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Vendredi Saint I

 

Souffrance du Christ

Dans le Royaume des cieux, il n'y a aucune place pour la mort, la souffrance, la douleur, la peur, le désespoir, l'orgueil, l'égoïsme, la colère, la tristesse et toutes autres choses qui s'y rapportent plus ou moins. Dans le Royaume des cieux, il est juste de dire que la place est pour la vie éternelle, la joie, l'amour, le partage, l'humilité, la paix et toutes autres choses qui s'y rapportent. Mais tout cela doit-il nous autoriser à dire que puisque Jésus est Dieu fait Homme, il n'a pas pu souffrir ou a peu souffert durant sa Passion ? C'est ce que certains croient, diminuant ainsi les mérites liés à la Passion de Notre Seigneur, tant pour lui qui est la Tête de l'Eglise que pour nous, Corps de cette même Eglise.
L'absence ou l'existence de souffrances pour Notre Seigneur peuvent se résumer aux quatre questions suivantes :
  1. Jésus n'a-t-il pas du tout souffert durant sa Passion parce qu'il est une Personne divine ?
  2. Ou a-t-il peu souffert parce que sa nature divine a toujours eu le pas sur sa nature humaine ?
  3. Ou a-t-il autant souffert que tout homme parce qu'il est homme comme tout homme ?
  4. Ou enfin, aurait-il davantage souffert que tout homme ? Et si oui, pourquoi ?

Q.1 : Jésus n'a-t-il pas du tout souffert durant sa Passion parce qu'il est une Personne divine ?
Puisque Jésus est une Personne divine ayant la nature divine et la nature humaine et qu'il appartient naturellement de connaître la souffrance à la nature humaine, il est faux de dire que Jésus n'a pas pu souffrir durant sa Passion. L'Evangile enseigne que Jésus a connu la solitude, la faim, la tristesse, la fatigue, la colère.
Q.2 : Ou a-t-il peu souffert parce que la nature divine a toujours eu le pas sur la nature humaine du Messie ?
Puisque Jésus est Dieu fait Homme ou encore Dieu-Homme et Homme-Dieu, nous avons montré que Jésus a dû souffrir non par obligation mais à cause de sa nature humaine. Dire que Jésus a peu souffert durant sa Passion signifie que tout homme vivant les mêmes humiliations, les mêmes insultes, les mêmes tortures, les mêmes supplices jusqu'à la crucifixion sur une croix aurait nécessairement davantage souffert que Jésus. Or cela ne pouvait être possible à cause de la nécessité de la rédemption de l'homme pécheur, non de l'homme individu mais humanité, du nombre et de la gravité des péchés. Cela suffit à montrer que la souffrance due aux péchés et vécue par Jésus ne pouvait qu'être supérieure à tout ce que pourrait endurer tout autre hommes devant subir les mêmes horreurs.
Q. 3 : Ou a-t-il autant souffert que tout homme parce qu'il est homme comme tout homme, hormis le péché ?
Jésus a souffert autant que tout homme si seulement Jésus avait seulement dû réparer pour ses propres péchés. Or Jésus, non pécheur, est descendu du Ciel - puisqu'il est le Verbe de Dieu - afin de prendre sur lui le poids des péchés de tous les hommes, morts, vivants il y a deux mille ans, et vivants après sa résurrection. Aussi, la souffrance comme réparation des péchés subie par Jésus ne pouvait être que très largement supérieure à la souffrance réparatrice subie par le plus grand pécheur de tous les temps pour ses propres péchés.
Q. 4 : Ou enfin, aurait-il davantage souffert que tout homme ? Et si oui, pourquoi ?
Les trois questions précédentes montrent que les souffrances du Christ ont été intenses, dépassant toute intensité de souffrance que l'imagination humaine ne peut appréhender avec justesse. Il reste à voir précisément, via cette dernière question, comment il se peut que Jésus a tant et tant souffert, comment et pourquoi il a souffert autant.
Sans entrer dans les détails, nous avons vu que les souffrances qu'il va endurer sont liées à sa mission en tant que Rédempteur envoyé par Dieu, Père, Verbe et Esprit, et en tant que homme puisque pleinement homme. Voyons que rien dans le Plan de Dieu ne fut négligé quant aux souffrances du Christ, pour la Rédemption de l'humanité.
1. Les lésions corporelles.
Beaucoup d'entre vous ont vu le film la Passion du Christ où Jésus finit par être totalement défiguré et revêtu de son propre sang. Contrairement à ce que certains croient, cela est vérité et les mystiques l'ont toujours confirmé. Jésus a souffert intensément et il est certain que nul homme autre que lui n'aurait pu supporter tout ce qu'il a accepté de supporter par amour de nous. Etre fouetté, avoir sa chair arrachée et des clous dans le corps, quel homme pourrait rester insensible ?
2. La douleur intérieure à cause des péchés du monde.
Elle est d'abord particulièrement due au poids de tous les péchés du monde. Et puisque Jésus est le seul prêtre selon l'ordre de Melchisédech parce que le seul à pouvoir racheter les péchés de tout le peuple, lui seul pouvait se présenter devant le Père afin de faire éclater la miséricorde divine. Tout péché est une offense contre la volonté de Dieu, un changement voulu par l'homme contre le Plan de Dieu. Quels parents ne souffriraient pas devant leur enfant ne pas suivre leur volonté afin de prendre une voie de perdition ? Imaginez alors la souffrance de Dieu à cause de tous nos péchés ! Imaginez le poids de cette douleur intérieure qui pesa dans le Coeur Immaculé du Christ.
3. La douleur intérieure à cause de l'orgueil des Juifs et de l'abandon des Apôtres.
Le Christ souffrit malgré tous ses efforts déployés pour montrer que tout l'Ancien Testament parle de lui, l'annonce comme le Messie et qu'il est venu pour délivrer l'homme de l'esclavage du péché afin de lui donner la vraie vie, non pas comme enfants adoptifs mais comme enfants réels de Dieu. Quel homme resterait insensible devant l'abandon de tous ses proches qu'il aime tant et qui lui tournent le dos alors qu'il a fait tout ce qu'il a pu pour leur donner au-delà de toutes leurs espérances ? Jésus pleura non pas de larmes d'eau mais de sang parce qu'il voulait tant que tous soient sauvés et il eut préféré moins souffrir mais l'orgueil des hommes du peuple de Dieu, en particulier du Sanhédrin et la lâcheté de la plupart des Apôtres et des disciples contribua à accentuer encore sa grande douleur intérieure.
4. La douleur intérieure à cause de la perte de la vie.
Jésus, bien que Dieu, est pleinement homme. Et quel homme pourrait rester en paix alors qu'il sait que la mort l'attend prochainement ? Et quel homme pourrait encore rester en paix en sachant en détails ce qu'il doit subir et qui doit le mener jusqu'à la mort certaine ? Jésus savait tout ce qu'il attendait et il est certain que l'horreur de la mort qu'il devait vivre le faisait souffrir intensément.
5. La perfection de la douleur extérieure dans le sens extérieur.
Imaginez que vous êtes incapable de vous défendre et qu'une personne vous fouette jusqu'à vous faire saigner, ou qu'elle vous flagelle au point de faire éclater la chair. Vous souffrirez énormément sur le coup et si cette horreur se répète encore et encore, la souffrance risque d'augmenter encore et encore. Mais, à cause de la faiblesse de la nature humaine, tantôt vous pourrez totalement souffrir parce que tout votre esprit sera concentré dans la souffrance provoquée, tantôt elle sera comme atténuée parce que votre esprit, incapable de rester durablement concentré sur un même objet, se tournera vers d'autres objets, en particulier des personnes, des proches. Dans le Christ, point de cela, puisque toutes ses souffrances ont un seul but que la perfection de sa volonté de sauver le monde l'oblige en quelque sorte à éprouver totalement et en permanence la douleur. Les sens extérieurs sont particulièrement aiguisés en Jésus puisqu'il est Homme parfait. Aussi, ses souffrances furent-elles encore plus élevées que s'il avait été un homme autre que lui-même.
6. La pureté de la douleur intérieure.
De même, autant la douleur du corps était parfaite et durable dans le Christ, autant la douleur dans son esprit était parfaite et durable en lui. Sa capacité de concentration, de s'abandonner à une seule idée, celle de vouloir absolument sauver le plus grande nombre d'âmes et sachant que cela est étroitement lié aux souffrances qu'il endure, est parfaite et rien ne pouvait atténuer cette douleur intérieure parce que rien ne pouvait diminuer sa volonté de sauver.
7. L'acceptation libre de mourir.
Lorsqu'un homme doit aller à la mort, suite à une condamnation ou une prise de pouvoir sur sa personne, il souffre déjà à cause de ce qui l'attend. La souffrance est plus grande pour celui qui sait qu'il n'a pas mérité de mourir, parce que rien ne le condamne à mourir, bien au contraire ! mais par amour des hommes, par désir immense de vouloir sauver le plus grand nombre, il accepte librement de mourir afin de réconcilier l'homme avec le Père, afin de montrer définitivement à Satan que le salut est de nouveau possible à tout homme de bonne volonté et que rien ne peut triompher de l'amour de Dieu, même la mort si puissante et si horrible.
8. La cohabitation de la joie et de la tristesse.
Avez-vous déjà connu la tristesse tout en la vivant en compagnie d'hommes heureux ? Vous vous sentez seuls, comme abandonnés, incompris. Et avez-vous déjà connu la joie alors que votre voisin vit dans la tristesse ? Cette opposition de sentiments finit par avoir des conséquences : l'un ou l'autre finit par déteindre, c'est-à-dire par amoindrir sa joie pour compatir à la tristesse de l'autre, ou à l'opposé, à s'enfoncer dans sa tristesse car se sentant si loin des heureux qui l'entourent.
En Jésus, cela fut pire encore. Puisque Jésus n'a jamais cessé d'être Dieu et que Dieu ne connaît pas la tristesse mais la joie, il est vrai que dans la partie la plus élevée de l'âme du Christ qui était sans cesse en relation avec l'essence même de Dieu, vivait une joie parfaite. En même temps, Jésus, en tant que homme, devait souffrir et souffrir terriblement. Cette opposition entre la joie divine et parfaite et la tristesse poussée dans ses extrêmités les plus horribles faisait naître en lui une souffrance que nul homme ne peut connaître.
Conclusion :
Nous avons répondu brièvement aux mauvaises langues et aux ignorants ne connaissant pas tout ce que Jésus a souffert à cause de nous, par amour de nous, pour nous sauver et faire de nous des co-héritiers, des enfants réels de Dieu.
Puissiez-vous désormais vouloir davantage méditer sur les saintes plaies de Notre Seigneur, comprendre mieux pourquoi Jésus ressuscité a conservé ses plaies car, après Dieu lui-même, ce sont les plaies du Fils du Très-Haut qui sont ensuite le plus adorées dans le Ciel par les Anges fidèles, tous les saints, la Très Sacrée Vierge Mère de Dieu également puisque aussi rachetée.
Puissiez-vous mieux comprendre les grâces versées par le Sang de Notre Seigneur à travers le saint sacrement de l'eucharistie et les grâces offertes par la méditation de ses saintes plaies causées par sa Passion à laquelle il s'est donné tout entier, corps et âme, par amour de nous et par volonté de sauver le plus grand nombre des âmes de toute l'humanité.

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

Date de dernière mise à jour : 01/04/2021

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