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Disciples d'Emmaüs II

 

 

 

 

Disciples d'Emmaüs II

 

 

Commentaire :

 

13 Or, ce même jour, deux d'entre eux se rendaient à un bourg, nommé Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades,

et voici que deux d'entre eux dans ce jour-là ils étaient en route pour aller dans un village qui était éloigné de [cent] soixante stades de ierouschalaïm et son nom [c'est] ammaous

 

L'après-midi du jour de la résurrection de Notre Seigneur (Lc 24,1), deux des disciples, qui avaient constaté que le tombeau où fut déposé le corps de Jésus était vide (Lc 24,12), se rendaient à un bourg appelé Ammaous (Emmaüs en français et qui est aujourd'hui la ville de Nicopolis) distant vraisemblablement de cent-soixante stades (environ vingt mille pas d'homme) de la ville de Ierouschalaïm (Jérusalem en français) et non de soixante stades.

 

Ces deux disciples étaient certains de la mort de Jésus mais doutaient encore de sa résurrection et de son retour dans la gloire du Père. La marche accomplie par ces deux disciples est le lent travail exécuté par leur esprit afin d'adhérer pleinement à l'enseignement du Christ, en particulier sur sa Passion, sa crucifixion, puis sa résurrection dans sa gloire. Ils sont en marche et n'ont pas atteint leur destination parce que leur foi est encore incomplète; ils ne croient pas encore que le Christ est ressuscité, vivant de nouveau de la gloire que Dieu lui donne de toute éternité et qu'il mit de côté durant son séjour sur terre pendant trente-trois années.

14 et ils causaient entre eux de tous ces événements.

et eux ils parlaient chacun avec son compagnon au sujet de tout cela qui était arrivé

 

Ces deux disciples, marqués par les évènements des derniers jours, en discutaient longuement. Etant donné tout ce que nous apprend les évangiles sur les derniers temps de Notre Seigneur dans le monde, nous ne pouvons que croire que ces deux disciples n'ont pas pu rester insensibles à tout ce qui s'est passé. Ils sont bouleversés par l'horreur et les souffrances que Jésus a dû subir, librement, par amour de nous, pour nous sauver et nous ouvrir la voie du Ciel, nous réconciliant ainsi avec le Père.

 

Ils sont incapables de discuter de tout cela avec le recul nécessaire. Leur âme, bien que quelque peu imprégnée par la doctrine de Jésus, est vivement troublée par la chair, par les émotions. Le doute combat la foi et triomphe actuellement. Ils savent ce qu'ils ont vu mais il semble qu'ils ne réussissent pas à croire à ce que leurs yeux ne peuvent voir.

 

15 Tandis qu'ils causaient et discutaient, Jésus lui-même, s'étant approché, se mit à faire route avec eux;

et il est arrivé [que] pendant qu'ils étaient en train de parler et de discuter alors lui-même ieschoua s'est approché et il a fait route avec eux

 

Pendant qu'ils discutent, qu'ils partagent entre eux, essayant tant bien que mal d'avancer dans leurs réflexion, combattant leurs émotions pour essayer de trouver une paix nécessaire à une réflexion juste, voilà que Jésus en personne s'approche d'eux. C'est l'amour infini et la miséricorde de Dieu qui obligent Jésus à venir vers ces deux disciples, vers ces deux hommes qui, en réalité, ne demandent qu'à progresser dans la foi, qu'à être confirmés dans la foi. Mais, présentement, ils en sont incapables. La faiblesse de la nature humaine, signalée ici par le trouble de l'âme provoqué par les émotions dues à ce qui a été vu et entendu, est comme un appel, un cri de désespoir : "Ô mon Dieu, jusques-à quand me laisserez-vous dans les ténèbres ? Pitié, j'ai soif de vous et je vous demande de venir étancher ma soif." (Ps 6,4 Mon âme est dans un trouble extrême; et vous, mon Dieu, jusques à quand ? Reveez, Seigneur, délivrez mon âme; sauvez-moi à cause de votre miséricorde.; Ps 90,13 Revenez Seigneur; jusques à quand ? Ayez pitié de vos serviteurs.)

 

Jésus s'approche des deux disciples, certainement avec l'humilité parfaite que l'Evangile nous a révélée, certainement avec la douceur de son Coeur Immaculé et dont les plaies désormais éternelles nous rappelleront toujours jusqu'à quel point il nous aime. Non seulement il s'approche d'eux, mais décide de faire route avec eux. Le cri de désespoir, la douleur du coeur de ces deux disciples font venir vers ces deux hommes Celui qui connaît tout de tous et n'abandonne pas celui qui met son espérance en celui qui a les paroles de la vie éternelle (Jn 6,68 Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle.). 

 

16 mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

et leurs yeux étaient empêchés afin de ne pas le reconnaître

 

Jésus ressuscité marche en compagnie de deux de ses compagnons. Mais la tristesse, la peur, le doute, le désespoir et le manque de foi troublent leur intelligence; leur vue est probablement troublée par des yeux marqués par des larmes de grande tristesse. Ils sont tournés actuellement vers leur intérieur esclave du désespoir au lieu de se tourner vers l'extérieur source de la plus belle espérance. Ces hommes sont incapables de reconnaître Jésus, le premier des ressuscités.

 

17 Il leur dit : "De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant ?" Et ils s'arrêtèrent tout tristes.

et il leur a dit quelles sont-elles donc ces paroles que vous vous échangez chacun avec son compagnon tout en faisant route [ensemble] et alors ils se sont arrêtés et leurs visages étaient tristes

 

Pour la deuxième fois, la miséricorde divine va se manifester : Jésus s'adresse à eux, comme les provoquant, afin de leur demander de quoi ils discutent. Jésus connaît parfaitement la nature humaine et se doute que la pudeur ou la tristesse empêcheront ces hommes de continuer leur discussion devant un étranger.

 

Lorsque Jésus leur demande de quoi ils parlent, les deux disciples s'arrêtent et leurs visages expriment visiblement de la tristesse. S'il s'agissait d'une tristesse comme on peut en vivre suite à de nombreuses sortes d'épreuves qui marquent toute vie humaine, ces hommes auraient poursuivi leur marche et répondu à Jésus. Mais la cause de leur douleur est si élevée que la tristesse envahissant tout leur être les fait s'arrêter.

 

18 L'un d'eux, nommé Cléophas, lui dit : "Tu es bien le seul qui, de passage à Jérusalem, ne sache pas ce qui s'y est passé ces jours-ci !"

et alors il a répondu l'un des deux et son nom [c'est] qleôpha et lui a dit tu es bien le seul à séjourner comme étranger à ierouschalaïm et à ne pas savoir ce qui s'est produit en elle dans ces jours-là

 

L'un des deux disciples s'appelle Cléophas tandis que, selon certains commentateurs, l'autre disciple pourrait être Saint Luc lui-même, sachant que l'humilité, caractéristique des vrais chrétiens fait que l'auteur de cet évangile ne mentionne pas le nom du second disciple. Cette caractéristique se retrouve dans l'Evangile selon Saint Jean où l'auteur parle de lui comme étant le disciple que Jésus aimait (Jn 13,23 l'un d'eux était couché sur le sein de Jésus; c'était celui que Jésus aimait.; Jn 19,26 l'un d'eux était couché sur le sein de Jésus; c'était celui que Jésus aimait.; Jn 20,2 ...l'autre disciple que Jésus aimait...; Jn 21,7 ...le disciple que Jésus aimait dit à Pierre...).

 

Les deux hommes sont tellement marqués par les évènements de la vie de Notre Seigneur qu'ils pensent qu'il n'est pas possible que l'étranger qui les interroge ne soit pas au courant. Tout habitant d'Israël a beau avoir diverses préoccupations qu'il ne peut pas ne pas savoir qu'un homme se proclamant Fils de Dieu a été crucifié. A la tristesse provoquée par la question de Jésus suit l'étonnement qui est même un choc. Cet étranger viendrait-il d'un pays lointain ? Ou aurait-il vécu tel un ermite ?

 

Cléophas réagit comme tout humain et ne devine pas la provocation de Jésus. Il ne comprend pas encore que Dieu va aider cet homme si attristé par la mort de Notre Seigneur à élever sa compréhension des choses, à se rappeler ce qui a été enseigné au peuple et en particulier aux disciples.


 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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