Pardonner II

 

 

Pardonner II

 
 
Nous attirons votre attention sur un point qui appartient à la justice divine. Moi, votre Seigneur et votre Dieu, j'ai pardonné au bon larron et à Marie-Magdeleine, par amour de ses personnes, sans leur demander de passer par un intermédiaire. Parce que ma place est désormais auprès de mon Père mais que je vis en vous et près de vous, naturellement et essentiellement par la foi que j'ai déposée en vous par le germe de ma grâce sanctifiante, j'ai envoyé mes ministres, mes prêtres vers vous, pécheurs aveuglés par le monde. Ils vont vers vous non pour leur gloire et révéler au monde vos péchés secrets, mais parce que je leur commande, au nom de ma charité, de vous recevoir auprès d'eux. Venez auprès d'un de mes ministres, et vous viendrez près de moi. Mais si vous rejetez l'un d'entre eux que j'ai envoyés vers vous, c'est moi que vous rejettez et ma justice deviendra colère.
Parce que aujourd'hui vous n'êtes pas capables de me voir, mon amour m'a fait incliner vers vous afin que vous voyiez et sachiez sans cesse que ma miséricorde divine n'a pas de limite et va au-delà de toute frontière humaine, juste et injuste. Je suis le Soleil de la Justice du Père et mes prêtres sont mes rayons de lumière que je vous offre afin que, faisant la démarche personnelle d'aller vous confesser à eux, je reçoive vos péchés par leur intercession. Mes prêtres sont des témoins vivants de mon amour pour chacun de vous et lorsqu'un prêtre reçoit votre confession, il ne fait que me l'offrir, en toute humilité, sachant que ma justice est pour vous comme pour lui. Ayant reçu votre confession, j'envoie mon amour à travers le prêtre afin que vous l'entendiez et le sachiez. Ainsi, vous ne pouvez pas dire que vous ne savez pas si Dieu vous a pardonné vos offenses.
Les Apôtres ont parlé de mon amour pour le monde et lorsque j'ai pardonné au bon larron ou à Marie-Madeleine, mon amour a agi en eux comme s'ils se furent avancés auprès de mes ministres.
Qui s'adresse à moi directement, reçoit de moi. Qui s'adresse à ceux qui ont reçu le sacerdoce pour me servir comme prêtres, reçoit de moi directement. Mes enfants, ce n'est pas l'homme qui peut vous sauver ni vous pardonner vos offenses contre moi. Moi qui suis juge et témoin, je vous connais mieux que vous ne vous connaissez, je sais ce dont vous avez besoin et si je vous demande de passer par un prêtre pour vos péchés, et davantage encore pour vos graves péchés, c'est afin de mieux sentir la gravité, le poids et le salaire de vos fautes et que, vous humiliant ainsi devant le prêtre, votre repentir et votre douleur sincère m'obligent à vous donner au-delà de vos offenses. J'ai pitié de qui j'ai pitié et je donne selon la volonté du Père qui est aussi la mienne : vous noyer dans mon amour afin de vous ressusciter dans mon amour pour un amour infini et éternel.
Mon enfant, tu sais combien je t'aime et combien j'accepterais de nouveau de souffrir ma Passion devant toi si cela pouvait te convaincre de vivre le restant de ta vie à combattre tout péché, même les plus petits. Mais toi qui refuses déjà de ne pas croire ce que tu vois, comment peux-tu croire ce que tu ne vois pas encore, si ce n'est par la lumière de la foi en moi, ton Sauveur ? Ainsi, par miséricorde, je me suis penché sur ton berceau dès la création de mon Eglise, afin d'instituer des sacrements, signes immenses et visibles de ma grâce, de mon amour, de ma miséricorde pour toi, comme pour tous mes enfants. Pauvre enfant, toi qui es aveuglé par Satan, le monde et ta propre chair, tu es capable de voir ce qui n'est pas. Par le sacrement de réconciliation, je te rends capable de voir ce qui est : mon amour, ma bonté infinie, à travers le prêtre qui est là, pour toi, non pour te juger mais pour t'écouter, comme j'écoute, pour t'aimer, comme je t'aime, pour te guider, comme je te guide, pour t'offrir le pardon, mon pardon. Petit enfant, cette humiliation est une honte pour les yeux de notre monde mais je vous la demande en vue de votre glorification devant mon Père.
Lorsque le prêtre te tend la main, c'est moi qui te tends la main. Lorsque le prêtre te réprimande, c'est moi qui te réprimande. Lorsque le prêtre signe ma croix sur toi, je t'associe aux mérites de mes souffrances sur ma sainte croix. L'Eglise est la chair de ma chair et je l'ai créée pour le salut du monde. Celui qui la rejette, verra ma justice éclater et il y aura alors des grincements de dents. Quant à toi, je t'ai donné d'y participer dès maintenant afin que, soumis humblement à mon Corps, je t'élève près de moi, comme le Père m'a de nouveau glorifié auprès de lui par mon acceptation à vous aimer jusqu'à la mort. Humilie-toi, meurs à toi-même ! Tu passeras pour un fou dans ce monde mais je te récompenserai en t'offrant l'auréole éternelle de ma sagesse.
 
Pardonner, oui, mais jusqu'où et comment ? 
Parole de saint François d'Assise à ses frères : ...
Quand l'un des tiens aurait commis tous les péchés de la terre, 
fais en sorte, s'il vient te trouver, qu'il ne parte point sans 
avoir lu le pardon dans tes yeux et reçu de toi quelque parole 
de bonté : c'est à cela que je connaîtrai que tu aimes le 
Seigneur et que tu m'aimes moi-même, son serviteur et le tien. 
Si le coupable ne vient pas à toi, va toi-même à lui pour lui 
demander s'il désire le pardon. Et dût-il revenir mille fois 
de suite qu'il te faudrait encore l'aimer plus que tu ne 
m'aimes moi-même, pour le gagner à Dieu. Telles sont les 
dispositions où tu dois être..." Méditez sur ces paroles 
d'amour, véritable enseignement sur la charité fraternelle. 
Osez pardonner au nom du Seigneur, à l'image du Seigneur qui 
pardonna à ses bourreaux sur la Croix. Osez pardonner au nom 
de l'amour infini que Dieu le Père porte pour chacun de ses 
enfants. Osez pardonner par l'Esprit-Saint qui est charité 
et source de charité. Osez pardonner à l'image de la 
bienheureuse Mère de Dieu, Marie, toujours vierge, qui reçut 
de Dieu la force de voir au-delà des souffrances qu'elle subit 
à cause des souffrances de son fils unique, afin de voir la 
gloire divine qui attend tout homme qui craint Dieu dans 
l'humilité, la foi, l'abandon. Osez pardonner à l'image des 
saints martyrs qui ont offert leur propre vie comme un 
sacrifice à Dieu, comme une louange imparfaite à la gloire 
divine, et qui, ayant osé dépassé toute limite humaine et 
rationnelle, ont reçu en récompense ce qui dépasse toute 
limite humainee et rationnelle : le salut et la vie éternelle. 
Le pardon provient d'un coeur charitable, d'une âme guidée par 
Dieu lui-même. Si l'homme ne sent pas la force de pardonner 
mais, qu'au fond de lui, il aspire pourtant à pardonner, qu'il 
se jette dans les bras de la Vierge Marie; à son tour, elle se 
jettera aux pieds de son fils unique Jésus; le Christ jaillira 
en vous d'une manière si éclatante que vous serez comme poussé 
à pardonner, d'une manière simple, naturelle, édifiante. 
Si l'homme ne sent pas la force de pardonner, qu'il pense à 
ses propres péchés et qu'il se rappelle ce que pourrait lui 
dire Jésus : "Mon enfant, je suis prêt à tout te pardonner 
parce que je t'aime. Tes péchés m'ont peiné, ils m'ont fait 
souffrir mais je veux te pardonner car je désire t'avoir prêt 
de moi afin de louer la gloire de Notre Père. Et toi, ne 
désires-tu toujours pas pardonner cette faute à ton prochain ? 
Si c'est par faiblesse, demande-moi car je suis la force même. 
Si c'est par amour-propre, il n'est rien comparé à l'amour que 
j'ai pour toi. Si c'est par peur de mal faire ou mal dire, dis 
seulement que c'est parce que Dieu t'aime et Dieu l'aime que 
tu acceptes de lui pardonner. Pourquoi crains-tu qu'il puisse 
recommencer ? Si demain je revenais sur terre, crois-tu que 
tous les hommes m'acclamaraient comme le Sauveur du monde que 
je suis ? Je te le dis, certains me crucifieraient de nouveau 
et pourtant j'aime ces bourreaux puisque je les ai créés, non 
pour pécher, mais pour qu'eux aussi participent un jour à ma 
gloire. Et toi tu hésites à pardonner à cause de cela ? Demain 
tu pècheras encore contre moi et tu trouveras normal que je te 
pardonne. Mais c'est moi seul, ton Dieu, qui décide ce qui est 
bon et ce qui ne l'est. Et moi je te dis qu'il est bon de 
pardonner en toutes choses, en tous lieux, à tout homme, même 
si je désire que tu passes le reste de ta vie à pardonner. 
Plus tu acceptes de pardonner, plus tu me donnes de la place 
en ton âme afin que la Volonté du Père prenne réellement vie. 
Mon enfant, veux-tu la vie ? Pourquoi la refuses-tu ? 
Par amour de toi, je suis prêt à tout te pardonner. 
Tu dis que tu m'aimes ? Alors continue de m'aimer à travers les
 autres et rappelle-toi que j'habite aussi dans ton prochain. 
Ta difficulté à pardonner ton ennemi disparaît si tu vois en 
lui l'image de ton Sauveur qui t'aime infiniment. 
Va, mon enfant, va ! et ne pèche plus !"
 

Pour rebondir sur ce que vous dites, rappelons que le saint sacrement de réconciliation est le seul moyen donné par Dieu à tous les hommes de recouvrer la grâce perdue par des péchés mortels.

Contrairement à ce qu'affirment certains de nos frères, le baptême n'agit pas en sorte que la grâce reçue ne quitte plus l'âme. Nous l'avons déjà expliqué dans un article, sur la base de l'Ecriture Sainte : l'Esprit-Saint fuira l'âme dont la science est celle du mal et agit contre l'amour de Dieu. Dieu ne peut en effet cohabiter avec ce qui est ténèbres. De là, ne concluons pas non plus que tout doit être ou noir ou blanc. Une chose est de vouloir bien faire, de bien faire et, pourtant, de pécher encore et de croire en des choses erronées. Une autre est de croire que le chrétien est nécessairement assuré du salut et que la grâce reçue attribue une valeur nulle aux futurs péchés; implicitement, cela signifie que la grâce reçue en lui le préserve absolument du péché, ce que les Apôtres eux-mêmes ont fermement condamné.

Par contre, faire la démarche de se confesser auprès d'un prêtre ne doit pas se résumer à vivre cela comme une fête ! De même, ne tombons pas non plus dans l'opposé en ne voyant en soi que ses péchés, au point d'oublier la bonté miséricordieuse du Christ pour chacun de nous.

Le saint sacrement de réconciliation est un moment de grâce particulier, une preuve visible de l'amour divin pour l'homme. L'homme se reconnaît pécheur; il dénonce à voix haute, devant le prêtre, ses fautes, ses faiblesses, ses chutes. Il exprime un profond et sincère regret, une grande tristesse d'avoir autant offensé Dieu. Le prêtre, représentant vivant, humble, charitable, est à l'écoute du pécheur. Puis l'alter Christus finira, généralement, par remettre les péchés du fidèle. Pendant des siècles, le prêtre punissait le fidèle pardonné. Aujourd'hui, l'homme moderne a tendance à considérer cela comme une injustice, une contradiction face à l'amour infini de Dieu. Pourtant, l'Eglise rappelle à juste titre que tout péché, hormis le péché contre l'Esprit-Saint, est pardonnable par Jésus, il reste néanmoins à payer, à faire réparation. Le Purgatoire le rappelle mais, plus proche de nous, la justice de l'homme le montre très souvent. Lorsqu'un homme est reconnu coupable, il peut être pardonné, mais il doit réparation envers la société d'une manière ou d'une autre. Même si la justice humaine est imparfaite, incomplète et faillible, cette notion de réparation rappelle pourtant que la justice divine l'exige également.

Si nous devons alors nous approcher du prêtre avec joie, avec l'intime conviction que Jésus nous ouvre ses bras pour nous réconcilier avec la Trinité Sainte, il faut aussi y aller avec humilité, avec un repentir sincère et accepter la punition du prêtre. Au sujet de la punition, s'il est fréquent d'entendre des mots comme : "vous me prierez trois fois par jour... vous ferez tel acte de charité... vous visiterez telles vieilles personnes isolées...", n'oublions pas que c'est le Seigneur lui-même qui a donné la plus grande punition au pénitent : Va, et ne pèche plus ! Etant donné les faiblesses de la nature humaine, voilà quelques mots qui vont combattre notre nature avec une férocité de tous les instants. Alors, si nous reprochons parfois à certains prêtres de donner des punitions au fidèle pardonné, méditons d'abord sur la parole du Christ avant de critiquer le prêtre.

Bien fraternellement dans le Christ, votre dévoué saint Augustin

 
 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 
 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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