Noël

 

 

 

Noël

 

Un enfant nous est né, un Sauveur nous est donné (Lc 2,11 il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur.). Quelle joie, quelle immense joie devons-nous ressentir à l'approche de cet évènement sans équivalent dans l'histoire de l'homme ! Oui, par amour de nous et désireux de nous le prouver pas seulement par la foi mais visiblement (Jn 3,16 Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.), l'adorable Sainte Trinité accepte que le Verbe s'incarne dans le sein d'une jeune vierge (Is 7,14 A cause de cela le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voilà que la vierge concevra et enfantera un fils, et son nom sera appelé Emmanuel.; Mt 1,23), d'une femme pure, immaculée, dont la vie est exemplaire en tous points. D'ailleurs, aujourd'hui, comme elle, méditons tout ce que nous allons entendre de la Parole de  Dieu (Mt 2,19 Or Marie conservait toutes ces choses, les repassant dans son coeur)

Et le Verbe se fit chair (Jn 1,14 Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous...). Par amour parfait de nous, Dieu se revêtit de notre humanité pécheresse afin de nous montrer qu'en acceptant, par amour imparfait, de nous revêtir du Christ, nous devenons participants à la nature divine (II P 1,4 afin de vous rendre ainsi participants de la gloire divine), nous muons pour passer de l'état animal au sublime état déiforme. Etat encore bien imparfait puisque nous tombons encore souvent devant le péché, état d'enfant appelé à grandir pour vivre un jour une maturité adulte éternelle et parfaite.

Et Jésus naquit dans une crèche (Lc 2,7 elle mit au monde son fils premier-né... et le coucha dans une crèche; etc.). Loin des maisons luxueuses, dignes de tout roi et de toute autre personnalité importante, le Sauveur montre la voie à suivre pour le suivre. Se dépouiller de tout luxe, de toute richesse nous éloignant de la révélation divine. Se dénuder devant lui afin de nous immerger dans cette eau vive purifiante, afin d'être revêtu du Christ (Rm 3,12 La nuit est avancée, et le jour approche. Dépouillons-nous donc des oeuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière.; Rm 3,14 revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ; Ga 3,27 Vous tous, en effet, qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ; etc.), puis revêtu de son Esprit pour marquer notre séparation du péché et notre attachement à la perfection incarnée. Jésus sied dans la paille afin de la brûler de son amour pour que nos oeuvres, réalisées en son nom, ne soient plus paille, c'est-à-dire inutiles quant à notre salut. En quoi faut-il alors forger nos humbles oeuvres ? En Jésus qui est la vie, la voie et la vérité (Jn 14,6 Je suis la voie, la vérité, la vie).

Et Marie et Joseph contemplaient Jésus, le Messie tant attendu. La sainte famille est le modèle parfait de toute famille, même recomposée. Tous unis autour de Jésus, réunis par amour de Dieu, le regard, le geste, l'attitude, la pensée, tout est tourné vers Notre Seigneur. Cet Enfant ne dit mot car il nous invite au silence, le silence ayant la primauté sur la parole et parce que le temps de la Parole, du Verbe prêchant, n'est pas pour aujourd'hui. Mais ce silence nous parle, il nous invite à le découvrir, à le connaître, à l'aimer, pour le suivre. Cet Enfant, comme tout enfant, semble fragile et il nous invite à le prendre dans nos bras afin qu'il nous porte par sa toute-puissance. Préfigure de la sainte eucharistie, où le fidèle se nourrit du Corps divin non pas pour avoir précisément Dieu en lui mais pour qu'il soit en Dieu à l'image de Jésus dans le Père (Jn 17,21-22 Pour que tous ils soient un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous, pour que, eux aussi, ils soient un en nous, afin que le monde croie que vous m'avez envoyé. Et je leur ai donné la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils soient un, comme nous sommes un, moi en eux, et vous en moi).

Et le boeuf et l'âne regardaient cet Enfant unique, Fils unique de Dieu. Pourquoi ces animaux ? Marie vint de Nazareth à Bethléem sur un âne et Joseph avait amené le boeuf pour payer le tribut à César. La venue au monde du Verbe incarné se caractérise aussi par la réunification de toutes les créatures. Voilà la vocation de toute créature : contempler, aimer et adorer son Créateur puisque tout a été créé en Jésus. Le boeuf représentant la force tranquille, cette force que l'Enfant possède et qui se révèlera progressivement, au fur et à mesure que Dieu fait homme acquerra la sagesse, auprès de ses parents, durant son noble métier de charpentier; cette force s'exprimera d'une manière exceptionnelle lorsqu'il traversera les villes et les campagnes pour annoncer la Bonne Nouvelle. L'âne, signe prophétique de l'Ancien Testament, sur lequel s'assiéra Jésus pour entrer dans la ville sainte, le peuple l'acclamant comme Roi des rois. (Is 1,3 Un boeuf connaît son possesseur, un âne l'étable de son maître)

Et les rois mages vinrent se prosterner devant cet Enfant pour lui offrir des présents et l'adorer (Mt 2,11 Et, entrant dans la maison, ils trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent; puis, leurs trésors ouverts, ils offrirent des présents, de l'or, de l'encens et de la myrrhe.). Tout comme les fils de Noé représentent toute l'humanité (Cham, pour les Africains, Sem pour les Sémites, Japheth pour les Indo-Européens), ils sont aussi une préfigure des rois mages. Les mages adorant le Seigneur, c'est toute l'humanité qui, implicitement adore Jésus, et cette adoration préfigure la gloire où Marie, sainte Mère de Dieu, les anges fidèles et tous les rachetés adoreront un jour l'adorable Trinité dans cette sublime vision béatifique. De même, après les bergers, ce sont les mages qui viennent adorer Jésus. La sagesse de Dieu s'oppose ici à la sagesse de l'homme : la primauté revient aux plus petits et non aux plus grands. N'est-ce pas un symbole de l'humilité à laquelle tout homme est appelée ? Suivant les plus anciens Pères de l'Eglise, les mages faisaient partie de la troisième catégorie, celle qui est composée de ceux qui connaissaient les sciences occultes, ces sciences qui sont au service de Satan. Ainsi, nous avons l'accomplissement ici d'une prophétie : Que devant moi tout genou fléchira (Is 45,24; Rm 14,11; Ph 2,10 qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans les enfers). Le ciel - ie. les anges -, la terre - ie. Marie, Joseph et les bergers - et les enfers, du moins une partie - ie. les mages oeuvrant pour Satan - sont agenouillés autour de Jésus pour l'adorer. Bien que Jésus soit encore enfant, toute la Création le reconnaît comme Souverain divin.

Et l'Ennemi apprit la venue de ce Roi et, dans sa colère, fit croire à Hérode qu'il viendrait le mettre dehors, qu'il chasserait l'envahisseur romain (Mt 2,3 Ayant appris cela, le roi Hérode se troubla...). Dieu ne permit pas qu'on toucha à cet Enfant. Oui, cet Enfant est Roi des rois et il est venu pour chasser l'envahisseur, mais pas celui auquel pensait Hérode. L'envahisseur est le péché qui règnait partout dans le monde et qui privait tout homme du salut et de la glorification. Les armes et les armées de Notre Seigneur ne sont pas de ce monde et Jésus, par sa vie unique, par sa Passion suivie de sa mort et de sa résurrection, montrera que c'est l'amour de Dieu qui triomphe de tout péché. C'est pour cela que Jésus, comme les Apôtres dans le Nouveau Testament, nous exhorte à le suivre, lui qui est amour (I Jn 4,8 Dieu est charité), à ne rechercher que son amour, car c'est cet amour qui donne véritablement un sens à notre vie misérable.

Pourquoi dit-on que Jésus est venu pour sauver le monde ? N'était-ce pas seulement le peuple juif disséminé dans l'empire romain ou ce même empire ayant en son sein les Gentils, les païens qui adoraient des faux dieux ? La Tradition nous révèle que Rome était au courant de la venue d'un sauveur si bien que Hérode n'était pas le seul à avoir eu écho de cette nouvelle embarrassante pour lui. La Tradition nous révèle aussi que des émissaires chinois vinrent à Rome afin de prendre des nouvelles de ce sauveur, de savoir où il était né, s'ils pouvaient le voir. Tout comme Dieu et ses anges attendaient le oui de Marie, le célèbre Fiat, pour que le Verbe s'incarne en son sein, le monde entier attendait également la venue de ce sauveur, celui qui allait bouleverser le monde, non par le sang des hommes mais par son Sang précieux, non par les armes, mais par l'amour, non par des théories compliquées et réservées aux doctes, mais par des actes simples et concrets d'amour.

Ainsi, la venue du Sauveur au monde n'est-elle pas la plus grande nouvelle pour l'humanité ? N'est-ce pas cette nouvelle que nous appelons la Bonne Nouvelle ? Elle est la Bonne Nouvelle par excellence, et elle est universelle car tout homme, créature de Dieu, est appelée à découvrir Jésus afin de se laisser transformer radicalement dans le moule de son amour, son Esprit, afin de devenir totalement enfant du Père, à l'image du Fils unique Jésus (I Jn 3,1 que nous soyons appelés enfants de Dieu, et que nous le soyons en effet).

Jésus aurait pu venir sur terre à l'âge adulte puisque tout est possible à Dieu (Lc 1,37 Car à Dieu rien n'est impossible). Mais il a choisi d'épouser la nature humaine, c'est-à-dire de venir parmi nous comme un petit enfant, un enfant fragile et sensible, nécessitant tous les soins possibles. Dans ce silence, que nous dit cet Enfant ? Oubliez votre grandeur vaine, venez à moi afin de reconnaître votre petitesse. Humiliez-vous devant moi, soyez devant moi comme des enfants, comme je le suis maintenant. Suivez-moi et nous grandirons ensemble. Suivez-moi, Dieu fait Homme, afin que vos êtres grandissent dans l'amour, la sagesse et la lumière du Père. Suivez-moi jusqu'à la mort afin que moi, Homme-Dieu, je continue de vous prendre dans mes bras pour vous élever jusqu'au Père. L'enfance de notre nature est le principe de l'âge adulte tout comme Jésus-Enfant, Dieu fait Homme, est le principe de l'Homme fait Dieu en tant que source de sanctification et de glorification pour nous, pauvres pécheurs.

Aussi, à l'image de Marie et de Joseph, à l'image des rois mages, adorons en esprit et en vérité le Sauveur de l'humanité, inclinons-nous, prosternons-nous, agenouillons-nous devant Celui qui est tout et en qui nous avons tout à apprendre, à écouter, à recevoir. Chantons notre joie, prions et louons la gloire de Dieu !

Oui, un Enfant nous est né, un Sauveur nous a été donné. Gloire à Dieu et paix sur terre aux hommes de bonne volonté !

Bien fraternellement dans le Christ, votre dévoué saint Augustin

======================== Compléments :

Au sujet de Bethléem. Bethléem donne beth qui signifie maison et de lehem qui signifie pain. Bethléem signifie alors maison de pain. Quel est ce pain ? C'est Jésus, le Pain descendu du Ciel, celui, qui, contrairement à la manne du désert, donne la vie éternelle. (Jn 6,31-35) Jésus est né à Bethléem de Juda (Mt 2,6 Et toi, Bethléem, terre de Juda...) et non à Bethléem, ville de Galilée, appartenant à la tribu de Zabulon. Jésus descend de Juda, ancêtre du roi David. Ainsi, la naissance dans ce Bethléem confirme que Jésus descend de David, comme l'avaient annoncé les prophètes.

Bethléem est aussi appelée Ephrata (Gn 35,19 Rachel mourut donc, et elle fut ensevelie sur le chemin qui conduit à Ephrata; c'est Bethléem;Mic 5,2 Et toi, Bethléem Ephrata, tu es très petit entre les mille de Juda...).

Ephrata signifie riche en fruits. Jésus fait homme conserve la plénitude de sa divinité (Col 1,19 il a plu au Père que toute plénitude habitât en lui). Cette plénitude implique qu'il possède les septs dons de l'Esprit-Saint (Is 11,2-3) dans leur totalité et dans leur plénitude desquels se déversent les douze fruits de l'Esprit-Saint (Ga 5,22-23) à travers sa sagesse et sa charité. Ainsi, le Pain descendu du Ciel offre ses fruits à qui se tourne vers lui et se nourrira de lui.

Au sujet de l'étoile.

"L'étoile des mages ne fut pas une des étoiles créées dès le commencement et qui accomplissent leurs révolutions, d'après la loi du Créateur; ce fut un astre nouveau, qui apparut pour annoncer le miraculeux enfantement de la Vierge." (S. Augustin, Contra Faustum, lib. II, c. V.; S. Chrysostome, Homel. II, in Matth.)

S. Thomas d'Aquin explique le témoignage des Pères et en donne les raisons : "L'étoile des mages ne fut ni une comète ni un météore ni aucun des astres que nous voyons briller au firmament. Ce fut une étoile créée exprès, dans la région du ciel la plus voisine de la terre, et se mouvant non d'après les lois ordinaires du système planétaire, mais suivant la volonté libre du Créateur. En effet, cette étoile ne suivait pas la marche ordinaire des autres étoiles, elle n'apparaissait pas seulement la nuit, mais en plein midi, ce que ne font ni les étoiles ni même la lune. Tantôt elle apparaissait, tantôt elle disparaissait. Son mouvement n'était pas continuel, comme celui des autres astres. Mais, lorsque les mages devaient marcher, elle marchait; lorsqu'ils devaient s'arrêter, elle s'arrêtait." (S. Thomas, III P. Q. 36, art. 7)

Cette étoile brillait également d'un éclat surpassant celui de tous les astres, de la lune et même du soleil. Pourtant, cette lumière n'éblouissait point mais guidait ces mages vers le lieu de la crèche. "'L'étoile des mages dont le père et la mère avaient pu la voir, brillait d'un éclat supérieur à toutes les clartés qu'on avait jamais vues. Sa lumière était ineffable, et la nouveauté d'un pareil phénomène jeta dans la stupeur tous ceux qui en furent témoins. Les étoiles, la lune, le soleil ne semblaient plus que des satellites de cet astre admirable dont l'éclat les faisait tous pâlir". (S. Ignace d'Antioche, Epist. ad Ephes.)

"Aux trois mages, apparut dans une région de l'Orient une étoile plus brillante et plus belle que tous les astres. Elle attira les regards et fixa l'attention de tous ceux qui la virent. On comprit aussitôt que ce n'était pas en vain qu'apparaissait un si étrange phénomène." (S. Léon, Serm. I, in Ephiph., n. 1, ad fin.)

La signification des présents.

Chacun des présents a une signification en rapport avec Notre Seigneur.

Jésus, vous êtes Dieu et nous vous adorons. Voilà de l'encens, symbole du sacrifice qui n'est dû qu'à Dieu.

Jésus, vous êtes Roi et nous vous reconnaissons pour tel. Voilà de l'or, symbole de la richesse et de la puissance, apanage distinctif de la royauté.

Jésus, vous êtes Dieu-Homme, et nous confessons dans votre personne le mystère qui, unissant le fini et l'infini, réconcilie l'homme et Dieu. Voici de la myrrhe, aromate destiné à embaumer les corps, et qui servira à votre sépulture, lorsque vous aurez daigné souffrir la mort pour donner la vie au monde.

Les Mages un mystère peu connu.

Les mages étaient arabes et descendants d'Abraham par Cétura (I Par 1,32). L'histoire sainte nous apprend qu'Abraham, en excluant de la possession de la Terre promis tous ses enfants à l'exception d'Isaac, ne les avait pas pour cela privés d'une partie de ses grands biens. Ainsi, il donna aux fils de Cétura, mère des Arabes, Saba et Epha, de l'or, de l'argent et des étoffes. Puis, confident des futurs mystères, il mit dans leurs bagages l'encens, la myrrhe et l'or des rois de Sodome et de Gomorrhe, précieuses dépouilles tombées en sa possession après la défaite de Chodorlahomor et le pillage de son camp. Dans la personne de Melchisédech, Abraham les avait consacrées au Seigneur.

Cette offrande était la figure d'une autre offrande, comme Melchisédech lui-même était la figure du Messie. Le Père des croyants savait qu'un jour ses descendants réaliseraient la figure, en offrant ces mêmes présents à Celui dont Melchisédech était le représentant. On devine sans peine qu'Abraham les avait instruits du mystère. Joint à la connaissance, traditionnelle en Arabie, de l'oracle de Balaam, cette communication prophétique élucide deux grands faits d'une nature identique, et dont autrement il serait difficile de rendre compte. Le premier est la célèbre visite de la reine de Saba au roi Salomon. Le second est la visite plus célèbre encore des mages, au vrai Salomon, l'enfant de Bethléem.

Les mages sont aussi une figure des Gentils puisqu'ils n'étaient pas juifs et que le Seigneur viendra pour le monde entier et non pas seulement pour les descendants selon la chair d'Abraham.

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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