Devinettes VII

Un certain nombre de musulmans disent que le christianisme trouve son origine non en Jésus mais en saint Paul parce que Jésus serait venu pour les Juifs et saint Paul, pour les Gentils. Une première lecture superficielle du Nouveau Testament peut montrer effectivement cela. 1. Au temps de Jésus, les Juifs étaient dispersés dans l'Empire romain et Jésus, envoyant ses Apôtres enseigner et baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, aurait pu demander la conversion des Juifs n'habitant pas en Palestine. En effet, si saint Pierre, avec l'aide très précieuse de saint Paul, a fondé une Eglise à Rome, il est plus juste de dire qu'en arrivant dans la ville éternelle, le chef de l'Eglise trouva déjà des Juifs qui avaient vu ou entendu parler de Jésus et que lui, suivant la parole du Christ et poussé par l'Esprit-Saint, a consolidé les fondements de cette Eglise. 2. L'Epître aux Romains de saint Paul ne s'adresse pas aux Romains (qui feraient partie des Gentils) mais à la communauté juive vivant à Rome. 3. D'autre part, les Actes des Apôtres et les Epîtres ne nous montrent pas souvent les Apôtres baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Voilà quelques arguments tendant à montrer que l'Eglise de Jésus ne serait en réalité formée que des Juifs convaincus que le Messie serait le Christ. C'est ce que nous appelons aujourd'hui les Juifs messianiques.

Mais l'étude de la sainte Bible montre que Jésus-Christ n'est pas venu que pour les Juifs. Pour ce faire, nous prendrons la Parole citée par les anciens prophètes, en particulier le grand Isaïe, sachant que les petits prophètes (Osée, Zacharie...) ont également prophétisé la venue du Messie, mais pas seulement pour le peuple Juif.

Saint Augustin, demandant à Saint Ambroise quel livre il lui conseillait de lire, ce dernier lui répondit : "Le livre d'Isaïe !" Nous nous contenterons ici de suivre ce divin conseil car, le livre d'Isaïe, suffit à lui seul pour montrer l'universalité de la Parole de Jésus-Christ, le Messie tant attendu. Les versets cités suffisent pour montrer que le Messie est Jésus-Christ, qu'il est venu pour rassembler les Juifs dispersés puis pour se révéler au monde païen et pour sauver le monde entier. Nous comprendrons ainsi que Jésus incarné s'est adressé d'abord au peuple des Juifs afin de confirmer les prophéties en sa personne, laissant ensuite son Esprit-Saint souffler dans ses Apôtres pour poursuivre son oeuvre chez les Gentils.

Toutes les nations rassemblées devant le Dieu d'Israël :

Le Père a engendré un Fils unique (Ps 2,7 Le Seigneur m'a dit : Vous êtes mon Fils, c'est moi qui aujourd'hui vous ai engendré.) qu'il a choisi pour être l'étendard du monde, du Juif d'abord, du Grec ensuite (Rm 1,16 Car je n'ai point honte de l'Evangile; c'est une force divine pour le salut de tout homme qui croit, premièrement du Juif, puis du Grec; Rm 2,9-10 Oui, tribulation et angoisse sur tout homme qui fait le mal, sur le Juif premièrement, puis sur le Grec; gloire, honneur et paix pour quiconque
fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Grec.). Le Père a donné à son Fils la plénitude des dons de l'Esprit-Saint parce qu'il s'est complu en lui. Jésus se révèle d'abord au peuple juif, peuple choisi par YHWH pour recevoir la loi et la faire vivre. Ce peuple fut choisi parmi les peuples de la terre afin d'être la lumière des nations du monde, afin de faire briller le véritable Dieu, l'unique sauveur et rédempteur du monde. 42,1 Voici mon serviteur, je le soutiendrai; mon élu, en qui s'est complue mon âme (Mt 3,17 Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j'ai mis mes complaisances.; Mt 17,5 Celui est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mais toutes mes complaisances. Ecoutez-le.); j'ai répandu mon esprit sur lui (Is 11,2-3); il annoncera la justice aux nations. 42,6 Moi, le Seigneur, je t'ai appelé dans la justice, et je t'ai pris par la main et je t'ai conservé. Et je t'ai établi pour être l'alliance du peuple, la lumière des nations (Jr 31,31-34). 12,4 Glorifiez le Seigneur, et invoquez son nom; faites connaître parmi les nations ses oeuvres; souvenez-vous que sublime est son nom. 12,5 Chantez le Seigneur, il a agi avec magnificence; annoncez cela dans toute la terre. 26,9 Lorsque vous aurez exercé vos jugements sur la terre, les habitants du globe apprendront la justice.

Dieu annonce que les peuples (les Gentils puisqu'il ne parle pas du peuple juif) idôlatres viendront à reconnaître le Dieu d'Israël comme l'unique Dieu. Celui qui sauve, c'est le Dieu Jésus-Christ 45,14 Voici ce que dit le Seigneur : Le travail de l'Egypte, le commerce de l'Ethiopie, et les Sabéens, hommes d'une haute taille, viendront vers toi et seront à toi; ils marcheront derrière toi, et ils s'avanceront les fers aux mains; ils se prosterneront devant toi, et ils te supplieront, disant : C'est seulement en vous qu'il y a un Dieu, et hors de vous il n'y a pas de Dieu. 45,15 Vraiment vous êtes un Dieu caché, le Dieu d'Israël, un sauveur. 45,20 Rassemblez-vous, venez et approchez-vous ensemble, vous qui avez été sauvés des nations; ils sont dans l'ignorance, ceux qui élèvent un bois qu'ils ont sculpté, et qui prient un Dieu qui ne sauve pas. 45,21 Annoncez, venez, et consultez ensemble; qui a fait entendre cela dès le commencement, et dès lors l'a prédit ? N'est-ce pas moi, le Seigneur, et il n'y a pas de Dieu hors moi ? un Dieu juste et qui sauve; il n'y a pas excepté moi. 45,22 Convertissez-vous à moi et vous serez sauvés, vous tous, confins de la terre; parce que moi je suis Dieu, et qu'il n'y en a point d'autre. 45,24 Que devant moi tout genou fléchira, et toute langue jurera par mon nom. (Rm 14,11; Ph 2,10) 52,10 Le Seigneur a préparé son bras saint aux yeux de toutes les nations; et ils verront tous les confins de la terre, le salut de notre Dieu.

Le Père donne son Fils, Jésus-Christ, d'abord pour rassembler tous les Juifs dispersés dans les nations. Puis, par amour des hommes, le Fils appellera les Gentils qui n'ont jamais entendu parler de ce Dieu. 55,4 Voilà que je l'ai donné pour témoin aux peuples, pour chef et pour maître aux nations. 55,5 Voilà que tu appelleras une nation que tu ne connaissais pas; et des nations qui ne t'ont pas connu vers toi accourront, à cause du Seigneur ton Dieu, et du saint d'Israël qui t'a glorifié. 

56,1-8 Ici Dieu réunit les Gentils dans son peuple.

Dieu, par le Christ, établira une nouvelle alliance éternelle, remplaçant l'ancienne alliance, avec ces hommes (les Gentils) qui s'offraient à des dieux par des sacrifices et qui vivaient dans l'injustice : 61,8 Parce que moi, le Seigneur, j'aime la justice, et j'ai en haine la rapine dans l'holocauste, j'établirai leur oeuvre dans la vérité, je ferai avec eux une alliance perpétuelle.

Dieu se révèlera aux Gentils non parce qu'ils ont cherché le Dieu véritable mais parce que Dieu les a aimés le premier (I Jn 4,19 aimons Dieu, puisque Dieu nous a aimés le premier.) et qu'il a désiré se révéler aussi eux (Jn 3,16-17 Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.), eux qui n'invoquaient pas le saint nom de Dieu. 65,1 Ils m'ont cherché, ceux qui auparavant ne m'interrogeaient pas; ils m'ont trouvé, ceux qui ne m'ont pas cherché; j'ai dit : Me voici, me voici, à une nation qui n'invoquait pas mon nom. (Rm 10,20) 65,2 J'ai étendu mes mains tout le jour à un peuple incrédule, qui marche dans une voie qui n'est pas bonne, à la suite de ses pensées. 65,3 C'est un peuple qui me provoque au courroux devant ma face sans cesse; qui immolent dans les jardins, et sacrifient sur les briques; 65,4 Qui habitent dans les sépulcres, qui dorment dans les temples des idoles; qui mangent de la chair de porc, et, mettent du jus profane dans leurs vases;

Dieu le Père annonce la venue du Messie en la personne de Jésus-Christ : Je poserai un étendard parmi eux (Is 11,10;12). Dieu enverra ensuite ses Apôtres annoncer la Bonne Nouvelle, la Parole de Dieu exprimée et vécue dans le Christ, dans le monde entier : 66,19 Je poserai un étendard parmi eux, et j'enverrai ceux d'entre eux qui ont été sauvés, vers les nations, vers la mer, en Afrique et en Lydie, qui tend la flèche; dans l'Italie et la Grèce, dans les îles au loin, vers ceux qui n'ont pas entendu parler de moi, et n'ont pas vu ma gloire. Et ils annonceront ma gloire aux nations,

Et ils convertiront tous les hommes comme une seule offrande au Dieu unique, au Dieu véritable : 66,20 Et ils amèneront tous vos frères de toutes les nations comme un don au Seigneur... 66,21 Et j'en prendrai d'entre eux pour prêtres et lévites, dit le Seigneur.

Et parmi les Gentils convertis à l'Evangile, il y aura de nouveaux prêtres ne descendant pas de Lévi, fils de Jacob : j'en prendrai d'entre eux pour prêtres et lévites, dit le Seigneur. 66,23 Et il arrivera que de mois en mois, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra afin d'adorer devant ma face, dit le Seigneur.

Par la Parole de Dieu et la prédication des Apôtres, Dieu se fera alors connaître au monde entier afin d'être adoré, lui, le seul et unique Dieu : il arrivera que de mois en mois, et de sabbat en sabbat, toute chair viendra afin d'adorer devant ma face, dit le Seigneur.

Mt 18,6 Mais celui qui scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui que l'on suspendît une meule de moulin à son cou, et qu'on le précipitât au profond de la mer.

Scandaliser n'est pas à proprement parler une traduction mais un décalque grec puisqu'il vient de skandalizein. Skandalizein vient de l'hébreu kaschal. Kaschal ne signifie pas scandaliser mais buter avec son pied, trébucher. Le latin scandalizare signifie pièger, faire obstacle. Aussi, scandaliser une personne, c'est lui mettre des bâtons dans les roues, c'est l'empêcher de progresser, c'est la dévier du droit chemin, c'est susciter en elle le doute, le désespoir, la méfiance. Quelle est la bonne Voie ? Jésus-Christ (Jn 14,6 Jésus dit : Je suis la voie, la vie, la vérité). Empêcher un homme de rester sur la bonne Voie, c'est se mettre entre cet homme et Jésus. C'est poser un acte grave, un péché grave puisque c'est cacher la lumière de Dieu (I Jn 1,5 Dieu est lumière et il n'y a point en lui de ténèbres.) à celui qui croit en Jésus (I Jn 2,9 Celui qui dit être dans la lumière et qui hait son frère est encore dans les ténèbres.). Cacher la lumière, c'est imposer les ténèbres. Or nous savons que les ténèbres n'ont point voulu de la lumière et la lumière a condamné les ténèbres à l'enfer éternel. Quand nous savons quelles tortures horribles souffrent les démons, il vaut effectivement mieux que cet homme qui scandalise un enfant de Dieu meurt d'une mort qui nous apparaît horrible, mais courte et bien moins horrible que les flammes de l'enfer éternel. D'autre part, à supposer qu'un homme commette un tel péché, c'est agir contre le Fils de l'homme et Jésus dit que tout péché commis lui sera pardonné (Lc 5,10 Quiconque parle contre le Fils de l'homme, il lui sera remis; mais pour celui qui aura blasphémé contre l'Esprit-Saint, il ne lui sera pas remis.). Ce grave péché, scandaliser un enfant de Dieu, sera pardonné oui, mais l'Eglise rappelle que tout péché doit être réparé et que cela se répare par des souffrances plus ou moins grande selon la gravité du péché, ici-bas ou au Purgatoire (Is 50,11 Mais vous tous qui allumez un feu, et qui vous armez de flèches embrasées, allez dans les flammes de votre feu, et au milieu des flèches que vous avez enflammées ! C'est par ma main que ces choses vous arriveront; vous serez couchés dans la douleur !). Et celui qui devra payer réparation au Purgatoire souffrira de telles souffrances que les prières de l'Eglise ne seront pas de trop pour le soulager...

Mt 18,7 Malheur au monde, à cause des scandales; car il est nécessaire qu'il vienne des scandales : cependant malheur à l'homme par qui le scandale arrive.

Cela rappelle une parole du prophète Isaïe (Is 5,20 Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui font des ténèbres la lumière et de la lumière les ténèbres, qui font ce qui est doux amer, et ce qui est amer doux !). Jésus, bien que Verbe incarné, n'a jamais cessé d'être Dieu (Col 1,19 Car Dieu a voulu que toute la plénitude habitât en lui;). L'Apôtre saint Jean rappelle que Jésus est amour (I Jn 4,8 Deus caritas est). Pourrions-nous dire encore que Dieu est charité si un seul de ses actes n'avait pas pour fin l'amour ? Comment peut-on alors dire que Jésus annonce le malheur et le prédit à ceux qui scandalisent ? En réalité, Jésus parlait essentiellement en araméen et la traduction française est inexacte puisqu'elle fait mettre dans la bouche de Jésus des mots contre l'amour. L'araméen nous donne les mots exacts : "Malheureux êtes-vous..." et il devient plus juste de dire que Jésus prédit le malheur à ceux qui scandalisent, le malheur ne venant pas de Dieu mais étant la juste conséquence, le juste salaire de leurs péchés. Scandaliser un enfant de Dieu, c'est pécher comme nous l'avons dit. Et pécher, c'est se priver de la lumière, de la grâce de Dieu, du bien céleste. Et cette privation est un manque pour l'âme qui risque de dépérir si cela se reproduit avec le libre consentement du pécheur. Malheur au monde parce que scandaliser les enfants de Dieu, c'est les empêcher de recevoir la joie et le bonheur de Dieu, c'est priver ces hommes qui croient que leur bonheur véritable est en Dieu, de ce bonheur. Et nous voyons que monde actuel est sous la coupe du péché et nous voyons combien ce monde souffre et qu'il accuse à tort Dieu d'en être le responsable, ou de ne pas exister ! Dieu désire que chaque enfant vive de sa lumière car c'est elle qui attire, qui conduit vers la gloire de Dieu. Comment Dieu peut-il alors dire qu'il est nécessaire qu'il vienne des scandales ? Non que Dieu désire lui-même créer les scandales, mais il les autorise, non pour punir les hommes de leurs faiblesses et de leurs nombreux péchés, mais pour que les hommes se tournent vers lui, le prient, lui implorent le secours de la grâce, le reconnaissent comme l'unique Sauveur de l'humanité. La grâce doit surpasser là où le péché abonde parce que les ténèbres attirent le regard de Dieu qui, ému par les souffrances des ses enfants qui souffrent par faiblesse ou malgré eux, s'épanche et verse d'amour pour les justes, pour les malades. Ainsi, le scandale n'est pas une fin en soi mais un moyen de Dieu pour se révéler aux hommes qui désirent le connaître pour mieux l'aimer.

Mt 18,8 Si donc ta main ou ton pied te scandalise, coupe-le, et jette-le loin de toi; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie, privé d'une main ou d'un pied, que d'être jeté, ayant deux mains ou deux pieds, dans le feu éternel.

Si les chrétiens devaient prendre cette parole à la lettre, ils seraient tous estropiés, manchots et privés de leurs cinq sens. Est-ce ce que Jésus veut pour chacun d'entre nous ? Non, bien sûr ! Il nous demande non pas d'arracher nos yeux si nous acceptons de regarder ce qui est blâmable, mais d'arracher notre regard de ce qui est blâmable. Il nous demande pas de couper nos pieds si nous courons après de jolies femmes ou des hommes musclés mais de faire les efforts nécessaires pour que nos pieds ne contribuent pas à nous faire pécher. C'est une forte invitation à apprendre à fortifier notre volonté afin notre raison se plie au désir de notre âme chrétienne d'accomplir la volonté du Père. Ainsi, mieux vaut entrer dans la vie (éternelle), privé d'une main ou d'un pied, c'est-à-dire s'être efforcé de maîtriser les désirs de notre chair par la volonté, même imparfaitement et incomplètement, que de se présenter devant Notre Seigneur avec ce qui a contribué à nous faire chuter, car alors il y aura des grincements de dents...

Mt 18,9 Et si ton oeil te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi; il vaut mieux pour toi entrer dans la vie avc un seul oeil, que d'être jeté ayant deux yeux dans la géhenne de feu.

Jésus nous demande pas de nous torturer le corps comme le croient ces chrétiens qui disent qu'il faut prendre au pied de la lettre qui, pourtant, continuent de pécher délibérément sans faire les efforts nécessaires pour moins pécher... Le sens véritable est celui que nous avons donné en Mt 18,8.