Regina Coeli II

 

 

 

Le Regina Coeli

 
 
Partie II
 
Pourquoi donner un parrain et une marraine à une cloche ?
 
Lorsqu'on apporte un enfant aux fonts sacrés, c'est le parrain et la marraine qui le nomment. Comme la cloche doit avoir un nom, il faut aussi qu'elle ait un parrain et une marraine, chargés de le lui donner. Choisi d'avance, ce nom est gravé sur la cloche, au-dessous de la croix en relief, qui la marque du sceau de Notre Seigneur et la consacre à son culte. Il est bien entendu que ce nom est toujours un nom de sainte ou de saint.
 
Pourquoi donner un nom à une cloche ?
 
Afin de la distinguer des autres cloches qui peuvent se trouver dans le même clocher. On lui donne un nom de saint, parce qu'elle est une chose sacrée. Il y a une raison plus intime encore de ce vénérable usage. Avec ce sens délicat de piété et de la foi, qu'on admirera jamais assez, nos ancêtres avaient identifié la cloche avec le saint ou la sainte dont elle porte le nom. Lorsqu'elle sonnait, ce n'était pas la cloche, c'était Marie, Elisabeth, Geneviève, Adélaïde, Jean-Baptiste, qui appelait à l'église.
Dans les solennités, c'étaient toutes ces voix réunies; et l'allégresse, et la dévotion, et le saint empressement en étaient augmentés. (Bona., ubi suprà.) De combien de jouissances se prive l'homme animal, animalis homo, qui ne comprend plus les choses divines !
La cloche est nommée : reste à lui donner sa mission. Dans ce but, le parrain et la marraine s'approchent de leur filleule, prennent le battant et la font parler. Mais c'est la voix d'un enfant. Bientôt suspendue au clocher, sa voix sera la voix d'une grande personne, qui fera retentir les airs de ses sons majestueux.
La cérémonie se termine par le chant de l'Evangile, où se trouve rapportée l'entrée de Notre Seigneur dans la maison de Marthe et Marie. Quelle éloquente manière de dire que la cloche a pour but d'enseigner aux chrétiens la vie active de Marthe et la vie contemplative de Marie !
Aux uns elle dit :
"Pourquoi donc tant vous inquiéter, et vous agiter ainsi à la poursuite des choses passagères ?
Ô enfants des hommes, jusqu'à quand aimerez-vous la vanité et vous attacherez-vous si aveuglément au mensonge !"
A d'autres chrétiens, elle dira ce que le Sauveur disait à Marie :
"Quant à vous, pieux fidèles qui recevez avec joie les avertissements que je ne cesse de vous donner, qui accourez avec tant d'amour aux saintes assemblées que je vous annonce, persévérez fidèlement dans la poursuite de l'unique nécessaire : vous avez choisi la meilleure part qui ne vous sera point ôtée."
 
Pourquoi, en sonnant l'Angelus, ce nombre de trois que vous répétez trois fois, à de légers intervalles ? "
Je sonne le nombre trois, pour rappeler les trois personnes de la Trinité, auxquelles le monde est redevable de l'Incarnation.
Je le sonne neuf fois, en l'honneur des neuf choeurs d'anges, pour inviter les habitants de la terre à bénir avec eux leur commun bienfaiteur.
Entre chaque tintement, ou mieux entre chaque soupir, je laisse un intervalle, pour que ma voix descende plus doucement dans les coeurs, et éveille plus sûrement l'esprit de prière."
 
Pourquoi, après le tintement de l'Angelus, faites-vous éclater votre voix ?
"Je chante une double délivrance. La délivrance des vivants par le mystère de la Rédemption; la délivrance des trépassés par l'indulgence attachée à l'Angelus. Au Purgatoire, je sonne un bonheur, et à Marie la salutation d'une âme qui entre dans le ciel. Ainsi le veut l'Eglise de la terre, pleine de tendresse pour sa soeur souffrante. Plusieurs ne savent pas ce que je veux dire; mais les chrétiens éclairés me comprennent, et ils répondent à mon appel par le Requiescant in pace, ou par le De profundis."
(A Rome, où les mystères de la piété catholique sont mieux connus que partout ailleurs, on sonne une petite cloche après l'Ave Maria, afin d'avertir les fidèles de prier pour les âmes du Purgatoire. Ang. Rocca, t. I, c. XVII, p. 179. A cette intention, beaucoup disent un Pater et un Ave, et plus généralement le De profundis.)
 
Pourquoi chantez-vous au baptême ?
"Je suis la trompette de l'Eglise militante et j'annonce avec bonheur qu'un nouvel enfant lui est donné. J'engage ses frères d'armes à se réjouir et à prier pour ce futur soldat, dans les combats de la vertu. Pendant qu'on écrit son nom sur les registres de la terre, je chante son inscription dans le livre du ciel. Pour redire sa gloire et l'infinie bonté de Dieu, pourrais-je ne pas faire entendre ma voix la plus gracieuse et la plus sonore ?"
 
Pourquoi pleurez-vous à l'agonie ?
"Si vos joies sont mes joies, vos douleurs ne doivent-elles pas être mes douleurs ?
Pour soutenir le jeune chrétien dans les combats de la vie, j'ai demandé vos prières : comment ne pas les solliciter dans les luttes de la mort ?
Entre toutes, ces luttes ne sont-elles pas les plus terribles et les plus décisives ?"
 
Nos pères l'avaient compris. Dans beaucoup d'églises était la cloche de l'agonie. Lorsqu'un malade approchait de sa dernière heure, elle faisait entendre sa voix, et par des tintements, répétés de loin en loin, semblables aux lentes pulsations d'un pouls qui va cesser de battre, elle appelait tous les fidèles à la prière.
     
 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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