Devinettes III

   
 

Devinette (D03)

 

Voici une question qui rappellera à certains le beau partage que nous avons récemment un soir en salle de discussions. Supposons que tous les hommes deviennent les pires meurtriers comme jamais l'Histoire de l'Humanité n'en a connus.

Peut-on dire que la nature humaine est encore bonne ? Pourquoi ?
saint Augustin (ou SanAug ou Augustinius)

Paix à vous dans le Christ vraiment ressuscité !

Voici quelques éléments de réflexion en réponse à vos mots intéressants :

1. l'esprit humain est-il la nature humaine ?

2. comment une nature peut-elle être bonne et mauvaise ?

3. peut-on dire que les actes influent sur la nature humaine ?
Bien fraternellement dans le Christ, saint Augustin (ou SanAug ou Augustinius)

Paix à vous dans le Christ vraiment ressuscité !
Dieu vous bénisse pour avoir pris le temps de la réflexion. Vos réponses montrent combien la définition des mots doit être précise, combien tel mot ne doit pas être utilisé à la place d'un autre mot sous peine de voir des confusions, des erreurs, des conflits.
La question initialement posée n'est pas évidente et engendre un vaste débat. Aussi nous contenterons-nous de donner des éléments de réponse et de réflexion en espérant éclaircir certaines zones d'ombre.
Qu'est-ce qu'un homme - pris dans le sens général - ? C'est une créature ayant une nature humaine, une créature douée de raison, c'est-à-dire capable de réfléchir, d'appréhender le monde qui l'entoure, de choisir; c'est une créature maître et libre de sa volonté. Dans son infinie bonté, Dieu a donné à chacun un certain nombre de talents et une certaine mesure pour chaque talent, selon la prédestination de chacun. Voilà qui s'oppose à l'égalitarisme moderne qui veut que tout le monde soit dans un même moule, ce qui est impossible, même si les notions de droits sociaux, de droits du travail, de droits juridiques, etc. se défendent avec une certaine justice. Mais là, c'est un autre débat.
Comment définir un homme - toujours dans le sens général - ? C'est une âme infusée dans un corps et tous deux cohabitent, sans mélange des genres, dans une étroite et harmonieuse union. L'âme est le principe de la nature humaine et le corps est le soutien physique de l'âme. Pour le chrétien, l'âme est la création de Dieu et le corps le fruit de l'union entre un homme et une femme, exception faite de Notre Seigneur Jésus-Christ. Pas de développement harmonieux du corps sans l'âme et pas d'âme grandissant dans la vertu sans le corps. L'esprit de l'homme fait davantage appel aux notions d'intelligence, de capacités mentales (mémoire, concentration, logique, abstraction, synthèse...). Néanmoins, le sommet de l'esprit est l'âme et le sommet de l'âme est la raison. La partie la plus noble de l'homme est sa raison dont la fine pointe touche la "partie" la plus basse de Dieu.
Si l'âme humaine est création de Dieu, elle n'est cependant pas substance de Dieu car Dieu est simple, c'est-à-dire Un et indivisible. Et si cela était quand même possible, nous pourrions alors affirmer que tous les hommes, sans exception et qu'ils soient catholiques ou non, sont comme Notre Seigneur, c'est-à-dire Verbe fait Homme, ce qui n'est pas. Le livre de la Genèse nous dit que Dieu crée l'homme à son image et selon sa ressemblance. Dans un précédent article, nous avons rappelé les différents sens des mots image et ressemblance selon la patristique et la symbolique. L'image de Dieu en l'homme se trouve dans son âme car tout ce qui est création de Dieu porte en elle une trace de Dieu en tant qu'image, image plus ou moins grande selon le rang de la nature créée (ainsi les Anges ont une nature supérieure à celle des hommes). La ressemblance n'est pas l'image mais la prédestination de la volonté humaine par rapport au motif initial de la Création. Etant donné que Dieu est le Créateur et qu'Il crée selon sa Bonté, il faut que cette même bonté se trouve d'une certaine manière dans la Création - voilà pourquoi il est écrit que Dieu considère l'homme bon en le regardant (sous-entendu intérieurement). Or toute chose est réalisée en vue d'une fin sinon elle n'est pas réalisée. Puisque le principe de la Création est la Bonté divine, la fin de toutes choses est nécessairement aussi ce même principe. C'est pourquoi Dieu a façonné l'homme à son image afin qu'il apprenne à user de ses talents (vertus) pour que la ressemblance entre la créature et le Créateur soit de plus en plus parfaite, toujours selon la prédestination de Dieu - ainsi tous les hommes ne sont pas appelés à être des saint François d'Assise mais tous sont appelés à la sainteté.
L'image de Dieu est gravée dans l'âme insufflée dans l'homme dès le premier instant de sa conception. Or l'homme est une âme et un corps et l'homme devra oeuvrer toute sa vie pour que le corps soit un support parfait de l'âme, cela n'étant possible qu'à travers une soumission totale, permanente. C'est alors que la ressemblance avec le Créateur est parfaite. Mais pouvons-nous parler de perfection concernant l'homme ? Si Dieu est parfait dans son essence, il semble que toutes les créatures soient imparfaites. Comment alors l'homme se doit-il de travailler pour obtenir une parfaite ressemblance ? Nous l'avons dit : par un humble travail de soumission du corps à l'âme, et de l'âme à (la volonté de) Dieu. A supposer que cette perfection soit un jour atteinte, pouvons-nous conclure que cette perfection est celle de Dieu ? Il faut répondre qu'en Dieu la perfection est absolue et c'est pourquoi nous disons que Dieu est immuable : en aucune manière, dans aucun domaine il ne peut être plus parfait. L'homme, par contre, peut atteindre une certaine perfection et, si elle doit être considérée comme parfaite, il faudra toujours la relativiser par rapport à sa nature créée. Lorsque Notre Seigneur dit d'être parfaits comme son Père céleste est parfait, c'est bien dans le travail quotidien, dans le chemin de croix dont l'arrivée est la mort du corps et la purification de l'âme définitive dans la grâce du Christ. C'est pourquoi il n'est pas dit de devenir parfaits comme Dieu car nul ne peut être parfait comme Dieu comme il ne peut y avoir deux infinis coexistants, mais d'oeuvrer le plus possible vers la perfection divine dans la foi chrétienne en vue de pouvoir dire un jour "Chaque instant de ma vie, je fais le maximum pour plaire à Dieu". Quel beau défi !
L'âme est création de Dieu. Or nous avons rappelé que tout ce qui est créé par Dieu est bon et seulement bon puisque toute création de Dieu porte une trace de la Bonté divine, puisque toute création est réalisée selon une image certaine de Dieu (et non comme une partie de la substance divine). Lorsque Adam fut créé, il faut créé avec une âme et un corps. Tant qu'il ne pécha point, son corps était en permanence soumis à son âme, elle-même en permanence soumise à la volonté de Dieu. Selon la nature humaine, Adam vivait dans la perfection (relative de sa nature). Lorsqu'il commit le terrible péché appelé péché originel, il grava en lui les conséquences de son acte commis volontairement : il perdit la perfection. Et parce que ce péché était d'une gravité extrême (par rapport à la nature humaine et en tant que père de l'Humanité), il ne méritait plus de vivre dans l'Eden. Contrairement à ce qui est souvent enseigné, ce n'est pas Dieu qui chassa Adam (et Eve) du jardin des délices mais c'est leur péché qui les chassa : ils récoltèrent ce qu'ils avaient semé. D'un état de perfection, Adam était passé à un état d'imperfection. Parce qu'Adam était le père de l'Humanité, il fallut qu'il paie sa faute et qu'il la paie aussi dans sa descendance. Tous les descendants adamiques héritent non pas du péché originel mais de la souillure. C'est pourquoi tout homme qui vient au monde est mauvais et non innocent et bon comme nous l'entendons souvent.
Il y a environ deux mille ans, le Père envoie son Fils (le Verbe) dans le monde afin de racheter le monde victime du péché. La doctrine de l'Eglise enseigne que le saint sacrement du baptême efface tous les péchés antérieurs à l'acte du baptême, y compris le péché originel. Le baptisé vit alors dans une perfection, mais puisqu'elle est toujours relative et que la nature humaine se caractérise, entre autres, par une incapacité à garder le même cap jusqu'à la mort, le chrétien va tomber plus d'une fois et, plus d'une fois, Notre Seigneur le relèvera par l'effet de sa grâce. Le chrétien, appelé à grandir dans la perfection, oeuvrera pour découvrir les vertus, pour les comprendre, pour les vivre de plus en plus, de plus en plus intensément. Et parce que le chrétien est plus proche de Dieu qu'un non chrétien, il sera plus souvent attaqué en vue d'être éloigné de sa fin, savoir son salut. Mais Dieu qui est un Dieu fidèle, s'attache à son enfant et ne le laisse pas... pourvu que le chrétien ne commette pas d'acte qui fasse fuir l'Esprit-Saint - par le blasphème contre l'Esprit-Saint, par les péchés mortels et par les péchés véniels délibérément répétés - dont la vocation est la sanctification de l'âme.
Le chrétien étant toujours un homme, c'est-à-dire de nature humaine désormais rachetée gratuitement par le don de la grâce du Christ Jésus, peut commettre des péchés terribles, comme le meurtre. Faut-il alors en conclure que sa nature a changé ? qu'elle n'est plus bonne ? Ce n'est pas la nature qui responsable des fautes, des actes condamnables, mais la volonté détournée de sa faim qui a usé des talents donnés par Dieu par le biais de l'âme qui n'a pas voulu rechercher le bon plaisir de Dieu, ce qui est agréable à Dieu, mais ce qui plaît à l'homme, l'orgueil, la vengeance, l'envie, etc. Ces actes sont répréhensibles mais la nature humaine est toujours la même : elle est celle qui caractérisait Adam, puis Noé, puis Abram, puis Moïse, puis les Prophètes, puis les Apôtres, les saints et les martyrs, etc. Le baptême ne modifie pas la nature humaine mais enlève la souillure originelle et efface les péchés, comme le feront ensuite les saints sacrements de réconciliation, de l'eucharistie et des malades.
Considérons un chrétien qui bascule complètement au point de devenir le pire des pécheurs. S'il faut dire que sa nature est mauvaise, alors l'homme possède, par des actions volontairement choisies et appliquées, la capacité de modifier sa propre nature qui est originellement bonne. Or cela est impossible puisque seul le Créateur a la capacité de créer une nature, de la modifier ou de la supprimer. Il faut dire que si l'image de Dieu, vivant dans l'âme, est toujours la même, les péchés commis ont sensiblement diminué la ressemblance avec Dieu. C'est pourquoi nous pouvons dire qu'entre un "grand" saint et un "grand" pécheur, c'est - entre autres - leur ressemblance à Dieu peut les différencier. En aucun cas, l'homme ne peut modifier sa nature mais chaque acte posé peut augmenter ou diminuer sa ressemblance avec Dieu.
Comment peut-on vérifier cela ? Plus un homme vit en odeur de sainteté, plus sa vie est caractérisée par l'humilité devant Dieu. A l'opposé, plus un homme vit en fonction de lui-même (d'abord ou uniquement), plus sa vie est caractérisée par l'orgueil. L'humilité parfait la ressemblance à Dieu tandis que l'orgueil salit cette même ressemblance. Et encore ? Puisqu'une définition de Dieu est de dire qu'Il est Esprit et qu'Il ne possède pas de corps, les créatures les plus parfaites vivent selon leur âme alors que les créatures les plus imparfaites vivent selon leur corps (ou leur chair). Voilà pourquoi la virginité, la continence et la chasteté sont des vertus alors que la luxure et la gourmandise sont des péchés. Les premiers font souffrir la chair afin de la soumettre à l'âme qui devient libre de ces fardeaux pour s'attacher à Dieu alors que les seconds endorment l'âme en la soumettant à la chair qui devient esclave du péché.
Résumons cela : l'image de Dieu fait partie de la nature humaine et cela est définitif, que l'homme vive dans foi parfaite ou dans le péché absolu. C'est la ressemblance qui distingue les saints et les pécheurs et la ressemblance est tributaire des actes librement posés, c'est-à-dire avec acquiescement libre de la volonté. Que se passe-t-il dans les cieux ? dans le Ciel ? Les créatures ayant librement choisi de vivre soumises à Dieu (les Anges fidèles et les hommes rachetés et purifiés) ont alors une ressemblance à l'image de Dieu : ils sont définitivement et véritablement frère de Jésus-Christ qui est l'Image du Dieu vivant.
Bien fraternellement dans le Christ, saint Augustin (ou SanAug ou Augustinius)

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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