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Pardonner I

 

 

 

Pardonner et être pardonné

 
 

Chers frères, nous sommes en plein Carême et peut-être avez-vous choisi de faire pénitence, de penser davantage à Notre Seigneur, de plaire davantage à Dieu par des prières, par un jeûne, par des actes charitables. Le temps de Carême précède le temps de Pâques où Notre Seigneur, ayant vaincu la mort, ressuscite dans son Corps glorieux, et nous, avec lui. Mais cela suffit-il pour faire de nous des hommes nouveaux, des hommes régénérés dans le Sang du Christ ? Il semble que non puisque le Seigneur nous exhorte fermement à nous réconcilier avec notre frère avant de présenter notre offrande à l'autel. Et puisque l'Eglise rappelle que le chrétien se doit de confesser ses péchés au prêtre au moins une fois par an, au moment de Pâques, elle ne cesse aussi de rappeler que si le pardon des péchés est obtenu parce que la miséricorde divine dépasse tout péché et que tout péché sincèrement confessé est absout, le pécheur pardonné se doit réparation. Comment donc ? J'ai eu peine à m'avancer devant le prêtre pour confesser mes péchés et j'ai eu la joie de recevoir humblement le pardon de Notre Seigneur, mais il faut aussi que je répare ? Si l'homme demande sincèrement pardon pour ses fautes, c'est, au moins implicitement, qu'il désire ne plus pécher. Or, la manière de montrer sa sincérité n'est-elle pas de faire acte de réparation, de montrer à l'offensé son vif regret et le désir de donner au moins autant que ce qu'il a pris à l'offensé ? Lorsque le petit Zachée vit Jésus, il reconnut ses péchés et déclara qu'il ferait réparation en rendant plus qu'il n'avait pris. Si cela était inutile ou condamnable, pourquoi ne vit-on pas Jésus l'en interdire ? Ainsi, l'homme qui veut plaire à Notre Seigneur, se doit non seulement de demander pardon pour ses fautes mais de montrer à l'offensé qu'il a retenu la leçon de l'amour de Dieu pour lui, qu'il regrette vraiment sincèrement ses fautes, ses erreurs, ses erreurs, sa colère, sa vengeance... et il en témoigne auprès de l'offensé en faisant réparation.


Bien fraternellement dans le Christ,
votre dévoué saint Augustin


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(Ludolphe le Chartreux, Commentaire du Sermon sur la montagne, extrait du chapitre XXXIV)


Telle est la règle suivie par l'Eglise Romaine : elle absout le coupable qui se confesse, mais elle lui impose une réparation vis-à-vis de l'offensé
. Sachons que si l'offense est connue de celui qui en a été l'objet, nous devons lui demander la réconciliation, mais si l'offense lui est inconnue, nous ne devons pas la lui manifester, de crainte de l'irriter; nous devons simplement alors prier Dieu de nous la pardonner, et la déclarer au prêtre.
"Avez-vous offensé votre frère en pensée, réconciliez-vous en pensée; l'avez-vous offensé en paroles, réconciliez-vous en paroles; l'avez-vous en offensé par des actes, réconciliez-vous par des actes; car la pénitence doit être faite d'une manière conforme à la manière dont le péché a été commis. Si donc vous avez offensé quelqu'un en attaquant sa réputation, vous devez vous réconcilier en la rétablissant." (Saint-Jean Chrysostôme, Hom. XI Oper. imperf.)


Dans ce que nous venons d'exposer, éclate la grande miséricorde de Dieu à notre égard, en ce qu'il cherche plutôt le bien des hommes que sa propre gloire, et qu'il préfère la concorde entre les fidèles aux offrandes qui lui sont faites.
"Ô bonté admirable et amour ineffable de Dieu envers les hommes ! Il dédaigne les hommages qu'on veut lui rendre, si l'on n'exerce pas la charité vis-à-vis du prochain. Il a surtout à coeur de nous unir par les liens réciproques de l'amour fraternel; c'est pour cela qu'il a tout créé, c'est pour cela qu'il s'est incarné; et le but de toutes ses oeuvres, c'est l'union de tous les hommes entre eux." (Saint-Jean Chrysostôme, Hom. XVI in Matth.)


Néanmoins nous voyons également ici la grande sévérité de Dieu, en ce qu'il repousse les voeux et les présents de ceux qui sont désunis.
"Considérez que le Seigneur ne veut pas accepter le sacrifice et le refuse d'agréer l'holocauste des coeurs haineux. Juges par là quel mal doit être celui de la discorde; puisqu'elle fait rejeter ce qui a été établir pour remettre le péché." (Saint-Grégoire, Hom. II in Ezech.)
"Celui qui, en désaccord et en dissidence avec ses frères, n'a pas la paix avec eux, ne saurait effacer l'offense qu'il commet à leur égard par le crime de cette division, lors même qu'il se ferait immoler pour le nom de Jésus-Christ. Oh ! il doit être bien grand ce péché de la dissension, puisque le baptême de sang, le martyre, ne peut ni le laver, ni l'expier !"
(Saint-Cyprien, Unité de l'Eglise)


"Si donc Dieu accepta les présents d'Abel et rejeta ceux de Caïn, c'est parce qu'Abel les offrait au Seigneur avec un coeur pur et simple, tandis que Caïn conservait de la haine contre son frère. Ainsi, le Seigneur accueillit les présents de celui dont il agréait les sentiments." (Saint-Jean Chrysostôme, Hom. XVIII in Gen.)
Mais hélas ! que de fidèles aujourd'hui semblables à Caïn s'approchent de l'autel, la haine et la discorde au fond de l'âme !


"Eh quoi ! Dieu montre une si grande sollicitude pour notre réconciliation, qu'il recommande d'interrompre son service religieux, afin que nous puissions aller rétablir l'union fraternelle ! Et nous ne rougissons pas d'entretenir nos inimitiés, pendant plusieurs années, de prolonger nos discordes indéfiniment, comme si nous ne savions pas que notre châtiment sera d'autant plus prolongé que notre ressentiment aura duré davantage." (Saint-Jean Chrysostôme, Hom. XI in Oper. imperf.)
Après avoir parlé de la concorde avec son frère offensé, Jésus-Christ nous enjoint d'une manière générale de nous réconcilier et de nous entendre avec notre adversaire pendant que nous sommes en chemin avec lui; car la vie présente est le temps et le lieu de faire pénitence et d'acquérir des mérites; ce que nous pouvons accomplir aujourd'hui, gardons-nous de le renvoyer au lendemain; l'ajournement est dangereux parce que personne ne connaît le terme de sa vie.
"Il n'est rien qui nous soit si nuisible que de différer toujours l'exécution de nos bonnes oeuvres; ce retard entraîne souvent la perte de tous nos mérites." (Saint-Jean Chrysostôme, Hom. XVI in Matth.)


Hâtons-nous donc de nous accorder avec notre adversaire, de peur qu'il ne nous livre, c'est-à-dire qu'il ne soit cause que nous soyons livrés au Juge dans le dernier jugement; et que le Juge ne nous livre au ministre de la justice, c'est-à-dire au démon pour nous punir; ce dernier nous jetterait en prison, c'est-à-dire dans le lieu d'expiation, où il nous châtierait pour les fautes qu'il nous avait suggéré de commettre (Mt 5,25) Et nous ne sortirions point de là jusqu'à ce que nous n'ayions payé la dernière obole
, c'est-à-dire jusqu'à ce que nous n'ayions expié les moindres péchés, parce que rien ne doit rester impuni (Mt 5,26). Ici le mot donec, jusqu'à ce que, a le sens de numquam, jamais; s'il détermine parfois un temps particulier, il exclut aussi parfois toute espèce de temps.
"
Ici, fin de la peine, mais la continuation de notre malheur. Car, l'homme, une fois dans l'enfer, souffrira toujours, même pour ses moindres péchés qui feront un avec ses péchés mortels; il ne pourra jamais en acquitter la peine ni en obtenir le pardon; sa punition et son expiation seront éternelles sans qu'il y ait jamais lieu à la grâce; c'est pourquoi il n'arrivera jamais à payer la dernière obole qu'il paiera toujours, et il ne sortira jamais de sa prison, parce que dans l'enfer il n'y a pas de rémission, ni de liquidation possible.

" (Saint-Augustin, Lib. I de Serm. Dom., cap. 21)

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 
   

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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