Disciples d'Emmaüs IV

 

 

 

 

Disciples d'Emmaüs III
             

25 Et lui leur dit : "O (hommes) sans intelligence et lents de cœur pour croire à tout ce qu'ont dit les prophètes !

et alors lui il leur a dit hoï les hommes privés d'intelligence et lourds du cœur pour être certains de la vérité dans tout ce qu'ils ont dit les prophètes

 

C'est à ce moment que Jésus va intervenir, voyant que la foi des deux disciples est encore trop attachée à la chair, et pas encore élevée selon la sagesse divine révélée par le Verbe de Dieu fait Homme.
Le texte hébraïque de ce verset est plus complet et plus intéressant. Jésus leur répond : Malheur aux hommes privés d'intelligence et lourds du coeur
. Voilà une phrase que nombre de chrétiens actuels pourraient méditer lorsque le doute lutte ardemment contre la foi ! Le sens véritable de cette parole du Christ n'est pas celui de souhaiter le malheur ou de les confirmer dans le malheur, mais de les aider à reconnaître ou à confirmer combien ils sont malheureux parce qu'ils n'ont pas compris - ou n'ont pas la compréhension exacte - et parce que leur esprit - et non leur coeur - est apesenti par des croyances dépassées ou limitées. Oui, si Jésus donnait cette même parole aujourd'hui, il nous dirait : Malheureux êtes-vous parce que vous n'avez pas compris et parce que votre esprit est attaché à des croyances bien limitées !
Il a été montré dans un autre article que Dieu dispense sa sagesse à travers les articles de la foi qui est une connaissance que la raison seule ne peut atteindre ni appréhender. Les deux disciples d'ici, s'ils ont la foi, ont encore une foi petite et leur douleur et leur désespoir est un cri, un appel que Jésus a entendu et il va leur répondre non pas comme tout homme pourrait s'y attendre mais en les obligeant à élever eux-mêmes leur compréhension des évènements qui ont eu lieu ces derniers jours. Là où l'esprit seul ne peut plus progresser, intervient dès lors la grâce du Christ afin que l'esprit soit éclairé d'une lumière toute divine pour que la foi élève l'homme et lui assure l'espérance certaine du salut.
 

 

26 Ne faillait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire ?"

est-ce que tout cela il n'incombait pas au maschiah celui qui a reçu l'onction de le subir pour entrer dans sa gloire

 

Le texte hébreu est plus intéressant pour ce verset. Jésus leur enseigne non pas par une affirmation mais par une question afin que le doute destructeur soit remplacé par un doute constructif. Le propos du Christ, en termes plus actuels, devient ainsi : Ne fallait-il pas que le Messie, celui qui a reçu l'huile sainte subît tout cela afin d'entrer dans la gloire qui était la sienne avant son Incarnation ? Oui, non seulement il fallait croire aux prophéties annonçant la venue et la gloire du Messie mais également celles annonçant ses grandes souffrances (Ps 21). Certains se sont contentés de croire aux premières voyant dans le Messie un libérateur terrestre, tandis que la foi enseigne l'obligation de croire aux premières et aux dernières prophéties afin de croire que le Messie est un libérateur céleste et non plus terrestre.
En une question, Jésus va balayer toutes les croyances qui empêchent la foi de ces deux disciples de s'élever comme l'exige la véritable foi. Ces deux hommes ont dit à cet étranger que Jésus est puissant en oeuvres et en paroles devant Dieu et les hommes
et la question de Jésus est comme une suite parfaite de leur propos si vrai : et c'est pour cela que le Messie prophétisé a repris sa vie (Jn 10,17), par amour des hommes (Jn 3,16), afin de leur donner sa vie qui est une vie d'éternité (Jn 3,17), une vie emplie de gloire. Ce qui manquait à la foi des disciples est complété par la parole de Dieu. Jésus va expliquer à deux de ses disciples ce qu'il avait déjà eu l'occasion de montrer de manière privilégiée à quelques Apôtres (Mt 16,21 Jésus commença depuis lors à déclarer à ses disciples qu'il fallait qu'il allât à Jérusalem, qu'il souffrît beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, qu'il fût mis à mort et qu'il ressuscitât le troisième jour.)

 

27 Et commençant par Moïse et (continuant) par tous les prophètes, il leur expliqua, dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait.

et alors il a commencé en partant de môscheh et à partir de tous les prophètes et il leur a expliqué dans toutes les écritures ce qui [a été écrit] sur lui

 

Puisque Jésus est Dieu, toute affirmation prononcée par lui est vérité et il n'y a pas lieu de douter ou de devoir le prouver. Et puisque Jésus est maintenant Homme, sa miséricorde et sa bonté l'inclinent à confirmer la vérité affirmée dans la question posée juste avant. Les deux disciples connaissent en partie l'Ecriture, mais certainement pas d'une manière parfaite sinon ils devraient désormais vivre dans la joie de l'espérance de la résurrection, de leur résurrection, découlant de la résurrection du Christ ayant eu lieu le troisième jour après sa mort.
Jésus connaît parfaitement les Ecritures et il a eu maintes fois l'occasion de le prouver, face aux docteurs (Lc 2,46-47; Mt 2,35-46), aux théologiens (Mt 7,29) et au Sanhédrin (Jn 12,42). Non seulement il a une connaissance parfaite de l'Ecriture mais il est la source même de l'Ecriture. Il leur montre la nécessité d'une longue maturation afin que la venue du Messie se fasse dans les conditions les plus parfaites et de révéler que la venue du Messie ne dépendait pas de certains hommes mais uniquement de Dieu. C'est pourquoi tout était annoncé depuis Moïse et que les prophètes de l'Ancien Testament continuèrent d'annoncer la venue de ce Messie qui est Jésus.
Ce verset montre que contrairement à ce que disent nombre de chrétiens, il est nécessaire de lire, d'étudier et de méditer l'Ancien Testament. Il est certes la préfigure du Nouveau Testament et tout ce qui est caché dans le Premier Testament est révélé de manière brillante et divine dans le Second Testament. Mais il possède nombre de trésors que le chrétien moderne ne peut ignorer sous peine de mener une vie de perdition.

 

28 Ils approchèrent du bourg où ils se rendaient, et lui feignit de se rendre plus loin.

et ils se sont approchés du village vers lequel ils faisaient route et lui il a disposé sa face pour s'éloigner d'eux et continuer sa route

 

Tandis que Jésus leur explique l'Ecriture, lui et les deux disciples ont repris la route. Leur tristesse et leur étonnement en découvrant que l'étranger ne sait rien des derniers évènements ont laissé la place à une espérance et une joie grandissante non explicite dans ce verset, même si révélée ultérieurement (v. 32), mais implicite dans le fait qu'ils ont tous trois repris la route. Les disciples ne pouvaient plus avancer dans la vraie foi sans le secours du Fils du Très-Haut, sans l'écoute attentive associée à la miséricorde et l'amour pour l'homme de bonne volonté. Cette reprise de la marche symbolise ici que la foi des deux disciples prend un nouvel essort, une élévation certaine puisque ayant repris leur marche et s'approchant d'Emmaüs.
Jésus feint de ne pas suivre les disciples. Feindre n'est pas mentir car ici Jésus attend une réaction immédiate des hommes alors que mentir aurait été d'agir et d'aller contre la volonté de ces hommes. Cette feinte de Notre Seigneur est son désir de faire grandir encore dans le coeur de ces hommes la soif de l'amour de Dieu triomphant à travers la résurrection du Fils de Dieu.
Jésus va leur enseigner autre chose, leur prouvant que la foi, en tant que connaissance pure des choses touchant Dieu. Il feint de les laisser là, près de leur destination, comme si lui devait se rendre ailleurs. Il ne leur demande pas s'il peut rester avec eux ou si eux souhaitent que lui reste avec eux; il va de nouveau provoquer une nouvelle réaction. Nous voyons combien l'impuissance de l'homme est grande et que son aptitude à progresser dans la foi ne peut se faire que par le secours du Christ.

 

29 Mais ils le contraignirent, disant : "Reste avec nous, car on est au soir et déjà le jour est sur son déclin." Et il entra pour rester avec eux.

mais eux ils ont insisté auprès de lui et ils ont dit reste avec nous parce que c'est le temps du soir et il a déjà baissé le jour et alors il est entré [dans la maison] pour rester avec eux

 

Jésus, en ayant pris le temps de leur expliquer parfaitement l'Ecriture, se voit contraint ou fortement invité à suivre ses deux compagnons de route. Alors que ces hommes vivaient dans une tristesse et un désespoir d'une profondeur immense, les voici ravivés dans leur foi et ils veulent témoigner de leur gratitude en invitant Notre Seigneur à les suivre.
Cette invitation des deux disciples, exprimée oralement par eux et provoquée par Jésus, est également une invitation forte à aller plus loin que dans une simple compréhension de l'Ecriture. Voilà une nouvelle preuve que la foi sans les oeuvres est vaine !
La fin de journée est là symbolisant la nécessité pour ces deux disciples d'être rassurés dans leur foi afin de passer sans encombre les ténèbres de la nuit, du doute, de la peur et de la tristesse. Ces hommes ne se sentent pas encore capables d'affronter seuls la nuit et ils insistent pour que cet étranger les accompagne alors qu'ils ne connaissent rien de lui si ce n'est qu'il leur a expliqué l'Ecriture. Ce qui était chair et enfonçait les deux hommes dans la tristesse et le doute commence à être combattu avec succès avec ce qui est Esprit en renforçant la joie et l'espérance. L'esprit de ces hommes a commencé à s'ouvrir mais il a besoin de fortifications et Notre Seigneur le sait.
L'hospitalité proposée par ces hommes est noble et louable car elle va leur permettre de connaître davantage l'étranger qui leur a expliqué l'Ecriture. L'hospitalité est une nécessité pour le chrétien, car celui qui reçoit chez lui afin de partager sa nourriture, reçoit en réalité le Christ (Mt 10,40 Celui qui vous reçoit me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m'a envoyé.
).
Celui qui, ayant reçu la parole de Dieu et la compréhension de la parole divine, donne de ses biens à son prochain, est récompensé en voyant que Jésus demeure avec lui (Jn 6,56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.
; Jn 14,17 mais vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure au milieu de vous; et il sera en vous; Jn 14,23 Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure.).

 

30 Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna.

et il est arrivé [que] tandis qu'il était étendu [pour manger] avec eux il a pris le pain il a dit la bénédiction il a brisé [le pain] et il [le] leur a donné

 

Les disciples invitent Notre Seigneur à leur festin. C'est leur manière de remercier cet étranger qui leur a appris des choses, qui leur a retiré le doute et la tristesse, qui les a aidés à progresser dans la compréhension afin que leur foi s'élève à un degré de perfection jamais atteint auparavant.
La bonté de Notre Seigneur éclate de nouveau, et d'une manière encore plus belle, plus forte et plus divine. C'est dans la fraction du pain que ces hommes reconnaissent que celui qu'ils considéraient comme étranger à leurs yeux est en réalité le Messie que leur coeur espérait tant revoir. Par un signe fort et visible, Jésus va de nouveau provoquer en eux une réaction telle l'ouverture de la Mer Rouge.

 

31 Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent; et il disparut de leur vue.

et alors il se sont ouverts leurs yeux et ils l'ont reconnu et lui il a été invisible [et il a disparu] loin de leurs yeux

 

Lorsque ces deux hommes marchaient avec l'étranger, ils étaient aveuglés par leur tristesse et repliés sur eux-mêmes à cause du désespoir. Le signe visible du Christ, par la fraction du pain, est une délivrance invisible à la chair mais certaine à l'esprit. Les écailles des yeux tombent et ce que les yeux ne pouvaient voir, l'esprit le voit enfin. L'étranger est Jésus-Christ, le Messie ressuscité. Il est vivant comme les Anges l'avaient annoncé. Tout devient clair et limpide. Les yeux recherchaient un corps non ressuscité alors que Dieu leur donne de voir, par l'âme, un corps ressuscité.
Depuis leur rencontre sur la route jusqu'au festin et au moment où Jésus bénit le pain, le rompt et le partage, nous avons vu plusieurs provocations de Jésus afin d'aider l'esprit de l'homme à voir autrement, à prendre le temps de la compréhension. Jésus révèle les choses petit à petit, selon les nécessités de la nature humaine si pauvre et si incapable d'embrasser d'un seul coup la grande vérité de la résurrection. Et le sommet de la révélation est le pain béni, rompu et partagé, tout comme le sommet de la vie sur terre de Jésus est la Passion, la mort et la résurrection.
Ces deux disciples découvrent une nouvelle vérité non enseignée dans l'Ecriture - l'Ancien Testament : celui qui communie au pain béni, rompu et partagé, comme étant le Corps de Notre Seigneur, se voit augmenter de la grâce qui donne une compréhension plus élevée des choses de la vie, donnant une assurance plus grande du salut et plus de force pour aimer Dieu et sa Création. C'est le pain béni qui enlève les obstacles de la chair et du démon et qui élève l'esprit du communiant afin de l'aider à devenir toujours plus participant au Corps ressuscité du Christ.
Que celui qui veut connaître Jésus, communie à son Corps afin que son esprit soit libéré des chaînes du monde et de la chair et que son âme lui fasse dire : "Mon Seigneur et mon Dieu !"
Lorsque les deux disciples reconnaissent que l'étranger est réellement Jésus resssucité, leurs yeux voient que Celui en qui ils avaient mis toute leur espérance, disparaît du milieu d'eux. Jésus a atteint son objectif, donner la vraie foi et sa personne, de nouveau glorifiée, ne peut plus vivre auprès d'homme de chair pécheresse. Il a donné l'essentiel : la foi véritable est celle qui consiste à voir avec l'âme et non pas avec les yeux (Jn 20,29 Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru.
). 

 

32 Et ils se dirent l'un à l'autre : "Est-ce que notre cœur n'était pas brûlant en nous, lorsqu'il nous parlait sur le chemin, tandis qu'il nous dévoilait les Ecritures ?"

et ils se sont dit chacun à son compagnon est-ce qu'il n'était pas notre cœur en train de brûler au-dedans de nous lorsqu'il nous parlait sur la route et lorsqu'il nous a ouvert [le trésor] des écritures

 

Le Christ s'est retiré d'eux, selon la chair, mais sa présence est toujours active car lorsque au moins deux personnes sont réunies au nom de Jésus, Jésus ne se lasse pas d'être parmi eux (Mt 18,20 Car où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux.).
Selon la chair, le coeur des deux disciples était brûlant parce que dissipant le trouble et la tristesse causés par la doute et le désespoir. Selon l'Esprit, l'esprit des deux disciples était brûlant parce que Jésus élevait leur âme d'une connaissance parfaite de l'amour de Dieu pour Lui et ses enfants de la terre. Tout ce qui brûle par l'action de Dieu, à cause de sa parole, a pour fin de détacher l'homme de ce qui l'attache encore à la chair et à la terre, afin de l'attacher enfin à l'esprit et au Ciel. Les hommes brûlaient de l'intérieur en écoutant les explications données par l'étranger et commençaient peu à peu à comprendre ce que la chair et la raison seule ne pouvaient comprendre. Cette lente ouverture d'esprit faisait naître en même temps une joie immense qui brûlait la tristesse, et une conviction forte qui brûlait tout doute.
Lorsque l'homme prend le temps d'écouter la parole de Dieu, ses préceptes, ses textes, il ne peut que connaître la joie véritable. Chaque mot de Dieu est tel un feu qui brûle tout empêchement à la vraie foi, tel un feu allumant une joie, une confiance et une espérance très vives. Les flammes de l'amour et de la sagesse divine brûlaient tout leur être et les ténèbres disparaissaient avec les noires fumées. Les nuages de la compréhension s'effacent et le Christ offre à ses disciples un ciel d'un bleu parfait où le regard ne cesse d'aimer s'y plonger afin de rechercher et d'aimer l'objet unique de son plus bel amour : Dieu.
Que faut-il retenir de cet épisode de la vie du Christ Jésus ressuscité ?
Si une seule chose doit être retenue, que ce soit celle-ci : l'amour infini de Dieu veut nous être donné de manière parfaite en communion à son divin Corps afin de nous fortifier dans l'espérance du salut éternel qui est de vivre toujours auprès de la Très Adorable Trinité Sainte, dans le Ciel.
Bien fraternellement dans le Christ, votre dévoué saint Augustin

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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