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Regina Coeli I

 

 

 

Le Regina Coeli

 
 
Partie 1
 
Que fait l'Eglise en remplaçant au jour de Pâques, l'Angelus par le Regina ? Dans l'enivrement de sa joie, elle chante : "Oui, le Verbe s'est véritablement fait chair; oui, Marie est vraiment la mère de Dieu; oui, la Rédemption du monde est vraiment accomplie; oui, le grand Lazare a été tiré du tombeau : il vit, et que par son attitude même dans la prière, il montre qu'il est ressuscité. Voilà ce que prouve avec l'évidence de la lumière, la résurrection du Verbe incarné. Si donc l'Angelus annonce la Rédemption, le Regina en chante l'accomplissement. L'un dit : vous serez rachetés; l'autre dit : vous l'êtes. Tous deux disent à Marie : "Réjouissez-vous; vous êtes la plus bénie des femmes, la plus heureuse des mères, la plus glorieuse des Reines; et à nous tous : Exilés dans la vallée des larmes, consolez-vous. La vie d'ici-bas n'est pas la vie : elle est dans le ciel. Là est un père qui vous tend les bras et une mère qui veille sur vous." Telle est la cause mystérieuse et la consolante signification du Regina Cœli.
 
 
Quelle est l'origine du Regina Cœli ?
Elle n'est pas moins divine que celle de l'Angelus. Au mois de novembre de l'année 589, le Tibre déborda avec tant de fureur, qu'il pensa abîmer la ville de Rome. En se retirant, le fleuve laissa dans les campagnes une infection qui causa une peste violente. Le pape Pélage II en fut emporté un des premiers, et sa mort suivie d'une désolation générale : le fléau ravagea la ville entière. Saint Grégoire le Grand, successeur de Pélage, comprit qu'il fallait apaiser la colère de Dieu par des prières, des jeûnes et les larmes de la pénitence. Il exhorta son peuple à le seconder par un changement sincère de vie. Les pieux habitants de la ville éternelle répondirent avec empressement à l'appel du Pontife. Afin de mettre de l'ordre dans les assemblées des fidèles, qui devaient se rendre en procession aux prières publiques, Grégoire partagea le clergé, les religieux et le peuple en sept corps. De là, le mont de Litanie septiforme, donné à la procession de Saint-Marc, qui se fait encore aujourd'hui. Parties, à neuf heures du matin, de la basilique de Sainte-Marie-Majeure, les processions se dirigeaient en bel ordre vers la basilique du Prince des Apôtres, et duraient une bonne partie de la journée. Trois jours de suite, toutes les rues de la ville retentirent du cri du repentir : Kyrie eleison, Seigneur ayez pitié. Le saint Pape portait, entre ses mains, l'image de la sainte Vierge, qu'on croit peinte par saint Luc et qui se voit encore à l'église de Sainte-Marie-Majeure, où elle est l'objet de la vénération séculaire, non seulement des habitants de Rome, mais de tous les pèlerins catholiques de la ville éternelle. Dès le premier jour, on avait vu, en moins d'une heure, quatre-vingts personnes frappés de la peste tomber et mourir. Un si triste spectacle ne fut pas capable de décourager saint Grégoire, dont la foi obtint bientôt sa récompense. Au troisième jour, la procession arrivait au pont qui joint la ville au quartier du Vatican. Tout à coup, un concert d'anges se fait entendre au-dessus de la sainte image. Ces esprits bienheureux chantaient. "Reine du ciel, réjouissez-vous, alleluia. Car Celui que vous avez mérité de porter, alleluia est ressuscité comme il l'a dit, alleluia." Après ces paroles, les voix célestes se turent. Alors le Pontife, osant unir les supplications de la terre au chant triomphal des cieux, ajoute avec transport ces paroles : Priez Dieu en notre faveur, alleluia; et l'antienne pascale se trouva ainsi composée. Grégoire levant ensuite les yeux au ciel aperçut, sur la cime du Môle d'Adrien, l'ange exterminateur, qui, après avoir essuyé son épée ensanglantée, la remettait dans le fourreau. En mémoire de cette apparition, le Môle d'Adrien porte depuis longtemps le nom de fort Saint Ange; et il est surmonté d'une statue colossale en bronze représentant l'ange exterminateur, qui abaisse son glaive et le fait rentrer dans le fourreau. (Durand, Rational. div. offic., lib. VI, c. LXXXIX, n. 2; Sigonius, De Regno Italiœ, lib. II; Canisius, De Virg. Deipar., lib. V, c. XXII; Macri, Hierolexicon, v. Litania; dom Guéranger, Temps pascal, p. 131, étid. in-12, 1859) A l'instant même, le fléau cessa. Quatre faits encore subsistants attestent ce miracle. La procession de Saint-Marc, qui se fait chaque année dans l'église d'Occident; la statue de bronze de l'archange saint Michel, placée au-dessus du Môle d'Adrien, qui prit dès lors le nom de château Saint-Ange; l'antienne Regina Cœli que l'Eglise ne cesse de répéter depuis ce jour mémorable. Enfin, l'inscription suivante dont je vais vous parler. Quand vous ferez le voyage de Rome, vous ne manquerez pas de monter au Capitole et de visiter la très curieuse et très vénérable église d'Ara cœli, bâtie sur l'emplacement même du temple de Jupiter Capitolin. A la voûte du sanctuaire, et directement au-dessus du maître actuel, vous lirez, écrite en grandes lettres d'or, l'inscription suivante : Regina Cœli lœtera, alleluia. A la prière de saint Grégoire et au chant des anges, l'Eglise a ajouté, comme pour l'Angelus, le verset et le répons suivants : Réjouissez-vous et tressaillez, vierge Marie, alleluia; car le Seigneur est vraiment ressuscité, alleluia; puis l'oraison.  
(B) La cloche
Tandis que les autres prières, publiques ou privées, se disent seules, à haute ou basse voix, l'Angelus, par un privilège unique, se récite et doit toujours se réciter au son de la cloche. Ainsi le veut l'Eglise et cela, sous peine de ne pas gagner les indulgences attachées à cette prière.
 
1) Origine de la cloche
Le tintinnabulum ou la clochette, qu'on peut appeler la cloche rudimentaire, est nommée pour la première fois dans le livre de l'Exode. Le bas de la tunique d'Aaron, dit le Seigneur à Moïse, sera entouré de clochettes d'or, afin que tout le monde l'entende lorsqu'il entrera dans le sanctuaire. (Ex 28,33-34) Au nombre de soixante-douze, ces clochettes avaient pour but de rappeler aux enfants d'Israël, que la loi avait été donnée au bruit des trompettes. (Corn. a Lap., in Eccli, XIV, 10) De l'Orient, les clochettes passèrent en Occident. Chez les Grecs on s'en servait pour différents usages de la vie civile. On trouve chez les Romains les mêmes usages civils et religieux. Pline apporta qu'on en avait mis au tombeau de Porsenna. Agitées par le vent, ces clochettes s'entendaient d'assez loin. La présence des clochettes au tombeau de Porsenna n'est pas une exception. Fondés sur une ancienne tradition, les Romains attribuaient à la clochette la vertu d'éloigner les mauvais esprits de la demeure des morts, et même du séjour des vivants. Voilà pourquoi ils les sonnaient aux funérailles et dans leurs sacrifices. Cette tradition avait un fond de vérité, que l'Eglise fera reparaître dans tout son éclat. Après Constantin, on se servit de trompettes pour appeler les chrétiens à la prière. L'Eglise d'Orient faisait usage de deux planches, qu'on frappait l'une contre l'autre. Cet usage dura jusqu'à la fin du IXè siècle, époque à laquelle les cloches furent introduites en Orient. (Duranti, De Ritib. Eccl. cath., lib. V, c. XXII, p.175) Elles disparurent avec la domination des Turcs. Nul ne peut dire à quand remonte l'usage des cloches. En tout cas, il était répandu dans l'Eglise latine avant le VIè siècle. Nous avons là-dessus le témoignage de Benoît XIV. C'est donc une erreur d'attribuer, comme quelques-uns, l'invention des cloches au pape saint Sabinien qui vivait au VIIè siècle (604). (Instit. Eccl. XX, n. 2, et Dubium, 6; Bona, Rerum Liturg., lib. 1, c. XX, p. 194)
 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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