L'Humilité II

 

 

L'humilité II

 

 

Partie 2

 

La vie du chrétien
Le chrétien est appelé à expérimenter cet amour surnaturel qui inclut l'amour naturel mais modéré des créatures (et des objets). Comment puis-je aimer mon ennemi alors que je trouve toujours un motif soi-disant valable pour ne pas aller vers lui ? Comment puis-je imiter Notre Seigneur, être si pur et si parfait, qui, par amour des malades et des pécheurs, allait vers eux ? Avez-vous déjà conduit une voiture avec le frein à main bloqué et le pied sur le frein ? Quand bien même je sais ce que je dois faire, je ne peux le faire naturellement. Malheureusement, le mal que je ne veux plus faire, je le fais encore et le bien que je veux faire, je ne le fais pas

(Rm 7,19 Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas.). Comment puis-je courir vite si je porte un sac à dos bien chargé ? Comment faire alors pour ne plus avoir ce sac à dos si chargé puisque je veux courir vite ? Il faut se dépouiller. Se dépouiller, c'est non pas tout rejeter de soi mais d'abord prendre le temps de se regarder en face, en toute objectivité. Et cet état des lieux se fait généralement dans la douleur s'il est bien fait car nous voyons combien nous sommes pécheurs, combien nous avons progressé, combien nos actes ne sont pas toujours à l'image de nos pensées, de nos désirs, de nos déclarations. Lorsque j'ai réalisé cet état de lieux, le constat est sans appel : je suis si misérable, si pécheur et si incapable de réussir de belles choses sans Dieu, sans le secours de sa grâce

(II Co 3,5 Ce n'est pas que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes; mais notre aptitude vient de Dieu). Pourtant, je sais que Dieu m'appelle à aimer, lui d'abord

(Mt 22,37-38 Il lui dit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C'est là le plus grand et le premier commandement.), mon prochain ensuite, qu'il soit ami ou ennemi

(Jn 15,12 Ceci est mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés.). Mais cela semble difficile, si difficile qu'il est tentant d'abandonner au moindre effort ou à la moindre contrariété ou encore de se dire qu'après tout, je fais de mon mieux - il est plus juste de dire que je fais surtout selon ce qui m'arrange - et que c'est déjà bien. Jésus nous appelle pourtant à trancher dans le vif, à ne plus servir deux maîtres à la fois, Dieu et mes propres désirs

(Mt 6,24 Nul ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse.). L'Apôtre Saint-Jacques confirmera en d'autres termes

(Jc 3,10 De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi.).
Comment trancher dans le vif ? Comment ne plus devoir hésiter entre ce que je veux et la volonté du Père ? En me dépouillant du vieil homme, c'est-à-dire de tout ce qui fait de moi un pécheur

(Ep 4,22-23 à vous dépouiller, en ce qui concerne votre vie passée, du vieil homme corrompu par les convoitises trompeuses, à vous renouveler dans votre esprit et dans vos pensées). Lorsque j'ai reconnu ma misérable condition et que ma foi m'appelle à aimer Dieu en acceptant de le suivre, même imparfaitement, j'exprime alors le double désir de me dépouiller de ma nature pécheresse pour me revêtir d'une nature toute acquise au Christ

(Ep 4,24 à revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté véritables.)
Comment se fait ce dépouillement ? Par l'humilité. L'humilité nous fait reconnaître que nous ne sommes rien par nous-mêmes, que nous avons besoin de Dieu pour apprendre à aimer, à aimer comme il nous le commande, à l'image de Notre Seigneur. L'humilité ne nous rabaisse pas puisqu'elle nous nous révèle qui nous sommes en réalité. En même temps, elle nous élève en nous conduisant dans la voie de la perfection qui est le chemin de l'apprentissage de l'amour

(Ph 2,3 Que chacun par l'humilité estime les autres supérieurs à soi.). Si je reconnais ma véritable condition, je reconnaîtrai que mon prochain m'est supérieur, même si ma raison tente de me convaincre du contraire. Puisque le chrétien est appelé à marcher sur les pas du Seigneur

(I P 1,14-16 nous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces.), qu'il se rappelle combien lui, Roi des rois, s'est aussi humilié devant les hommes, esclaves du péché, et que cette humilité portée à l'extrême à l'acceptation de l'humiliation lui redonna la gloire qu'il avait avant son Incarnation

(Jn 17,5 Et maintenant à vous, Père, glorifiez-moi auprès de vous, de la gloire que j'avais auprès de vous, avant que le monde fût.). C'est cette humilité que nous donnera le désir, la force et la joie d'avancer vers notre prochain, ami ou ennemi. Mais cette grande vertu ne s'acquiert qu'avec les années, qu'avec le renouvellement de notre abandon en Jésus-Christ afin que Dieu sache combien nous désirons être renouvelés dans sa grâce, afin que notre foi grandisse et que nos oeuvres de charité et d'amour se multiplient et s'expriment avec nos amis et nos ennemis. Ce combat est un combat de chaque jour où le moindre échec suffit à nous faire douter du bien-fondé de ce combat. Aussi, doit-il se vivre par la prière et les saints sacrements afin que nous en sortions victorieux. Aussi, doit-il se vivre en méditant sur les saintes plaies de Jésus, en aimant sa sainte croix, où notre chair a été crucifiée afin que nous soyons élevés par le Fils de Dieu. Plus nous grandissons dans l'humilité, plus nous découvrons l'amour de Dieu dans l'apprentissage de l'amour de nos ennemis

(Mt 5,44 Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et vous calomnient.)
J'entends certains sourire et d'autres penser que cela ressemble de près ou de loin à du masochisme. C'est comme aller rechercher ce qui va contre notre nature pour souffrir juste pour dire que nous voulons plaire à Dieu. La foi enseigne plutôt que plus le chrétien avance dans la perfection et la sainteté, plus il souffre - son âme aspire à s'élever toujours plus haut et sa chair aspire à le rabaisser en lui procurant des plaisirs pervers, éphémères et rapides - plus il apprend à vivre ses souffrances non avec désespoir ou désir de vengeance, mais avec charité et joie, comme les Apôtres qui savaient qu'en allant prêcher hors d'Israël, ils étaient déjà condamnés par les impies à de terribles tortures; mais leur foi si grande ne leur faisait plus douter que ces souffrances n'étaient rien comparées à la gloire que Jésus leur avait promise

(Col 1,24 Maintenant je suis plein de joie dans mes souffrances pour vous...; Rm 8,18 j'estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire à venir qui sera manifestée en nous.).

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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