassent tant toute entendement qu'il est juste que tout homme passe sa vie ici-bas à oeuvrer pour les mériter car non seulement il ne sera pas déçu au moment de recevoir sa récompense, mais il sera récompensé au-delà de toute espérance.
L'amour de Dieu peut tout, absolument tout, mais il ne peut s'imposer à la la volonté de l'homme. Si l'homme ne veut pas Dieu, il se punit lui-même aux flammes de l'enfer. Si l'homme veut toujours Dieu, il brûlera de l'amour de Dieu et deviendra co-héritier du Christ Jésus ressuscité et deviendra alors véritable enfant de Dieu, vivant ainsi une joie parfaite et éternelle. Et nous, que voulons-nous maintenant ? A quoi sommes-nous prêts à donner et à faire pour mériter cette vie ? Qu'acceptons-nous de rejeter pour ne plus décevoir Dieu ? Jusqu'où désirons-nous aller pour plaire à Dieu ? Sommes-nous prêts à nous sacrifier et nous à mortifier pour ressusciter et être glorifiés avec le Christ, afin de toujours vivre auprès des saints, des élus, des Anges et de la Très Sacrée Mère de Dieu ?
Bien fraternellement dans le Christ, votre dévoué saint Augustin

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius


 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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