Carême I

 

   
 

Carême, temps de pénitence !

Le Carême est un temps de jeûne, de privation et puisqu'il est un temps de privation, le Carême est un temps où Dieu nous appelle à renoncer aux oeuvres mauvaises, à mortifier les oeuvres de la chair, à combattre le vieil homme qui continue de vivre en nous, malgré notre foi et notre naissance dans le Christ ressuscité.

Pâques approche et ce jour est la célébration de la résurrection de Notre Seigneur. Nous vivons encore le Carême, et la Passion de Notre Seigneur approche. Dieu veut nous sauver avec son Fils, parce qu'il nous aime. Mais ce salut ne peut se faire qu'avec notre coopération et notre désir sincère et renouvelé de vivre en conformité avec la doctrine de Jésus, doctrine léguée à ses Apôtres.

Dieu nous aime tant qu'il est prêt à tout nous pardonner.

Son amour est si grand que le pire des péchés est noyé dans son amour.

Ai-je tué ?

Dieu pardonne et donne encore plus d'amour.

Ai-je volé ?

Dieu me donne au centuple. A

i-je violé ?

Dieu m'apprend l'amour véritable.

Ai-je menti ?

Dieu m'apprend que Jésus est vérité.

Ai-je déshonoré père et mère ?

Dieu me châtie comme le meilleur des pères.

Ai-je ambitionné contre mon prochain ?

Dieu me rabaisse pour mieux m'élever. Toute faute est aux yeux de Dieu prétexte pour mieux manifester son amour des hommes. Dieu est prêt à tout pardonner, à tout donner, par amour de nous. Dieu est amour, Dieu est don gratuit.

Dieu me tend la main et veut que je marche à sa suite parce qu'il désire m'offrir une joie parfaite, un amour infini, la plénitude de ses fruits. Pourtant, bien que rien ne soit impossible à Dieu, Dieu ne peut nous prendre avec lui si nous le refusons - péché contre l'Esprit-Saint -, si nous regardons sans cesse derrière nous alors que nous sommes appelés à regarder devant nous le Sacré Coeur de Jésus, si nous mettons entre lui et nous des pièges qui sont les péchés non pardonnés et notre orgueil, refus de demander pardon. Pourtant Dieu pardonne tout parce que son amour est infini et que sa bonté immense est pour l'homme. Mais c'est l'homme qui refuse de suivre le Christ, c'est l'homme qui prend des sentiers sinueux et dangereux, c'est l'homme qui hésite. Et Dieu est là, patient, aimant, attentif, toujours prêt à nous secourir dans sa grâce.
"Ô mon Dieu, que dois-je faire ? D'un côté je désire de tout mon être vous suivre et de l'autre côté, je ne puis encore vous suivre. - Aveugle que tu es ! Comment peux-tu dire que tu désires de tout ton être Me suivre alors que tu es encore pécheur, que tu refuses encore de pardonner à certains, que tu t'attaches encore à certaines oeuvres de la chair, que tu doutes parfois de Mes mots ? - Ô mon Dieu, pardonnez-moi car j'ai péché ! Je veux marcher à votre suite, comme vos Apôtres, comme ce peuple, comme les saints martyrs, comme les Pères... - ...Mon petit, comment peux-tu me demander une chose que toi-même refuses de donner à tous ? Quelle est cette doctrine qui veut qu'on donne à certains et pas à d'autres ? Mon Amour est exclusif car il est à toute Ma Création. Ton amour est inclusif car il est selon ta volonté. Comment peux-tu vouloir me suivre si Ma Volonté ne devient pas ta volonté ? J'aime tous les hommes et Mon Amour est allé jusqu'à aimer ceux qui M'ont crucifié. Mais toi, tu refuses de pardonner à celui qui t'a meurtri dans ta chair. Comment peux-tu alors Me demander de te renouveler dans Ma Grâce si tu refuses de mettre totalement à mort le vieil homme qui sévit encore en toi ? Je peux tout donner pour celui qui Me demande tout et il recevra au-delà de son espérance. Mais Mes Dons seront moindres pour celui qui Me demande et qui n'aura pas lui-même satisfait les demandes de ses offenseurs. Si tu veux tout, fais tiennes Mes paroles : Père, Votre Volonté et non la mienne."
Le Carême est un temps de pénitence, de réconciliation avec Dieu parce que, chaque jour, nous nous éloignons de Lui autant que nous péchons. Il est aussi un temps de réparation. Ce temps est comme un champ que le paysan aimait et entretenait de toute sa ferveur. Il donnait chaque année de beaux fruits mais cela rendit son voisin envieux. Celui-ci profita de la nuit pour venir détruire ce champ. Au petit matin, le propriétaire du champ vit cela et s'attrista non à cause de son champ mais du geste de son voisin. Il s'empressa de le rejoindre chez lui. Le malheureux reconnut son geste et implora le pardon. Et il reçut le pardon. Le propriétaire ajouta : "Tu as détruit le fruit de mon travail mais je viens de te pardonner. Mais comment vais-je pouvoir nourrir ma famille maintenant ?" L'offenseur répondit : "Prends la moitié de mon champ." Les deux hommes se serrèrent la main.

Il en va de même avec Dieu. Dieu pardonne tout, Dieu donne tout mais il demande aussi réparation, non parce que nous sommes suffisamment puissants pour blesser Dieu lui-même, mais pour réparer nos fautes auprès des hommes que nous avons offensés. Mais comment parler de réparation quand le pécheur a tué ou violé ? Certes, il ne ramènera point à la vie ni effacera son odieux crime, mais il pourra toujours veiller à prier davantage et mieux encore pour les âmes offensées. Si la réparation ne peut se faire matériellement, qu'elle se fasse au moins pour le salut des âmes. C'est aussi ce que dit Notre Seigneur : Va, et ne pèche plus ! car ne plus pécher, c'est laisser la charité fraternelle régner absolument en soi, en conformité avec le Christ.
Ainsi, Dieu pardonne tout et me donne tout. Mais cela dépend aussi de ma coopération, c'est-à-dire de mon acceptation de faire le double effort de ne plus recommencer - même si la chair est faible - et de faire réparation. C'est alors que Dieu me pardonnera et, me pardonnant par amour de moi qui suis pauvre pécheur, me fera davantage sentir la joie qu'Il éprouve à me voir marcher à sa suite. Et moi, marchant à sa suite, sentant combien Dieu est présent pour moi, je marcherai en paix avec mon Bien-Aimé.
Le Carême - "car-aime" - est un temps d'amour car Dieu aime. Je vis parce que Dieu m'aime; je grandis parce que Dieu m'aime; je meurs à moi-même parce que Dieu m'aime. Mais si je tourne le dos à cet Amour divin par refus de Dieu, par refus de pardonner au moindre offensé, comment puis-je me plaindre que Dieu ne m'exauce pas ? Dieu aime et tout en lui se fait par amour. La troisième Personne divine est l'Esprit-Saint, l'amour mutuel du Père et du Fils. Cet Amour est absolu, parfait, infini et, par amour des hommes, Dieu nous donne de participer à cet Amour par la grâce dans le baptême. Ce baptême va être renouvelé par la Passion, la mort et la résurrection de Notre Seigneur. Préparons-nous à cette fête universelle, préparons nos coeurs, lavons-les humblement et amoureusement : pardonnons, demandons pardons et faisons réparation.

"Celui qui veut présenter à Dieu un esprit purifié et se laisse troubler par les soucis ressemble à quelqu'un qui se serait étroitement entravé les jambes et prétendrait courir..." Saint Jean Climaque (580-649) L'Echelle Sainte. "L'homme doit donc se réjouir, non de la possession de ces grâces extraordinaires et de l'usage qu'il en fait, mais du fruit spirituel qu'il peut en retirer en servant Dieu avec une véritable charité, car c'est elle qui nous donne droit à la vie éternelle. Voilà pourquoi notre Sauveur reprit ses disciples qui revenaient tout joyeux d'avoir chassé les démons et leur dit : "Gardez-vous de vous réjouir de ce que les démons vous sont soumis, mais plutôt de ce que vos noms sont inscrits dans le livre de vie (Lc 10,20)." En bonne théologie cela veut dire : Réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans le livre de vie. Par conséquent l'homme ne doit se réjouir que s'il est dans la voie qui conduit à cette vie, voie qui consiste à accomplir ses œuvres dans la charité de Dieu; car de quoi sert ce qui n'est pas amour de Dieu ? quelle en est la valeur ? Or cet amour n'est pas parfait, s'il n'a pas assez de force et de sagesse pour purifier l'âme de toutes les joies qui viennent de la créature et pour ne se complaire que dans l'accomplissement de la volonté de Dieu. C'est à cette condition que la volonté s'unit à Dieu par le moyen de ces biens surnaturels." Saint Jean de la Croix (1542-1591) La Montée du Carmel, chap. XXIX, in Oeuvres spirituelles, Editions Seuil, Paris, 1947. "Ne désespérez pas, gardez-vous du désespoir. Je le répèterai mille fois : si vous péchez tous les jours, faites pénitence tous les jours... Oui, tu seras sauvé. Parce que le Seigneur a pour les hommes une grande bonté. Mon espoir n'est pas fondé sur ta pénitence. Ta pénitence ne peut effacer tes crimes, mais bien la clémence de Dieu qui s'y joint aussitôt, qui n'a pas de mesure, qu'aucune parole ne peut expliquer. Ta malice est celle d'un homme, elle est bornée, la miséricorde qui pardonne est celle de Dieu, elle n'a pas de bornes, elle est infinie. La malice de l'homme est à la bonté de Dieu ce qu'une étincelle tombant dans l'Océan est à l'Océan. Non, moins encore. L'Océan a des rives, la Bonté de Dieu n'en a aucune." Saint Jean Chrysostome (344-407) Epître aux Romains, Homélie XXXI "Ne te décourage pas, ne te laisse pas aller au désespoir lorsque tu sens dans ton âme un souffle meurtrier, un bouillonnement de méchanceté et de mal, d'impatience et de blasphème, ou un fléchissement sous l'emprise des mauvaises pensées. Combats sans relâche et résiste courageusement, invoque de tout ton cœur le Seigneur Jésus-Christ, le vainqueur de l'enfer. Humilie-toi profondément, profondément, reconnaissant du fond de l'âme que tu es le premier des pécheurs (1), indigne d'être compté parmi les hommes, et le Seigneur, voyant ton humilité et ton combat, te viendra en aide. Appelle aussi à ton secours notre Protectrice, la très sainte Vierge Mère de Dieu, et dis-lui : "Guéris, ô toute Pure, les blessures amères de mon âme, et terrasse les ennemis qui ne cessent de me faire la guerre. (2)" (1) : cf. 1 Tim 1, 15 (2) : Canon à l’Ange Gardien Saint Jean de Cronstadt (1829-1908) Ma vie en Christ, Abbaye de Bellefontaine, 1979. "Considérez que la première chose qu'il faut faire pour aimer Dieu, c'est de haïr tout ce qui lui est contraire, c'est-à-dire toute sorte de péché tel qu'il soit; d'en purifier votre âme par le moyen d'une vraie pénitence; de vous séparer pour jamais de toutes les occasions qui peuvent vous porter à quelque dérèglement; de travailler fortement à détruire en vous toutes les mauvaises habitudes, et à y faire mourir toutes les racines du péché, qui sont l'amour désordonné de soi-même, la propre volonté et l'orgueil. Pour cet effet, demandez lumière à Dieu pour connaître l'état de votre âme, et ensuite examinez-vous rigoureusement et sans vous flatter; et après avoir reconnu vos fautes et la source d'où elles procèdent, priez la divine miséricorde qu'elle vous donne une vraie contrition, et une grâce puissante et efficace pour vous en séparer et pour en vaincre les habitudes intérieures et les occasions extérieures. Puis avisez aux moyens et aux remèdes les plus propres dont vous pourrez vous servir à cette fin; et prenez résolution de les embrasser et pratiquer, vous gardant bien néanmoins de vous appuyer sur vos résolutions ni sur vos soins et industries, mais sur la seule grâce et miséricorde de Dieu, que vous devez sans cesse invoquer pour cet effet." Saint Jean Eudes (1601-1680) Méditations à l'usage des Ecclésiastiques (Mémorial de la vie ecclésiastique, V° partie), 15° méditation, in Méditations sur divers sujets, Paris, P. Lethielleux, 1932. "Réprimez tout sentiment d'indignation en présence des fautes d'autrui. Ayez de l'affection et de la pitié pour tous, vous souvenant toujours que vous feriez peut-être bien pis qu'eux, si le Christ Jésus ne vous soutenait de sa grâce." Saint Vincent Ferrier (1350-1399) Traité de la vie spirituelle, III

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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