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Un seul Bien I

 

 

 

 

Un seul Bien I

 

 


              

En violet, l'hébreu caché derrière le texte grec. En bleu foncé, le texte grec traduit en français. En bleu clair, le vrai sens français.
Mt 6,19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les voleurs percent les murs et dérobent. Mt 6,20 Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni la teigne ni les vers ne consument, et où les voleurs ne percent pas les murs ni ne dérobent. Mt 6,21 Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.
Commentaire :
Mt 6,19a
Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, ne thésaurisez pas pour vous des trésors sur la terre ne cherchez pas pour vous les richesses de la terre,
Le point commun entre le texte grec et le texte hébreu est la condamnation à rechercher les richesses du monde. Cette condamnation ne doit pas être prise dans son sens strict puisque nulle part dans l'Evangile, nous ne voyons Jésus condamner le riche qui partage ses richesses avec son prochain.
La condamnation formulée est pour ceux qui : 1. ont pour but essentiel de la vie de s'enrichir. Ils trouvent leur joie dans le gain et dans la contemplation de leurs richesses acquises. Ils aiment à étaler leurs richesses et lorsqu'ils la partagent, c'est en vue d'être glorifiés et connus, afin de pouvoir acquérir de nouvelles richesses. Le centre de leur vie n'est ni Dieu ni eux-mêmes mais la richesse. Et parce que le centre de gravité de leur vie est hors d'eux, la vie devient bancale au point de pouvoir les faire tomber définitivement.
2. cherchent à s'enrichir à tout prix. Celui qui a connu la misère et qui a trouvé le moyen de s'enrichir, de se venger du monde ou de personnes méchantes à leur égard, se donne corps et âme dans cette voie. Tout est bon pour satisfaire sa soif de vengeance et de revanche. Son regard est fixé devant lui, plus du tout vers le Ciel ni vers son intérieur. Il est attiré vers le gain apparemment possible et proche au point qu'il ne prend plus le temps de regarder les obstacles de la vie ni les mains tendues. Il ignore ceux qu'il appelait ses amis et engraisse ceux qu'il appelle amis. Il flatte le démon afin d'être toujours plus récompensé. Il ne sait pas qu'au bout de cette voie il y a un ravin qu'il ne pourra éviter s'il persiste dans cette vie.
3. font passer la quête matérielle avant la quête religieuse et spirituelle. Ils aiment éprouver de la joie rapidement en évitant tant que possible de devoir souffrir et passer par des épreuves. La chair domine l'esprit et l'esprit succombe à chaque assaut de la chair quand bien même, parfois, il voudrait passer plus de temps et consacrer plus d'énergie à ce que son esprit lui indique de vivre et qui est noble et louable. Faire bien oui, mais faire autrement pour connaître une joie certaine et peut-être durable, voilà qui est bien tentant. Ils voudraient bien faire; aussi commencent-ils une oeuvre qui plaît à Dieu, mais à la moindre difficulté ou tentation, ils se disent qu'après tout, ils ont bien le temps d'y revenir, d'y repenser et qu'après tout, Dieu n'a condamne pas totalement le plaisir immédiat. Cela peut être vrai si ce plaisir immédiat n'est pas associé de quelque manière à l'égoïsme, l'orgueil, l'oubli du prochain, l'intempérance, etc. Mais ce plaisir apparemment sain(t) risque de devenir un tremplin vers une voie de garage voire une voie de perdition si le corps finit par s'habituer à ce mode de vie où l'esprit finit toujours par abdiquer devant les assauts répétés de la chair et les tentations. Celui qui passe son temps à être balancé entre la chair et l'esprit, qu'il n'espère pas obtenir quelque chose de Dieu (Jc 1,7 que cet homme donc ne s'imagine pas recevoir quelque chose de Dieu.).
4. donnent la priorité à ce qui excite les sens par rapport à ce qui excite l'âme et l'esprit. Ceux qui choisissent d'ignorer ce que leur esprit peut parfois leur soumettre afin de donner toute liberté à leur chair, se rendent ainsi esclaves de la chair. La chair devient le maître de leur être ainsi que leur juge. Or le juge ne peut donner un jugement que selon les moyens qui lui sont disponibles et accessible. A la recherche des plaisirs immédiats de la chair et à la fuite des impulsions de l'esprit, la chair en tant que juge finit par donner un jugement éphémère : ce qui donne de la joie ne dure qu'un temps et puisque la chair a une vie limité, tout ce qu'elle donne est également limité. Aussi, celui qui s'efforce toute sa vie de profiter au maximum du plus grand nombre des plaisirs du monde, devra néanmoins se soumettre un jugement éphémère et terrible : lorsque la vie prendra fin, la chair ne pourra rappeler à l'homme qu'il n'est rien par lui-même et que toute sa vie, bien que jouissive, n'est finalement rien et ne lui donne rien de vraiment vrai, vraiment bon, de vraiment durable. L'esprit aura été négligé et parce qu'il aura été durement et sciemment négligé, mais l'esprit jugera de la même manière l'homme. Si celui qui persévère jusqu'à la fin dans la justice, sera sauvé (Mt 10,22 celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé.), combien alors sera condamné celui qui aura persévéré jusqu'à la fin dans le rejet de la justice.
La condamnation de la richesse est pour celui qui en use contre la justice de Dieu. Aussi, elle n'existe plus dès lors que la richesse devient moyen pour le riche de prouver qu'il n'ignore pas la charité fraternelle.
Le texte grec met dans la bouche de Jésus une invitation ou un commandement à ne pas rechercher pour soi les richesses du monde : ne vous amassez pas des trésors sur la terre
. Le texte hébreu est plus complet et fait dire au Christ qu'il ne faut pas chercher à s'enrichir - pour vous - sans pour autant condamner si on souhaite faire enrichir son prochain.
Le texte hébreu cache ici certaines filles de la vertu de justice comme la charité fraternelle, la générosité ou encore l'altruisme. De tous temps, l'Eglise a manifesté un vif désir de venir en aide aux plus démunis, aux sans-abris, à ceux qui vivent dans la misère car aider son prochain, même matériellement, mais dans un esprit d'amour vrai, c'est indirectement laisser Dieu nous aider, spirituellement d'abord, par une fortification de la foi puis par davantage de mérites en vue de la vie éternelle, puis matériellement puisque Dieu pourvoit à celui qui pourvoit pour son prochain qui est dans la nécessité. Tout cela, nous ne le retrouvons malheureusement pas dans la traduction française du texte grec.
Mt 6,19b où les voleurs percent les murs et dérobent. là où le ver et la rouille détruisent et où les voleurs perforent [les murs] et volent là où le ver et la rouille détruisent, et où les voleurs perforent les murs pour voler
Dans la seconde partie du verset 19, le texte hébreu est également plus complet. La traduction grecque omet là où le ver et la rouille détruisent.
Dans le sens littéral... c'est essentiellement lorsque le corps charnel est totalement impuissant, incapable de se défendre, que le ver ronge : le corps mort finit par être désagrégé par l'action du ver. Jésus rappelle combien la vie sur terre est courte, pour les pauvres comme pour les riches, et que les richesses ne sont pas un moyen de préserver le corps de l'attaque d'un seul ver, même s'il devait donner toutes ses richesses afin d'en être préservé. L'homme n'est rien par lui-même et les richesses ne peuvent donner que l'illusion d'être quelque chose ou quelqu'un; mais cette illusion dure également un temps très court.
Jésus parle de ver
pour s'opposer à la richesse mal désirée, mal acquise et mal employée afin de rappeler le néant de l'homme et la nécessité d'avoir toujours en ligne de mire la mort certaine, qu'elle soit célébrée par un cercueil de bois ou à l'occasion d'une immense fête avec pierres précieuses, honneurs nationaux et personnalités importantes. Le ver est tout petit comparé à l'homme. Et pourtant, il a un pouvoir de destruction supérieur à tout pouvoir de protection acheté par le plus riche des hommes. Le ver doit rappeler à l'homme qu'il vaut mieux être humble et ne pas se détruire en voulant s'enrichir car même l'homme le plus riche du monde ne peut rien contre la mort et la destruction de son corps. Aussi, combien voyons-nous en un seul mot l'inutilité des richesses telles que le Christ condamne !
Jésus a les mêmes idées lorsqu'il emploie le mot rouille
. La rouille n'est pas employée ici dans son sens strict, à savoir par rapport au fer, mais dans son sens général, c'est-à-dire sur tout ce qui concerne les métaux, précieux ou non. Le fer peut être utilisé pour construire des armes - les armes à feux n'existaient pas il y a deux mille ans - et ce qui peut donner la mort finit par mourir aussi. De même, si le riche cherche à se protéger des difficultés de la vie par le biais de ses richesses, ne se protège qu'un temps puisque sa protection finit par se détruire et, en se détruisant, par détruire celui qui devait être protégé. Celui qui meurt victime de l'épée, mourra aussi un jour soit à cause de l'épée, soit parce que l'épée ne pourra le protéger éternellement de la mort. De même, celui qui se fabrique un cercueil métallique finira par être détruit, d'abord parce que le métal finit par se désagréger, ensuite parce que le ver aura toute liberté de venir achever la destruction du corps mort. Il ne s'agit pas d'être marqué par l'état du corps mort mais par la nécessité de l'humilité et l'état de néant de tout homme. Enfin, la rouille peut aussi s'entendre des pierres précieuses et de toutes autres formes de richesses qui peuvent exciter les sens et donner l'illusion d'être protégé de la mort et du monde, mais rien n'échappe à l'usure du temps ni encore moins à la volonté de Dieu lorsqu'il décide d'appliquer sa justice.
Dans le sens figuré... nous découvrons la grandeur de la sagesse divine, même à travers des mots si simples. Le ver et la rouille sont le remords de la conscience. Ainsi, celui qui a fait de sa vie un terrain de bataille afin de triompher de la misère, afin de s'enrichir, afin de satisfaire sa soif de pouvoir et son ambition d'exister à travers ses possessions, finira un jour ou l'autre, le plus tard sera juste avant de donner son dernier souffle de vie, par regretter toutes ses oeuvres de perdition, par regretter d'avoir consacré autant d'années et d'énergie afin de devenir riche dans le monde, au lieu de rechercher les richesses véritables. Sa conscience sera terriblement rongée, il regrettera profondément ses actes et nous voyons combien la plupart des hommes sur le point de quitter le monde, demandent pardon à leurs proches, demandent un prêtre pour être pardonné. Alors que la conscience du juste justifie l'homme devant Dieu, la conscience du riche pécheur punit le riche par le remords et la crainte. Ce qui ne peut s'acheter par des biens finit par triompher de tous biens parce que ce qui est palpable à nos sens est appelé à être soumis à ce que nos sens perçoivent et qui appartient à notre esprit. Au chrétien est ainsi demandé de faire triompher l'esprit afin que le monde ne triomphe pas de lui et l'écarte de Dieu.
Au sujet de la partie du texte commune au grec et à l'hébreu, où les voleurs percent les murs et dérobent
, nous pouvons aussi le comprendre de deux manières. Dans le sens littéral... et nous le voyons encore aujourd'hui, combien d'hommes riches se font malheureusement voler par des hommes rusés et intelligents, capables d'anticiper les moyens de protection et ou de les contrer afin de pouvoir agir librement, en toute quiétude, se servant comme tout homme faisant son marché. Jésus signifie ici que l'homme le plus riche n'est pas à l'abri du vol. Il peut employer des moyens très puissants, mais rien ne peut lui garantir d'être protégé du voleur qu'il ne connaît pas ou qui peut faire partir de son entourage, soit de ses proches, soit des gardiens qu'il paie. Aussi, si la méfiance doit être présente parce que l'absence de vol n'est pas absolument garantie, elle doit élever le riche dans une compréhension du monde différente : s'il faut se méfier à cause des richesses du monde, c'est parce qu'il faut se confier dans les richesses du Ciel. C'est ce que dira Jésus dans le verset suivant.
Dans le sens figuré... les voleurs sont les tentations. Plus le riche s'enrichit, plus il est tenté de s'enrichir encore. Et de manière générale, plus les sens de l'homme sont alertés par les richesses, plus il est tenté de les faire siennes. Ces tentations font mouvoir l'homme vers de nouvelles richesses, vers des richesses qu'il ne possède pas et qu'il désire depuis si longtemps, ou vers des richesses qu'il possède déjà mais en quantité insatisfaisante pour lui, ou encore vers des richesses qui pourraient l'aider à concrétiser sa soif de pouvoir, son ambition, son orgueil, etc. Les sens sont si excités que l'esprit ne contrôle plus rien ou ne peut plus rien maîtriser. Les tentations percent la conscience, les voleurs perforent, et entament leur travail de destruction de l'esprit puis du corps, et dérobent. C'est alors qu'il a des pleurs et des grincements de dents (Mt 8,12 les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures : là seront les pleurs et le grincement de dents.).
De plus, combien est vrai cet adage moderne : durant la première moitié de sa vie, l'homme ruine sa santé pour s'enrichir tandis que, durant la seconde moitié de sa vie, l'homme ruine son portefeuille pour essayer de retrouver la santé perdue. Jésus montre que les tentations, si elles sont satisfaites, au-delà d'un certain plaisir rapide et peut-être fort, finissent toujours par détruire celui qui en devient esclave. Voilà pourquoi l'Eglise, à la suite du Christ, a toujours mis en garde les riches, non pas en les condamnant, mais en leur rappelant que leurs richesses peuvent à elles seules les condamner en les éloignant pour toujours de Dieu.

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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