Signe de Croix II

 

 

 

 

 

 

Signe de  Croix

Partie II

Le signe de la croix est un héritage des premiers chrétiens. Il est une prière universelle au même titre que le Pater Noster. Montrons combien cet héritage est digne d'être encore vécu, non comme nous pensons devoir le vivre, mais comme les premiers chrétiens eux-mêmes le vivaient.

Préjugés en faveur des premiers chrétiens :

1. Les Apôtres du Christ. Puisque les premiers chrétiens avaient tout reçu des Apôtres (baptême, doctrine...) et qu'ils pratiquaient si souvent le signe de la croix, c'est bien parce que les Apôtres étaient considérés comme les dépositaires et les organes infaillibles de la doctrine du Christ. Si les premiers chrétiens faisaient si souvent ce signe de la croix, c'est bien parce qu'ils suivaient une recommandation apostolique.

2. Leur sainteté.
a. Ils étaient saints parce qu'ils préféraient perdre tout, y compris la vie, plutôt que d'offenser Notre Seigneur. Ils furent persécutés durant trois siècles.
b. Leur charité. "Voyez comme ils s'aiment et comme ils sont toujours prêts à mourir les uns pour les autres" s'écriaient les païens ! Tout était vécu et partagé dans et selon la charité de Notre Seigneur.
c. La soumission. Ils obéissaient aux Apôtres avec une soumission filiale. Saint-Paul, réputé pour être avare en compliments, écrit aux chrétiens de Rome que leur foi est célèbre dans le monde entier (Rm 1,8); et à ceux d'Asie, qu'ils l'aiment tellement que, s'ils l'avaient pu, ils se seraient arraché les yeux pour les lui donner (Ga 4,15). A sa prière, toutes les Eglises volent au secours des frères de Jérusalem, et Philémon reçoit Onésime.
d. Les Pères de l'Eglise. Témoins occulaires, ils ont continué de rendre le plus éclatant témoignage à leur sainteté.
e. Les historiens païens. Ils reconnaissaient leur innocence et les persécuteurs eux-mêmes rendaient hommage à leur vertu. "Une multitude énorme périt dans les plus affreux supplices. Ils étaient innocents de ce qu'on leur reprochait; mais ils étaient coupables de la haine du genre humain." (Tacite)

3. La pratique des vrais chrétiens dans les siècles suivants. C'est dans ces nombreuses communautés religieuses d'hommes et de femmes, séparés du monde, qu'on trouve avec le plus de fidélité, le véritable esprit de l'Evangile et la pure tradition des enseignements apostoliques.

4. L'usage de l'Eglise. Les siècles passent, et avec les siècles, les hommes changent; lois, habitudes, modes, langages, manières de voir et de juger : tout se modifie. Seule, l'Eglise ne change pas. Immuable comme la vérité, dont elle est la maîtresse (I Tm 1,15), ce qu'elle enseignait, ce qu'elle faisait hier, elle l'enseigne, elle le fait aujourd'hui, elle l'enseignera, elle le fera demain et toujours. Depuis plus de dix-neuf siècles, l'Eglise commence, continue et achète tout par le signe de la croix. De toutes ses pratiques, le signe de la croix est la principale, la plus ordinaire, la plus familière. Il est l'âme de ses exorcismes, de ses prières et de ses bénédictions. Ce que nous lui voyons faire sous nos yeux, dans nos églises, elle le faisait sous les yeux de nos pères, dans les catacombes. "Sans le signe de la croix, rien parmi nous ne se fait légitimement, rien n'est parfait, rien n'est saint." (St-Cyprien, de Bapt. chr.; St-Augustin, Tract. 128, in Joan, n. 5)

5. Ceux qui ne font pas le signe de croix. Les païens, les juifs, les musulmans, les hérétiques, les mauvais catholiques.

Citations des Pères de l'Eglise :

Des Pères, des saints et des Docteurs de l'Eglise ont parlé du signe de la croix. Ils en ont parlé avec amour et humilité, nous révélant la Toute-Puissance de Dieu par ce signe. Ecoutons-les sagement :
Tertullien (155-222) :
"A chaque mouvement et à chaque pas, en entrant et en sortant, en nous habillant, en nous chaussant, en nous baignant, en nous mettant à table, en allumant les flambeaux, en dormant (les mains croisées sur la poitrine), en nous asseyant, quoi que nous fassions et où que nous allions, nous marquons notre front du signe de la croix." (De Coron. milit. c. III)

Origène (185-253) :
"Portons sur nos fronts l'immortel étendard. Sa vue fait trembler les démons. Eux qui ne craignent pas les Capitoles dorés, ont peur de la croix." (Homil. 7, in divers. Evangil. locis.)
"Telle est la puissance du signe de la croix, que, si vous le placez devant vos yeux, si vous le retenez fidèlement dans votre coeur, il n'y a ni concupiscence, ni volupté, ni fureur, qui puissent lui résister; mais à son aspect toute l'armée de la chair et du péché prend la fuite." (Comm. in epist. ad Rom., lib. 6. n 1)
Saint Ambroise (339-397) :
"Nous devons faire le signe de la croix à chaque action du jour." (Serm. XLIII)

Saint Augustin (354-430) :
"Paul porte partout l'étendard de la croix. Il pêche les hommes et Pierre marque les nations du signe de la croix." (Serm. 28)
"C'est avec le symbole et le signe de la croix qu'il faut marcher à l'ennemi. Revêtu de ces armes, le chrétien triomphera sans peine de son antique et superbe tyran. La croix suffit pour faire évanouir toutes les machinations des esprits de ténèbres." (Lib. de symb., c. I)
"C'est vous-même qui avez voulu que ce signe nous fût imprimé sur le front."

Saint Chrysostome (347-407) :
"La croix se trouve partout : chez les princes et chez les sujets, chez les femmes et chez les hommes, chez les vierges et chez les femmes mariées, chez les esclaves et chez les personnes libres, et tous en marquent la plus noble partie de leur corps, le front... Jamais ne franchissez le seuil de vos maisons sans dire : Je renonce à Satan et je m'attache à Jésus-Christ, et sans accompagner ces paroles du signe de la croix." (Quod Christus sit Deus; et Homil. XXI, ad popul. Antioch.)
"Ne sors jamais de ta maison sans faire le signe de la croix. Il sera pour toi, bâton, arme, tour inexpugnable. Ni homme ni démon n'osera t'attaquer, en te voyant couvert d'une pareille armure. Qu'à toi-même ce signe apprenne que tu es un soldat prêt au combat contre le démon, et luttant pour la couronne de justice. Ignores-tu ce qu'a fait la croix ? La mort, vaincue, le péché détruit, l'enfer vidé, Satan détrôné, l'univers ressuscité : et tu douterais de sa puissance !" (Homil. 22, ad popul. Antioch.)

"Paul établit ici (I Tm 4,4;5) deux choses : la première, que nulle créature n'est immonde. La seconde, qu'en la supposant telle, le moyen de la purifier est sous la main. Faites-lui le signe de la croix, rendez grâces et gloire à Dieu, et à l'instant toute souillure disparaît." (Homil. 12)
"Lorsque vous faites le signe de la croix, rappelez-vous ce que la croix signifie, et vous apaisez la colère et tous les mouvements désordonnés de l'âme." (De ador. pret curc., n. 3)

Saint Cyprien (???-258) :
"Dextra manu in nomine Christi quos crucis signo obsignandi sunt obsignamus." (Quoest., 118)

"Seigneur, Prêtre saint, vous nous avez légué trois choses impérissables : le calice de votre sang, le signe de la croix et l'exemple de vos douleurs."

Saint Cyrille (380-444) :
"Ce signe est une grande puissante. Il est gratuit à cause des pauvres; il est facile à cause des faibles. Bienfait de Dieu, étendard des fidèles, terreur des démons, loin de te porter à le dédaigner, que sa gratuité même augmente ta reconnaissance." (Catech., XIII)

Saint Ephrem (306-373) :
"Le signe de la croix est l'armure invincible des chrétiens. Soldat du Christ, que cette armure ne te quitte jamais, ni le jour, ni la nuit, ni dans aucun instant, ni dans aucun lieu. Sans elle n'entreprends rien. Mais que tu dormes ou que tu voyages, que tu veilles ou que tu travailles, que tu manges ou que tu boives, que tu navigues sur mer ou que tu traverses les fleuves, sois toujours revêtu de cette cuirasse. Orne et protège chacun de tes membres de ce signe vainqueur, et rien ne pourra te nuire. Nul bouclier aussi puissant contre les traits de l'ennemi. A la vue de ce signe, les puissances infernales, effrayées et tremblantes, prennent la fuite." (De Panoplia et de Poeniten., apud Gretzer, p. 580, 581 et 612)

Saint Grégoire de Nazianze (329-389) :
Défiant le démon, il lui disait : "Si tu oses m'attaquer au moment de ma mort, prends garde, je te mettrai honteusement en fuite par le signe de la croix." (Carm. 22)

Saint Grégoire de Nysse (335-395) :
Parlant de sa soeur bien-aimée, sainte-Macrine, que lui-même assista dans ses derniers moments, il s'exprime ainsi : "Elle disait : Seigneur, pour mettre l'ennemi en fuite et protéger leur vie, vous avez donné à ceux qui vous craignent le signe de la croix. En prononçant ces paroles, elle formait le signe adorable sur ses yeux, sur ses lèvres et sur son coeur."

Saint Jérôme (340-420) :
"Le signe de la croix est un bouclier qui nous met à couvert des flèches enflammées du démon." (Ep. 18, ad Eustoch.)

Divers :
"Que le signe de la croix se fasse constamment sur le coeur, sur la bouche, sur le front, à table, au bain, au lit, à l'entrée et à la sortie, dans la joie et dans la tristesse, assis, debout, en parlant, en marchant, bref, en toutes nos oeuvres. Faisons-le sur notre poitrine et sur tous nos membres, afin que notre être tout entier soit couvert de cette invincible armure des chrétiens." (St-Gaudent, episc. Brixien., Trait. de lect. évang.; St-Cyrille de Jérusalem, Catech., IV, n. 14; St-Ephrem, de Panoplia)

Faisons justice de la grande objection des modernes contemplateurs du signe adorable, le signe de la croix. "Autres temps, autres moeurs, disent-ils. Ce qui était utile, nécessaire même dans les premiers siècles de l'Eglise, ne l'est plus aujourd'hui. Les temps sont changés; il faut vivre avec son siècle." Saint-Paul leur répond : Jésus-Christ était hier, il est aujourd'hui et il sera le même aux siècles des siècles (He 13,8). Et Tertullien ajoute : "le Verbe incarné s'appelle la vérité et non la coutume."

4 exemples de la préfigure de la croix du Christ dans l'Ancien Testament :

(Gn 48,13-16) Jacob est sur le point de mourir. Autour de lui sont ses douze fils, pères futurs des douze tribus d'Israël. Inspiré de Dieu, le saint patriarche annonce à chacun ce qui doit lui arriver dans la suite des siècles. A la vue d'Ephraïm et de Manassès, les deux enfants de Joseph, le vieillard ému appelle sur leurs têtes toutes les bénédictions du Ciel. Pour les obtenir, que fait-il ? Il croise les bras, dit l'Ecriture, et place la main gauche sur l'enfant qui est à sa droite, et la droite sur l'enfant qui est à sa gauche. Voilà le signe de la croix, source éternelle de bénédictions.

(Ex 17,8-12) "Pourquoi Moïse, au moment où Josué va combattre Amalech, fait-il ce qu'il n'a jamais fait, priant les mains étendues ? Dans une circonstance si décisive, n'aurait-il pas dû, pour donner plus d'efficacité à sa prière, fléchir les genoux, se frapper la poitrine et se prosterner le front dans la poussière ? Rien de tout cela. Pourquoi ? Parce que le combat du Seigneur qui se livrait contre Amalech préfigurait les batailles du Verbe incarné contre Satan, et le signe de la croix par lequel il devait remplacer la victoire." (Tertullien, Contre. Marcion., n. 111) "Amalech, ce sont ces mains étendues en croix qui t'ont vaincu." (St-Jean de Damas, De Fid. orthod., lib. IV, c. XII)

"Moïse, les mains étendues, restant sur la montagne jusqu'au coucher du soleil, soutenu par Hur et Aaron : qu'est-il autre chose que le signe de la croix vivant ?" (St-Justin, Dialog. cum Tryph., n. 666)

(Jg 16,26-31) "Placé entre deux colonnes qui soutiennent tout l'édifice, le fort d'Israël (Samson) étend ses bras en forme de croix. Dans cette attitude toute-puissante, il secoue les colonnes, les ébranle, écrase ses ennemis : et comme le grand Crucifié, dont il était la figure, il meurt lui-même enseveli dans son triomphe." (St-Augustin, Serm. 117, de Temp.)

(Ez 9,4-6) Au temps du prophète Ezéchiel, les abominations de Jérusalem étaient au comble. Un personnage mystérieux, dit le prophète, reçoit ordre de traverser la ville et de marquer du signe T le front de tous ceux qui gémissaient des iniquités de cette coupable capitale. A ses côtés, marchaient six autres personnages, portant chacun une arme de mort, avec ordre de tuer indistinctement tous ceux qui ne seraient pas marqués du signe salutaire. Comment ne pas voir là une figure frappante du signe de la croix, qui se fait sur notre front ? Ainsi l'entendent les Pères de l'Eglise, entre autres, Tertullien et saint Jérôme : "De même que le signe Tau, marqué sur le front des habitants de Jérusalem, qui gémissaient sur les crimes de cette ville, les protégeait contre les anges exterminateurs, ainsi le signe de la croix dont l'homme marque son front est une assurance qu'il ne sera pas la victime du démon et des autres ennemis du salut, s'il gémit sincèrement des abominations que ce signe interdit." (Tertullien, adv. Marcion., lib. III, c. XIII; St-Jérôme, in Ezech., c. X)

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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