Qui est Satan I ?

   
 
 

 

 

 

Qui est Satan ?

Satan tente-t'il par le bien ?


 
A) Qui est Satan ?

Le mot diable vient du grec diabolos qui vient lui-même de l'hébreu Satan (Sâtânâ en araméen, Satan en latin, Sôttôn en copte) qui signifie ennemi, adversaire.
Aux yeux de Dieu, Lucifer est son plus grand ennemi puisqu'il oeuvre pour essayer de faire échec à toutes les actions divines, en particulier auprès des hommes, dont la finalité est le salut de l'humanité : Lucifer est désormais appelé Satan.
De même, il est surprenant mais pas totalement faux de dire qu'aux yeux de Lucifer, Dieu est Satan, puisque Dieu, qui est amour, agit uniquement selon son amour, contrariant ainsi les plans de Lucifer qui ne naissent que dans la haine et ont pour finalité la chute de l'homme.
Plus généralement, disons que si A agit pour l'amour et que B agit pour le non amour, alors A (resp. B) est ennemi de B (resp. A), c'est-à-dire que A (resp. B) est Satan par rapport à B (resp. A) puisque A (resp. B) agit contre B (resp. A).
Lorsque Jésus s'adresse à Pierre pour lui dire : hors de moi Satan, tu m'es un scandale ! (Mt 16,23 Vade post me Satana, scandalum es mihi), il ne s'agit pas de lire au premier degré, sinon nous devrions croire que Pierre est Satan ou que Satan s'est incarné en Pierre (sic !). En réalité, Pierre vient d'exprimer à Jésus quelque chose qui va à l'encontre du plan de Dieu et nous savons que tout ce qui va à l'encontre de Dieu, ne provient pas de Dieu, mais de Satan.
Et ce qui ne provient pas de Dieu est un obstacle à la réalisation du plan divin et de sa volonté. C'est pour cela qu'ici, Pierre est un scandale pour Jésus. Dans un autre article, nous avons expliqué le sens véritable du mot scandale.
De tout cela, nous pouvons conclure que 1. Lucifer est l'ennemi par "excellence" de Dieu, ce qui lui vaut le titre de Satan, 2. toute créature agissant ou parlant contre Dieu peut être appelée Satan sans la confondre avec Lucifer lui-même.

 
B) Qu'est-ce que le bien ?

Parlons-nous d'un bien matériel ou immatériel ? (nature du bien)
Parlons-nous d'un bien que nos sens peuvent appréhender ou d'un bien supérieur ?
Parlons-nous d'un objet qui a une valeur de bien selon notre morale propre ou selon le regard de Dieu ?
Quelle est la finalité de l'utilisation du bien ?


Ces questions et ces précisions nous sont nécessaires pour
1. répondre le plus complètement possible à la question "Satan tente-t-il par le bien ?"
2. reconnaître que plusieurs réponses peuvent êtres correctes et incomplètes sans s'opposer entre elles
3. approfondir notre connaissance de la tentation afin de renforcer notre vigilance dès les prochaines tentations.

Nous supposerons ici que Satan est Lucifer.
 
1) Le bien est matériel ou immatériel.
Satan peut tenter par le bien en suscitant en l'homme le désir d'user de ce bien à l'excès, allant ainsi contre la vertu de la tempérance qui a pour but de modérer l'usage de tout bien. La tempérance permet à l'homme de ne pas devenir esclave du bien utilisé.
(exemples de bien matériel : la richesse, le matérialisme).
(exemples de bien immatériel : pouvoir, luxure, ambition)



2) Le bien est bon par lui-même mais son utilisation peut ne pas l'être.

Nous pensons à certains actes à poser pour soi, à certaines actions à réaliser pour son prochain. Ce bien est bon par lui-même si sa fin est honnête et que cette fin est subordonnée à l'amour de Dieu. Mais connaissant les faiblesses de la nature humaine, Satan pourra proposer ce genre de bien en vue non d'un rapprochement de l'homme vers Dieu, mais de susciter en lui des défauts, de réveiller quelques faiblesses qui finiront par le faire chuter. Ainsi, l'homme peut ressentir le besoin d'aider les pauvres, les malades ou encore les orphelins. Il le fait au départ par amour de Dieu et parce que Dieu le lui demande. Le temps passant, cet homme peut obtenir des résultats positifs (malades soulagés et reconnaissants, pauvres aidés pour trouver un logement...) aux conséquences parfois négatives comme la fierté, la vantardise, le pouvoir, l'auto-suffisance, etc.
Satan a suscité en l'homme le désir de faire de bonnes actions mais dans l'unique but de le faire chuter. Et l'homme tombant, il s'éloigne ainsi de Dieu parce qu'il a succombé à la tentation.


3) Le bien proposé n'est pas de ce monde.

Satan peut tenter l'homme en lui proposant de suivre une action ou une voie en vue d'obtenir un bien divin (plus d'humilité, plus de charité...). La fin est bonne en elle-même et l'âme imprudente et peu réfléchie suivra cette proposition malhonnête. C'est ce qui arriva à Adam et Eve qui voulurent devenir des dieux sans passer par Dieu. Et nous connaissons les conséquences de leur péché. A son niveau, la voie proposée peut sembler à prime abord bonne, sainte, pas trop difficile ni exigeante. Son regard n'étant plus fixé que sur la finalité de la proposition, il ne prend pas le temps de vérifier la voie suivie. La fin ne justifie pas toujours les moyens et un acte correspond véritablement à l'amour de Dieu si l'origine, les moyens et la fin de l'acte sont tous bons en eux, c'est-à-dire mis devant le regard de Dieu. Si l'une des trois partie (origine, moyens, fin) ne semble pas bonne, d'où la nécessité d'une bonne morale fortement ancrée, alors il est certain que cela ne peut venir de Dieu car Dieu veut la sanctification de l'homme (I Th 4,3 Car ce que Dieu veut, c'est votre sanctification) et si un acte n'est pas bon, il ne peut alors contribuer à la sanctification de l'homme.


4) Le bien proposé semble bon selon la morale personnelle.
Parfois, l'homme peut désirer un bien et sa réflexion lui montre que cela est bon à l'origine (le désir du bien), que le moyen proposé est bon et que la fin (son rapprochement de Dieu) est également bonne. C'est alors qu'il s'engage sur la voie, en espérant obtenir un jour, ici-bas ou dans l'autre vie, la récompense de sa démarche. Si la conscience est un des moyens donnés à l'homme par Dieu pour connaître le monde, pour le comprendre, pour réfléchir, pour avancer dans une direction ou pour changer de direction, etc., il ne reste pas moins vrai que la conscience peut parfois faire erreur tant au niveau de sa compréhension d'un bien que dans les moyens de s'en approcher. Plus haut, nous avons parlé de l'importance d'une morale chrétienne (les valeurs et les vertus de Notre Seigneur fortement imprégnées dans la morale du chrétien) mais l'homme, aussi saint soit-il, n'est pas Dieu et il ne lui est pas permis d'être certain de son avenir ni de ne jamais se tromper. Si la grâce d'avoir un bon directeur spirituel n'est pas à remettre en question même si, aujourd'hui, beaucoup (trop) de chrétiens pensent être capables par eux-mêmes d'avancer sans trop faire d'erreurs, il n'est pas facile de rencontrer un bon directeur spirituel. Il reste alors à l'homme tenté par un bien qui lui semble bon selon sa morale, de prendre le temps de l'analyser, surtout si cela doit avoir des répercussions sensibles sur sa vie (privée ou professionnelle), de décortiquer ce bien et de le mettre face à la lumière de ce que l'Eglise enseigne et rappelle. Puisque l'Eglise ne peut se tromper puisqu'elle est sans cesse inspirée de l'Esprit-Saint et qu'elle est le Corps du Christ, la morale de cet homme trouvera un allier puissant et certain, lui donnant des moyens sûrs de savoir si la quête du bien est recommandable en tous points et que cette quête contribuera à le rapprochera de Dieu.
Si Satan peut proposer ce genre de biens, ce n'est naturellement pas pour voir l'homme lui tourner le dos, pour le voir aimer davantage encore Dieu, pour le voir grandir dans la sainteté voire la perfection, mais bien pour le faire chuter et s'en réjouir.
Ce constat fait, il ne faut pas non plus tomber dans l'excès opposé et se dire à l'avenir que dès lors l'homme éprouve le désir de rechercher tel bien, et que cela lui semble absolument bon, Satan est forcément derrière cela !


5) Le bien obtenu rapidement pour pallier certaines grandes souffrances personnelles.

Comment considérer une femme vivant à la rue et qui se met à voler pour pouvoir nourrir son enfant ? Comment considérer un homme malade qui met fin à sa vie parce que ne sentant plus la capacité de supporter ses souffrances en attendant une mort la plus digne possible ?
Certains chrétiens s'empressent de condamner cela mais ils s'empressent moins pour rappeler que nous sommes tous pécheurs, tous malades, tous pauvres, tous souffrants et que nous avons tous besoin de la miséricorde divine parce que nous ne sommes rien par nous-mêmes et encore moins capables de nous sauver.
A ces deux questions, il est juste de dire qu'il y a deux péchés : voler son prochain et décider soi-même de mettre un terme à sa vie, cadeau de Dieu. Ajoutons aussitôt qu'il ne faut pas s'enfermer dans une justice rigide qui dirait tout simplement : "ceci est bien mais cela est mal."
Si Satan a effectivement suscité ces deux désirs dans cette femme et dans cet homme, rappelons que Dieu connaît mieux que personne nos besoins, nos difficultés, nos faiblesses, nos actes manqués, nos désirs. La mère vole non pour satisfaire une soif de richesses ou la gourmandise mais pour contribuer, même petitement, à assurer encore la vie à sa petite chair qu'elle aime. Le malade met fin à ses jours non pour renier Dieu ou pour le défier mais parce que vivant désormais dans une bulle de souffrances si intenses et sans espoir, il ne réussit plus à voir Dieu ou parce qu'il ne croit pas en Dieu, il choisit d'abréger ses souffrances par un moyen qui lui semble le meilleur sur le moment, même si, dans l'absolu, il ne l'est pas.
D'un côté, nous pouvons condamner ces deux actes en tant que tentation. D'un autre côté, tournons-nous vers la miséricorde divine, sa clémence, sa grâce et son amour. Satan a certes apporté un réconfort immédiat, éphémère et relatif, mais Dieu, dans son infinie bonté, donnera au-delà de cela, parce qu'il désire avoir ses enfants auprès de lui, dans une joie parfaite.

 
C) Conclusion
Il est juste de dire que Satan peut tenter par le bien. A la suite de notre réflexion, il est juste aussi d'affirmer que Dieu peut éprouver par le mal. Cela est un autre débat.
 
 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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