Si ce n'est pas Dieu

 

 

 

Si ce n'est pas Dieu

 
 
 
Tout est dans l'objet du message : si ce n'est pas Dieu qui créa le mal, qui alors ?
saint Augustin (ou SanAug ou Augustinius)
Paix à vous dans le Christ vraiment ressuscité,
Puisque Dieu n'a pas pu créer le mal, il faut se tourner nécessairement vers des créatures raisonnables, soit les Anges, soit les hommes. L'Ecriture nous donne une réponse claire :
C'est par l'envie du diable que la mort est venue dans le monde (Sg 2,24), sous-entendu que la mort n'existait pas juste après la Création. Dans un précédent article, en parlant de la datation possible de la création des Anges et de l'éloignement définitif de Dieu d'une partie d'entre eux, nous avons montré que le mal existait avant même la création de l'homme
(Eccli 10,22 L'orgueil n'a point été créé avec les hommes,).
Puisque Lucifer fut chassé du Paradis par Dieu, ne peut-on pas dire que c'est Dieu qui a mis cet Ange dans les ténèbres, séparé à jamais de la lumière, le privant ainsi éternellement de la béatitude ? L'auteur sacré répond :
Celui qui égare les hommes droits dans la voie mauvaise tombera lui-même dans la fosse qu'il a creusée; mais les hommes intègres posséderont le bonheur. (Pr 28,10)
Il en fut de même pour Lucifer, son orgueil l'ayant précipité dans l'enfer que lui-même (son orgueil) créa.
Adam, comme toutes les créatures,
fut créé bon (Gn 1,27-28a)
et vivait dans le bien (Gn 2,8*).
Le mal existait seulement dans le Serpent et affectait nullement l'homme tant que celui-ci usait raisonnablement de son libre-arbitre pour ne pas céder à la tentation et rester dans le bien. Pourtant certains Pères ne semblent pas tout à fait d'accord avec cette vérité :
Ce malheur qui domine maintenant l'humanité, c'est l'homme lui-même l'inventeur de la malice et non point découvreur d'une malice créée par Dieu. (S. Grégoire de Nysse, Homélies sur le cantique des cantiques)
Il faut dire que si le mal est né dans le monde invisible par Lucifer, il est né dans le monde visible par Adam, quand bien même Eve pécha la première.
Le mal est ainsi un produit du diable et de l'homme, d'abord du diable
(Is 14,11-15) puis de l'homme
(Mc 7,21-23 c'est du cœur que viennent des pensées mauvaises: meurtres, adultères, fornications, vols, faux témoignages, blasphèmes... toutes ces choses mauvaises viennent du dedans et souillent l'homme)
tous deux s'étant librement détournés de Dieu. Le mal existait dès l'origine comme possible de la liberté humaine : cela était indispensable pour que celle-ci fût réellement parfaite; si l'homme n'avait eu la possibilité de faire le mal, il n'aurait pas été totalement libre.
Adam pécha, il commit un acte mauvais, un acte qui lui retira du bien qui lui était promis et destiné, pour mettre à la place du mal - cette dernière proposition n'étant pas acceptable d'un point de vue théologique mais l'analogie a pour unique fin d'aider à la compréhension.
(**)
Eccli 10,14 Le commencement de l'orgueil est d'apostasier Dieu;
Eccli 10,15 Parce que son cœur s'est retiré de celui qui l'a fait; parce que le commencement de tout péché est l'orgueil; celui qui s'y tiendra attaché sera chargé de malédictions, et l'orgueil le renversera à jamais.
(*) L'Eden était un paradis, préfigurant le Paradis, et non pas le Paradis. Deux points essentiels distinguent le paradis terrestre du Paradis :
1. Sous la forme d'un serpent, Satan put entrer dans l'Eden afin de tenter. 
2. Adam et Eve purent librement se détourner de Dieu. Dans le Paradis (uniquement accessible par le Christ),
aucun démon ne peut y entrer (Lc 16,26),
la tentation n'existe plus, c'est-à-dire que la liberté de l'homme n'est plus à l'image de la liberté d'Adam pécheur (qui choisit entre le bien et le mal selon sa propre perception), mais à l'image de la liberté du Christ qui est celle de toujours choisir entre un bien et un autre bien (selon la perception divine).
(**) La doctrine de l'Eglise enseigne que tout péché commis retire à l'homme un surcroît de grâce promis, surcroît proportionnel à la gravité du péché. C'est pourquoi, plus un homme est pécheur, quand bien même il pourra être sauvé, plus il sera éloigné du Trône de Dieu tout en vivant éternellement dans une joie parfaite. Toutefois cette joie sera moindre que celle vécue par les saints qui auront été moins pécheurs (selon le regard du Christ), ayant le privilège de vivre plus près du Trône de Dieu, la Bienheureuse Mère de Dieu ayant le privilège d'être la plus proche, parmi tous les saints, devant Dieu. Dans le Ciel (comme en Enfer), il y a divers degrés de joie, de sainteté, de perfection, de plénitude dans la béatitude, de connaissance et de compréhension des choses célestes. La hiérarchie angélique décrite par saint Denys l'Aéropagyte puis par saint Thomas d'Aquin le montre clairement, même si le premier en parle suivant l'inspiration, le second selon la raison (inspirée).

 
Paix à vous dans le Christ vraiment ressuscité.
Chère amie en Christ, je ne suis pas étonné que vous ayez souligné ce passage. Loin de moi de reprocher quoi que ce soit mais entre la sainte doctrine (dix-neuf siècles) et la néo-doctrine oecuménique conciliaire, il y a des divergences fondamentales qui font que nous sommes obligés, malheureusement, de rappeler certaines vérités que l'Eglise actuelle a sciemment supprimées pour enseigner des contre-vérités (...).

Lorsque Adam était vierge de tout péché, il marchait dans la présence du Seigneur, c'est-à-dire qu'il vivait dans la sainteté. Dès qu'il commit son premier péché, nous lisons que cela lui valut d'être retiré de l'Eden. Cette "figure" montre que le péché éloigne de Dieu, puisque les ténèbres ne peuvent se mélanger à la lumière. Or là où il y a péché, là il y a ténèbres, là il y a absence de Dieu, non pas que Dieu ne soit plus présent, mais le lien de grâce entre la créature et son Créateur s'est comme distendu.

Vous avez raison de dire, et l'Eglise conciliaire le rappelle aussi, que Adam (et Eve), bien que retiré de l'Ede, à tout jamais, fut pardonné par Dieu et que, désormais, il vit au Ciel auprès des saints, dans l'attente de la résurrection des corps. Là où le péché abonda, la grâce surabonda, un des sens de cette sublime vérité est que la miséricorde du Christ triompha du péché en réconciliant Adam au Père, en lui permettant, par la mort puis la résurrection de Notre Seigneur, de vivre désormais auprès de Dieu et de voir Dieu dans son essence, comme ce fut le cas avant le péché originel. Mais que ce serait-il passé si Adam n'avait jamais péché ?

De nouveau, vous dites vrai. Cela n'aurait été possible que si la volonté de notre premier parent aurait été en permanence librement tournée vers Dieu, immensément soutenue par la force de la Parole de Dieu. Cette absence de péché aurait maintenu Adam dans une sainteté qu'il ne put retrouver de son vivant parce que l'esclavage du péché empêche le libre et plein attachement au Christ. Ainsi, Adam pécheur, bien que vivant désormais parmi les cieux, possède une place plus éloignée de Dieu que Adam non pécheur. Et cela est justice. Alors que l'Eglise actuelle mise tout sur l'amour et la miséricorde, elle a occulté la justice qui fait que Dieu rend aussi selon les oeuvres. Cela qui a combattu toute sa vie contre le péché mérite plus que celui qui a "grandement" péché et qui s'est ensuite converti à la vraie foi. Il ne s'agit pas de dire que nous jugeons à la place de Dieu - dans le sens de condamner - mais la sainte Ecriture, puis la Tradition de l'Eglise le rappellent sans cesse. La Bienheureuse Mère de Dieu est plus élevée que tous les saints réunis. Saint Jean est plus élevé que les autres Apôtres. Saint Françoise d'Assise est un des saints les plus élevés parmi les cieux. Est-ce condamner les autres saints ? Non, c'est simplement rappeler que la vertu non entachée produit un fruit meilleur que le vice effacé et remplacé par la vertu.

Pour vous aider à mieux comprendre ce que nous rappelons, saint Thomas d'Aquin rappelle la même vérité en parlant des Anges. Ainsi, le plus petit des Anges fidèles à Dieu est plus puissant que le plus puissant des Anges déchus parce que la fidélité à Dieu conserve dans la lumière du Christ tandis que l'infidélité à Dieu éloigne de la lumière du Christ, parce que plus une créature est plus proche de Dieu, plus elle est soutenue par Dieu quand bien même Satan s'acharnera davantage pour la faire tomber. Il faut y voir le parallèle intime, étroit et harmonieux entre la miséricorde et la justice divine.

Que faut-il maintenant dire concernant les "grands" pécheurs qui se sont convertis ? Certes, le Ciel se réjouit davantage pour le retour d'une brebis égarée que pour la fidélité des quatre-vingt-dix-neuf autres brebis, mais n'oublions pas la parabole de l'enfant prodigue. Le fils fidèle est jaloux du fils infidèle qui est revenu vers son père. Or que dit le père : "ce qui est à moi t'appartient". Ainsi, la fidélité est plus discrète alors que la conversion est plus manifeste. La fidélité est récompensée d'abord dans l'âme du fidèle alors que la conversion procure une joie qui déborde sur les témoins. La conversion est-elle plus intense que la fidélité ?

Toutes deux procurent une joie immense parmi les saints mais la fidélité possède un plénitude de joie supérieure à la conversion car il est plus difficile de se maintenir dans le bien que de revenir dans le bien. Combien de saints peuvent se vanter d'être restés toute leur vie dans le bien ?

Personne car l'humilité les prive de ce type de regard laissé aux soins du Christ et au jugement (partiel) des témoins éventuels. Mais les saints qui ont rejoint le Christ dans son royaume reconnaissent que la perfection, la plénitude de la béatitude est d'autant plus élevée que l'âme a oeuvré durant sa vie pour la gloire de Dieu. Cet enseignement se retrouvent chez les Pères du désert et il mérite toute notre attention car il invite chacun d'entre nous à rechercher la sainteté parce qu'elle fait vivre auprès de Dieu.

Dieu ne mesure pas nos fautes mais la conversion de notre coeur ?

Pardonnez-nous mais ce propos est un non-sens car un coeur ne peut se convertir - contrairement à l'âme - et Dieu mesure réellement nos fautes sinon pourquoi Jésus Christ dit-il que celui qui est revenu d'un péché mais qui tombe de nouveau sciemment dans ce même péché risque bien plus ? Vous faites allusions au Témoins de Jehovah qui n'ont rien de chrétien. Et nous, nous rappelons cette hérésie luthérienne : plus nous péchons, plus nous sommes sauvés par notre foi incline Dieu à donner toujours et encore sa miséricorde.
Je ne rebondirai pas ici en détail sur le passage évangélique des publicains et des prostituées. Tant de prêtres ont du mal à commenter correctement la sainte Ecriture (préférant parler d'écologie, de football, alors que l'essentiel et le premier est la foi car sans la foi dans le Christ, point de salut !). Aussi vaudrait-il mieux consacrer un autre article pour commenter ce beau passage de Notre Seigneur.

Bien fraternellement dans le Christ, saint Augustin (ou SanAug ou Augustinius)

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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