Combien de Frères

 

 

 

 

Combien de Frères ?

 

Les protestants, non contents de salir la bienheureuse Mère de Dieu, croient et affirment haut et fort que Jésus eut des frères et des soeurs. Malheureusement, de plus en plus de catholiques ont tendance à adhérer à cette erreur sans chercher à trouver le faux du vrai, ou le vrai du faux. Il y a plusieurs manières de montrer que Marie eut un fils unique : Jésus.

Quoiqu'en pensent Origène, Eusèbe, saint Grégoire de Nysse, saint Cyrille d'Alexandrie, saint Epiphane, saint Hilaire, saint Ambroise et plusieurs auteurs ecclésiastiques, ni Jacques ni les autres personnages appelés frères et soeurs de Jésus, ne paraissent avoir été les enfants de Joseph, qui, d'après eux, étant veuf quand il épousa Marie, les aurait eus de sa première femme, ou peut-être encore de la veuve de son frère Cléophas, en vertu de la loi du lévirat.

Rien, en effet, ne prouve cette filiation, et tout en indique une autre.

Sans doute, l'hypothèse parut bien trouvée à ces apologistes pour expliquer l'existence des frères de Jésus, en maintenant l'intégrité virginale de Marie. En réalité, elle était aussi inutile que gratuite.

La science sans parti pris est obligée, avant tout, d'admettre l'opinion attribuant à Marie d'autres enfants que Jésus, heurte de front la croyance invariable et universelle de l'Eglise.

En Orient comme en Occident, on a toujours glorifié sa perpétuelle virginité. En outre, pour maintenir au mot frères son sens rigoureux, elle doit faire litière d'une série d'arguments qui interdisent de prendre Jacques et les autres pour de véritables fils de Marie. Il suffira d'en produire un qui nous semble péremptoire.

Ainsi, il est évident que quand, au verset 17 du chapitre XII, saint Luc nous parle de Jacques sans autre indication, il ne peut être question que d'un personnage déjà connu du lecteur.

Or, le lecteur des Actes ne connaît que deux hommes de ce nom, Apôtres tous les deux : l'un, frère de Jean, déjà mis à mort par Hérode, et par conséquent hors de cause, et l'autre, fils d'Alphée, dont il s'agit ici.

Mais ce dernier avait au moins un frère; car, lorsque, dans la liste des Apôtres, saint Luc désigne Jude comme frère de Jacques, il vise certainement l'Apôtre de ce nom, qu'il a nommé le dernier.

Aussi bien que Jacques, Jude est donc fils d'Alphée ou de Cléophas, double forme que prenait indistinctement en grec le nom araméen Klophah.

Or, la femme de ce Cléophas ou Alphée s'appelle Marie. Elle est dite soeur ou belle-soeur de la sainte Vierge, mère de Jacques le mineur (Mt XXVII,16; Mc XV,10) et de José.

Donc Jude, étant frère de Jacques, doit être aussi fils de cette Marie et de Cléophas. Or justement ceux qu'on appelle les frères de Jésus se nomment Jacques, José, Simon et Jude (Mt XIII,55).

Faut-il admettre que Jésus eut quatre frères et quatre cousins germains portant exactement les mêmes noms ?

Car Simon, ou Siméon, lui aussi, fut, d'après la tradition primitive (Eus., H. E., III,XI) cousin germain de Jésus et élu, à ce titre, évêque de Jérusalem, à la mort de Jacques son frère. Hégésippe dit que son père Cléophas était frère de Joseph.

Mais cette identité persistante et absolue des mêmes noms parmi les membres de deux branches collatérales d'une même famille est-elle admissible ?

Non, assurément. Non sunt multiplicanda entia proeter necessitatem, dit-on en théologie.

C'est bien ici le cas. Un seul groupe de quatre frères suffit pleinement à tout expliquer, si l'on étend aux cousins germains le nom de frères, ce qui n'est pas inusité, toutes les fois que des circonstances contribuent à resserrer les liens du sang et les relations de famille.

Ce groupe, par chacun de ses membres, en commençant par Jacques, et d'après des textes précis, se rattache directement à Cléophas et à Marie, son épouse, comme à ses auteurs naturels. Jamais il n'est dit qu'aucun d'eux fût fils de Joseph et de Marie. On se contente de les appeler frères de Jésus (Mt XIII,55; Mc VI,3),

ce qui n'est pas absolument la même chose et peut paraître constituer une nuance intentionnelle.

La solution la plus simple d'une difficulté, que la vraie science renonce désormais à soulever, est donc de supposer que Marie, femme de Cléophas, eut de son mari, et non de son beau-frère Joseph, Jacques, Jude, José et Simon, et probablement trois filles.

Joseph et peut-être Cléophas étant morts, Jésus ainsi que Marie, sa mère, vécut avec la famille de sa tante, et les enfants élevés ensemble furent qualifiés de frères, tout en n'étant que cousins.

(Mgr Le Camus, L'Oeuvre des Apôtres, T.1, p. 302-303)

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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