Devinettes IX

   
 
 
Devinettes IX
 
Pour répondre à la question de frère "Christophe" ("Jonathan"), voici ce que dit la Vulgate :
Mt 11,11 En vérité, je vous le dis, il ne s'est pas élevé entre les enfants des femmes de plus grand que Jean-Baptiste; mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
 
Dieu bénisse les prochains participants qui donneront leur compréhension de ce verset.

réponse:
 
Bonjour frère
 
Vous voyez, vous aussi, que les devinettes n'ont plus de succès (clin d'oeil).
 
Rappelons ce verset de Saint-Paul :
 
Vulgate
Col 1,24 Qui maintenant me réjouis dans mes souffrances pour vous, et accomplis dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son corps qui est l'Eglise,
 
0. Saint-Pierre écrira aussi :
I P 4,12-13 Mes bien-aimés, ne soyez pas surpris du feu ardent qui sert à vous éprouver, comme si quelque chose d'extraodinaire vous arrivait;
Mais participant ainsi aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin qu'à la révélation de sa gloire vous vous réjouissiez aussi, transportés d'allégresse.
 
1. Certains, ne comprenant ces mots de l'Apôtre, en concluent que soit il blasphème en disant que la Passion de Notre Seigneur est imparfaite, soit il s'élève orgueilleusement en participant à la Passion de Notre Seigneur. Or ces deux sens sont à rejeter vivement car l'Apôtre parle toujours avec la lumière de la foi et en toute humilité.
Disons d'abord que la Passion du Christ a pleinement et parfaitement réconcilié l'homme avec Dieu (I P 3,18 le Christ est mort une fois pour nos péchés).
Ensuite, la Passion, la mort et la résurrection de Notre Seigneur n'a jamais annoncé la fin de la souffrance des hommes. Il suffit de rappeler les mots de Jésus et des Apôtres qui disent que, bien que regénérés dans l'eau et l'Esprit, nous avons encore à combattre (I Tm 6,12 Combats le bon combat de la foi; I P 5,8-9) contre l'adversaire (Ep 4,27 Ne donnez pas non plus accès au diable), contre le péché, contre la tentation (I Co 10,13; I P 1,6 contristés par diverses tentations) et cela se fait dans la souffrance puisque la chair combat l'esprit (Ga 5,19-23). S'adressant à ses Apôtres, Jésus leur annonce que lorsqu'ils iront annoncer la Bonne Parole dans le monde, eux aussi auront à souffrir. Nous savons qu'ils seront lapidé (Saint-Etienne) emprisonnés (comme Saint-Paul et Saint-Pierre), torturés, jeté en haut du Temple de Jérusalem (Saint-Jacques), crucifiés la tête en bas (comme Saint-Paul et Saint-Pierre), etc.
 
2. Comment alors l'Apôtre peut-il dire que les souffrances qu'il vit complètent celles de Notre Seigneur ? Jésus a souffert sa Passion dans toute sa Personne. Mais il reste maintenant à son Corps qui est l'Eglise, de vivre aussi des souffrances. Or l'Eglise est formée des chrétiens. Ainsi, il faut que les membres du Corps de Jésus-Christ vivent leurs souffrances afin que, ajoutées aux souffrances de la Personne du Christ, ce soit le Christ Total qui ait souffert. "Le Christ total est tête et corps, la tête est le Fils unique de Dieu et son corps est l'Eglise." (Saint-Augustin, De Unitate Eccles. 4)
 
3. Pourquoi alors vouloir être chrétien si c'est pour souffrir autant ? Jésus n'a jamais promis le bonheur sur terre si on le suit. Au contraire, il demande même que nous portions notre croix et que nous le suivions. (Lc 9,23; Mc 8,34 Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renonce lui-même, qu'il prenne sa croix et me suive.; I P 2,21 le Christ a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces.)
 
4. Jésus est aussi le nouvel Adam, celui qui non seulement est éternellement aimé du Père (puisqu'éternellement engendré en Lui) mais le premier d'une multitude de frères qui donne l'exemple à suivre. Jésus fut le premier baptisé dans l'eau et l'Esprit et il servit d'exemple à tous les futurs chrétiens. Il en va de même pour la Passion. Jésus nous invite à prier sans cesse, à la mortification, au renoncement de soi, à la lutte contre la triple concupiscence, au détachement de soi pour l'attachement à Dieu, à la haine des oeuvres de la chair pour l'amour des oeuvres de l'esprit. Ces souffrances n'ont pas leur fin en soi et c'est Jésus qui nous le montre puisqu'il est la voie (Jn 14,6) unique qui mène au Père (I Tm 2,5). Ces souffrances vécues en son nom nous sont méritoires (I P 2,20 si, faisant le bien, vous souffrez patiemment, c'est un mérite devant Dieu.). Ces souffrances ne proviennent que de notre lutte permanente à vivre selon Notre Seigneur : que la charité triomphe en toute pensée, en tout acte, avec toute personne, avec soi et pour Dieu.
Ainsi, si nous vivons ici-bas en agissant de notre mieux comme le demande le Christ, nos souffrances contribuent à notre sanctification et la sanctification, à notre gloire, en vertu des mérites obtenus par la Passion, la mort et la résurrection de Notre Sauveur Jésus-Christ.
 

Mt 11,11 En vérité, je vous le dis, il ne s'est pas élevé entre les enfants des femmes de plus grand que Jean-Baptiste; mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.

Ce verset se décompose en deux parties : 1. il ne s'est pas élevé entre les enfants des femmes de plus grand que Jean-Baptiste 2. mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.

A ces deux propositions, Jésus les fait précéder de En vérité qui est la traduction de amen qui signifie en hébreu certain, certainement vrai. Jésus nous énonce deux vérités, l'une dans le monde naturel et l'autre dans le monde surnaturel. Comme dans ses paraboles, Jésus fait appel à nos connaissances du monde actuel, à notre compréhension et notre imagination pour mieux comprendre ce qui est dans le monde surnaturel, dans le royaume des cieux.

Ce qui semble étonnant à la première lecture, c'est que bien que ces deux propositions soient totalement vraies et qu'il n'y a pas lieu de les remettre en question, justement parce que Jésus parle en vérité et que Jésus est la vérité même (Jn 14,6 Jésus dit : Je suis la voie, la vérité, la vie.), Jésus ajoute un petit mot qui veut dire beaucoup : mais. Y a-t-il opposition entre ces deux vérités ? Voyons plutôt une mise en garde de Jésus, sur la compréhension personnelle que nous avons au sujet de ces deux vérités. La première vérité est aisément appréhendable, imaginable pour tout homme, mais la seconde vérité ne peut être appréhendée et comprise de la même manière. La première vérité est un reflet de la seconde vérité et une manière simple mais forte d'appréhender cette seconde vérité. En d'autres termes, notre connaissance du monde actuel, aussi profonde est-elle, et cela est encore vrai de nos jours, nous permet de connaître certaines choses du monde surnaturel, d'affirmer certaines vérités, sans pour autant en parler complètement, même si c'est en vérité. C'est ce que proclama le Concile du Vatican I en disant que si l'homme est incapable d'embrasser l'essence même du monde surnaturel, Dieu, par miséricorde de ses enfants, lui donne des moyens de le découvrir, non pour le but final de le connaître intellectuellement, mais pour l'aimer comme un enfant chérit son environnement préféré. Ses moyens sont la raison, l'intelligence, la volonté et tous les objets visibles dans la nature de notre monde, sublime Création de Dieu.

1. il ne s'est pas élevé entre les enfants des femmes de plus grand que Jean-Baptiste

a) Pourquoi dit-on il ne s'est pas élevé alors que l'homme ne peut s'élever par lui-même ?

Pour répondre, il faut se rappeler la visite de Marie à sa cousine Elisabeth (Lc 1,40+), alors que cette dernière était enceinte de Jean (le Baptiste). Lorsque Marie est face à Elisabeth, Marie vient à peine de concevoir le Verbe fait chair qui va se développer dans le sein de sa mère Marie. Jean est déjà dans le ventre de sa maman Elisabeth depuis six mois et le face-à-face des deux femmes se vit en même temps que le face-à-face de Jésus et de Jean. L'évangéliste Saint Luc nous dit qu'alors Jean tressaillit dans le ventre de sa mère (Lc 1,41). Et parce que Elisabeth reçut alors la grâce de Dieu par l'intermédiaire de Marie - ce qui montre la puissance de l'intercession de Marie -, elle fut remplie de l'Esprit-Saint (Lc 1,41). Et parce qu'elle fut remplie de l'Esprit-Saint, Jean reçut l'Esprit-Saint, don infini de la grâce de Dieu. Ce petit être qui grandit dans le sein de Elisabeth portera alors un prénom qui résume déjà ce passage de l'Evangile : Jean. Dans un autre article, nous avons dit que ce prénom vient de l'hébreu Yohânan qui signifie Dieu a fait grâce. 

b) Pourquoi parle-t-on des enfants des femmes et non des enfants des hommes ?

Tout simplement parce que dans le judaïsme, c'est la mère qui transmet la religion à son enfant. 

c) Jésus déclare que, parmi toutes les mères du monde et en tous temps, aucune n'a accouché d'un enfant aussi grand que Jean. Il ne s'agit naturellement pas de comprendre le qualificatif grand comme riche, grand (par la taille) ou encore puissant. Jésus est venu pour révéler l'amour du Père pour tous et la Jérusalem Céleste et non pour parler de vaines préoccupations du monde, absolument pas salutaires à l'homme. Comment alors comprendre ce qualificatif ?

Nous pouvons y voir trois sens :

1. grand parce que saint

2. grand parce que savant

3. grand parce que aimant

L'Evangile nous montrera Jean comme un homme de caractère mais aussi : 1. saint parce que pleinement adhérant à l'Evangile, parce que croyant pleinement que a. Jésus est le Fils de Dieu annoncé par les prophètes (évangile selon S. Marc), b. Jésus est le Messie attendu (évangile selon S. Matthieu), c. Jésus est le Sauveur du monde (évangile selon S. Luc), d. Jésus est l'amour personnifié de Dieu, le Verbe incarné (évangile selon S. Jean) Avant même sa venue au monde, le prophète Jean était déjà sanctifié, privilège particulièrement rare dans la sainte Bible (privilège partagé avec le prophète Jérémie), ce qui est une marque d'une haute estime de Dieu pour cet homme et de sa prédestination à une vocation très proche et très sainte dans le plan de Dieu pour l'humanité. 2. savant non parce qu'il pouvait dialoguer avec les savants de son temps sur les sciences analytiques (mathématique, physique, biologie...) ou sur les sciences humaines (histoire, psychologie...), mais parce que Dieu lui donna le don de science d'une manière si élevée que cet homme connaissait beaucoup de choses du monde surnaturel, des mystères de Dieu et la révélation prochaine de Jésus, fils de charpentier, parmi les hommes, en tant que Fils de Dieu. 3. aimant parce qu'un don élevé de la grâce de Dieu envers un homme découle d'un amour particulièrement élevé de Dieu envers cet homme. Et parce que Jean était déjà rempli de l'Esprit-Saint avant sa venue au monde, il manifestait un amour envers Dieu extrêmement fort et parfois violent car entier et sans concession. Cet amour se voit lors du baptême de Jésus au Jourdain où Jean se sent indigne de baptiser le Fils de l'homme (Mc 1,7; Mt 3,13-14) mais il se soumet aussitôt et pleinement à la volonté de Celui qu'il aime tant. 

N'abusons pas de ces vérités pour dire que puisque Jésus déclare que Jean (le Baptiste) est le plus grand parmi les hommes, il l'est aussi par rapport à Marie. La doctrine de l'Eglise a expliqué pourquoi Marie est la plus sainte parmi les hommes et nous n'aborderons pas ce sujet ici.

2. mais celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. 

Après avoir proclamé que Jean (le Baptiste) est le plus grand parmi les hommes, Jésus s'empresse d'ajouter qu'il est le plus petit dans le royaume des cieux. Cet empressement n'est pas pour corriger la première vérité annoncée juste avant mais pour rappeler que la véritable grandeur ne se mesure pas selon des échelles purement humaines mais selon le regard de Dieu. Comment, aux yeux de Jésus, Jean, qui est le plus grand parmi les hommes, est-il le plus petit dans le royaume des cieux ? Prenons une image pour expliquer cette double vérité - les deux propositions - : imaginons un autel où vit Dieu, la Très Sainte Trinité. Devant, il y a toute la cour céleste, adorant Dieu, le glorifiant et le louant sans cesse. Un peu plus loin, il y a toute l'humanité, "séparée" de Dieu par la cour céleste. Plus loin encore, nous trouvons les animaux, les végétaux et enfin les minéraux. De là, nous voyons que plus une créature est proche de Dieu, plus elle reçoit la lumière de Dieu. Plus elle reçoit la lumière divine, plus elle est pure, plus elle illumine de la charité divine, donc plus elle aime Dieu. Et plus elle irradie de la lumière divine, plus sa connaissance des choses surnaturelles est exacte, précise et complète. Et plus elle vit dans cette charité absolue, plus elle est sanctifiée par Dieu. En résumé, une créature est d'autant plus sainte, savante et aimante qu'elle est proche de Dieu. Or, les anges qui vivent dans le royaume des cieux, sont plus proches de Dieu que ne le sont les hommes. Donc les anges sont plus élevés que les hommes dans la sainteté, dans la sagesse et la charité, en particulier que Jean. Jean, bien que le plus élevé des hommes concernant la sainteté, la sagesse et la charité, est alors surnaturellement moins élevé - plus petit - que les créatures célestes.

Mais le royaume des cieux est-il seulement rempli des anges (jusqu'aux séraphins et aux chérubins) ? Non puisque depuis l'Incarnation du Verbe, sa Passion, sa mort et sa résurrection, nombre d'âmes de nos ancêtres ont rejoint la Sainte Vierge Marie et les anges fidèles afin de louer la gloire de Dieu, de prier, de chanter, de participer exceptionnellement à la communion des saints. Et quand bien même le plus petit dans le royaume des cieux est moins saint, moins savant et moins aimant que toutes les autres créatures du Ciel, parce qu'il est plus proche de Dieu que ne l'était alors Jean (le Baptiste), Jean était alors moins saint, moins savant et moins aimant que le plus petit du Ciel.

Et quoi d'autre ? Lorsque Jean quitta le monde avec la mort racontée par les évangiles, nous sommes assurés que Dieu lui a donné une place élevée dans son royaume puisque la glorification (et non le salut) de l'homme dépend de ses mérites, c'est-à-dire de ses oeuvres charitables réalisées de son vivant sur terre. C'est pour cela aussi que l'Eglise accepte de dire que Saint François d'Assise, le plus grand saint depuis l'Ascension de Jésus et l'Assomption de Marie, est le plus grand saint et que désormais il vit auprès des Séraphins (les êtres angéliques les plus proches de Dieu), suite à l'admirable vie qu'il eut sur terre.

Résumé

De tout cela, nous disons que tous les hommes ne sont pas égaux devant Dieu, ne serait-ce au regard de la sainteté, de la connaissance et de l'amour de Dieu. Mais les plus grands hommes de ce monde restent plus petits comparés aux plus petits du Ciel sur ces trois points. Néanmoins, parce que Dieu sait récompenser les âmes de bonne volonté, ces grands saints de ce monde sont ensuite récompensés par Dieu et élevés à des degrés plus élevés que celui des plus petits du Ciel.

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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