La Force

 

 

 

La Force

 

 

Merci à vous deux d'avoir abordé cette vertu.

La force est ... ... une vertu cardinale puisque, au même titre que la prudence, la justice et la tempérance (Sg 8,7), nombre d'autres vertus s'appuient sur elle pour exister et se développer, ... une vertu morale puisqu'elle agit par rapport au bien et au mal, selon la conscience individuelle ou selon la vraie foi.

Néanmoins, infinie est la différence entre la vertu naturelle de force acquise et infuse, et la vertu surnaturelle de force infuse

(Sg 6,3 Sachez que la force vous a été donnée par le Seigneur).

La vertu naturelle de la force peut être possédée par tout homme tandis que la vertu surnaturelle n'appartient qu'au chrétien puisqu'elle est infusée avec la grâce du Christ.

La force est une vertu qui tient l'âme en équilibre entre l'audace et la crainte. Elle siège dans une des facultés de l'âme appelée l'irascible.

La magnanimité ou la grandeur d'âme, la confiance, le sang-froid, la constance, la persévérance, la résignation et l'activité sont filles de la force.

Lorsque la force fait défaut, il est dit que l'âme devient infirme car elle éprouve plus de difficulté pour agir bien et tendre vers le bien. En tant que vertu naturelle, la force fait mouvoir l'homme vers le bien qui donne une certaine joie quasi-immédiate mais éphémère.

En tant que vertu surnaturelle, la force fait mouvoir l'âme en vue du bien surnaturel qui est Dieu par excellence.

Etre fort n'est pas être fort comme Hercule ou insensible à la douleur. Etre fort de la vertu de la force, ce n'est pas du tout être insensible devant une blessure physique ou morale, la perte d'un être cher, la faillite financière, la maladie, la guerre ou tout autre évènement que la psychologie moderne qualifie de particulièrement stressant.

Cette insensibilité aurait plutôt tendance à montrer que le coeur de chair est un coeur de pierre et que l'homme est une machine.

Or nous savons que ce sont les émotions qui font mouvoir essentiellement l'homme, le différenciant ainsi d'une machine sophistiquée, robot ou ordinateur.

Celui qui donne l'apparence d'être fort alors que, discrètement ou hors de la vue, il s'écroulera devant certaines difficultés "peu éprouvantes", ne peut pas être considéré comme un homme d'une force faible ou d'une grande faiblesse associée à une hypocrisie tentant de cacher sa faiblesse par une fausse force.

Par contre, l'hypocrite est celui qui affirme resté maître de ses émotions en toutes occasions alors qu'il est noyé dans des émotions négatives lorsque l'épreuve le touche.

Combien de saints ont pleuré durant leur vie mais sont restés forts, de la vertu surnaturelle de force parce que, au-delà des faiblesses de la chair qui faisaient que l'absence des défunts pesait, ils ont gardé l'espérance pour le salut des âmes des défunts, l'espérance de la conversion des pécheurs et l'espoir de les retrouver un jour au Ciel.

Aussi, que celui qui veut être fort de la vertu de la force, ne cherche pas à devenir insensible mais à oeuvrer de la sorte que ses émotions ne l'empêchent pas de continuer d'avancer vers le Bien auquel il doit tout et veut aimer plus que tout.

La vertu de force est associée à la béatitude

 "bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés" (Mt 5,5).

Les belles paroles de Saint Paul citées ici mériteraient d'être approfondies.
Il vous reste maintenant à approfondir encore cette belle et nécessaire vertu de la force.

La vertu de force et comment Dieu peut éprouver

 

Réponse de Saint Augustin :
Parole de Notre Seigneur à sainte Catherine de Sienne (1347-1380) :
"Ma fille, si tu veux acquérir la vertu de force, il te faut m'imiter. 

 

Je pourrais, par ma vertu divine, annihiler les puissances de l'air (Ep 2,2) ou prendre n'importe 
quel moyen pour en triompher, et cependant, dans le but de vous donner en exemples les 
actes de mon humanité, j'ai voulu vaincre par la voie de la croix, et pratiquer ce que ma 
parole vous enseignait. 

 

Voulez-vous être forts pour vaincre toute puissance ennemie, recevez a croix comme un 
soulagement pour votre coeur. 
Ainsi l'ai-je reçue; mon Apôtre en témoigne : ce fut grande joie pour moi de courir à une 
croix si ignominieuse et si dure (He 12,2). 

 

Choisissez les peines et les afflictions, non seulement pour les porter patiemment, mais 
pour les embrasser comme une consolation; et elles sont vraiment des consolations, car 
plus vous en souffrez pour moi, plus vous me devenez semblables. 

 

Mais si, par vos souffrances, vous conformez votre vie à la mienne, il s'ensuivra 
nécessairement, selon la doctrine de mon Apôtre, que vous devrez recevoir aussi même 
grâce et même gloire. (Rm 8,17) 

 

Reçois donc, ma fille, à cause de moi, comme amer, ce qui est doux, et comme doux, 
ce qui est amer, et ne doute point qu'après cela tu ne sois forte en toutes circonstances."
Jésus éprouve ensuite cette sainte qui lui a toujours consacré sa pure virginité en faisant 
naître autour d'elles et en elles, des images de volupté, de séduction,de chair, dans tout ce 
qu'il y a de plus vil. 
 
Sainte Catherine résista à ces terribles tentations et sortit vainqueur de cette épreuve 
provenant de Notre Seigneur.
-Et où étiez-vous, mon Seigneur, quand mon coeur était tourmenté par tant de turpitudes ? 
- J'étais dans ton coeur, répondit le Seigneur. 
Elle reprit :

 

Seigneur, je ne doute nullement de votre vérité et ne veux manquer en rien au respect dû à 
votre Majesté; mais comment puis-je croire que vous habitiez dans mon coeur alors qu'il 
n'était rempli que de pensées immondes et honteuses ? 
- Ces pensées et tentations apportaient-elles à ton coeur joie ou tristesse, plaisir ou chagrin ?  
- Une tristesse et un chagrin sans borne. 
- Et qui donc causait en toi cette tristesse, si ce n'est moi, qui me tenais caché au milieu de 
ton coeur : sans ma présence, ces pensées auraient pénétré dans ta volonté, tu y aurais pris 
plaisir. 

 

Mais, parce que j'étais là, elles déplaisaient à ton âme, tu voulais alors chasser loin de toi 
ces imaginations, comme d'odieuses suggestions, et comme tu ne le pouvais pas au gré de 
tes désirs, de là ta tristesse et ton chagrin. 

 

C'est moi qui faisais tout cela et qui défendais contre les ennemis ton coeur tout entier.  
Je me cachais à l'intérieur et je te laissais dans le trouble à l'extérieur, autant que cela pouvait 
être utile à ton salut. 

 

Le temps que j'avais fixé pour ce combat étant écoulé, j'ai laissé ma lumière rayonner 
jusqu'au dehors, aussitôt les ténèbres de l'enfer se sont évanouies et enfuies, car elles ne 
peuvent habiter avec la lumière 
(II Co 6,14). 
N'est-ce pas un rayon de ma lumière qui t'a appris tout à l'heure que ces peines étaient 
bonnes pour te faire acquérir la force et que tu devais les supporter de bon coeur tant que 
cela me plairait ? 

 

Tu t'es alors offerte à porter de tout coeur ces mêmes peines et aussitôt elles se sont 
évanouies d'elles-mêmes par la seule manifestation de ma présence; car mon plaisir n'est 
pas dans les souffrances des justes, mais dans leur volonté de porter courageusement ces 
souffrances. 

 

Et, pour te faire entendre plus parfaitement et plus aimablement ce que je viens de dire, 
je te donnerai l'exemple de mon corps. Quand mon corps souffrait si cruellement et mourait 
sur la croix, et quand ensuite il gisait inanimé dans le sépulcre, qui donc eût pensé que ce 
corps avait toujours en lui une vie latente, dont rien ne pouvait le séparer. 

 

Certes, ni les étrangers et les méchants, ni même mes apôtres, ne pouvaient croire pareille 
chose. 

 

Tous avaient perdu la foi et l'espérance. Et cependant, bien qu'en toute vérité mon corps ne 
vécût plus de la vie qu'il recevait de l'âme, il gardait cependant son union à cette vie sans 
limite, qui fait vivre tous les vivants. 

 

C'est grâce à la vertu de cette vie qu'au temps fixé par l'éternel décret il fut réuni à son âme 
et reçut une énergie vitale et des facultés bien supérieures à celles de son premier état; 
car il jouit dès lors de l'immortalité, de l'impassibilité et des autres dons, qu'il n'avait pas 
reçus tout d'abord. 

 

Cette vie de la nature divine, unie à mon corps, elle fit éclater sa vertu. 
 
Mais je vous ai créés à mon image et à ma ressemblance; bien plus, je ne cesse plus de 
travailler à vous rendre semblables à moi, autant que vous en êtes capables, et je m'efforce 
de renouveler en vos âmes, alors qu'elles marchent vers le ciel, tout ce qui est s'est passé 
dans mon corps. 
 
Ainsi donc, ma fille, parce que tu as fidèlement combattu, non par ta propre vertu, mais 
par la mienne, tu as mérité une augmentation de grâce; c'est pourquoi, désormais, 
je t'apparaîtrai plus fréquemment et plus familièrement." 

 

Bien fraternellement dans le Christ, votre dévoué saint Augustin

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site