Blasphème

 

 

 

 

LE  BLASPHEME  CONTRE  L'ESPRIT-SAINT

 
 
 
Dans le sens évangélique, blasphémer contre l'Esprit-Saint n'est pas dire des paroles injurieuses ou insulter Dieu. Que dit le Christ à ce sujet dans...
 
... l'Evangile selon saint Matthieu (chap. 12) :
 
31 C'est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes; mais le blasphème contre l'Esprit ne sera point remis.
 
... l'Evangile selon saint Marc (chap. 3) :
 
28 En vérité je vous le dis, tous les péchés seront remis aux enfants des hommes, même les blasphèmes par lesquels ils auront blasphémé.
 
29 Mais celui qui aura blasphémé contre l'Esprit-Saint n'en aura jamais la rémission; mais il sera coupable d'un péché éternel.
 
... l'Evangile selon saint Luc (chap. 5) :
 
10 Quiconque parle contre le Fils de l'homme, il lui sera remis; mais pour celui qui aura blasphémé contre l'Esprit-Saint, il ne lui sera pas remis.
 
... la première Epître de saint Jean (chap. 5) :
 
16 Si quelqu'un sait que son frère a commis un péché qui ne va pas à la mort, qu'il prie, et la vie sera accordée à celui dont le péché ne va pas à la mort.
 
Il y a un péché qui va à la mort; ce n'est pas pour celui-là que je dis que quelqu'un doive prier. qui ne va pas à la mort,
 
qui ne conduit pas à l'impénitence finale, laquelle cause à l'âme la mort éternelle. Saint Jean ne défend pas de prier pour ceux qui commettent un tel péché; car il n'y a pas de péché absolument irrémissible, mais il n'ose donner aux fidèles la confiance d'être exaucés pour celui-ci, confiance qu'il leur a inspirée à l'égard de tous les autres.
 
Saint Thomas d'Aquin explique que le péché contre l'Esprit-Saint est par nature irrémissible parce qu'il est refus de l'Esprit-Saint, c'est-à-dire refus du salut que Dieu offre à l'homme par l'Esprit-Saint. Car précisément c'est l'Esprit-Saint qui est la "rémission du péché". Une seule faute est im-pardonnable : le refus du pardon. Refus d'être pardonné par Dieu mais aussi refus de pardonner nos frères comme le dit le Christ dans l'Evangile selon saint Matthieu (chap. 6) :
 
14 Car si vous remettez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous remettra aussi (les vôtres)
 
15 Mais si vous ne les remettez point aux hommes, votre Père céleste ne vous remettra point non plus vos péchés.
 
Jésus nous explique cela dans la parabole du créancier et du débiteur dans l'Evangile selon saint Matthieu (chap. 18) :
 
21 Alors, s'approchant, Pierre lui dit : "Seigneur, combien de fois, mon frère péchant contre moi, lui pardonnerai-je ? Jusqu'à sept fois ?"
 
22 Jésus lui dit : "Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois.
 
23 C'est pourquoi le royaume des cieux est comparé à un homme-roi qui voulut compter avec ses serviteurs.
 
24 Or, lorsqu'il eut commencé à compter, on lui présenta un qui lui devait dix mille talents.
 
25 Et comme il n'avait pas de quoi les rendre, son maître ordonna qu'on le vendit, lui, sa femme et ses filles, et tout ce qu'il avait, et qu'on payât.
 
26 Mais se jetant à ses pieds, le serviteur le priait, disant : "Ayez patience à mon égard, et je vous rendrai tout."
 
27 Alors le maître de ce serviteur ayant pitié de lui, le renvoya et lui remis sa dette.
 
28 Mais ce serviteur étant sorti, rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers; et l'ayant saisi, il l'étouffait, disant : "Rends-moi ce que tu dois."
 
29 Et se jetant à ses pieds, son compagnon le priait, disant : "Aie patience à mon égard, et je te rendrai tout."
 
30 Mais lui ne voulut pas; et il s'en alla, et le fit mettre en prison jusqu'à ce qu'il ne payât sa dette.
 
31 Voyant ce qui se passait, les autres serviteurs furent grandement contristés; ils vinrent et ra-contèrent à leur maître tout ce qui s'était fait.
 
32 Alors son maître l'appela, et lui dit : "Méchant serviteur, je t'ai remis toute ta dette, parce que tu m'as prié !
 
33 Ne fallait-il donc pas que toi aussi tu eusses pitié de ton compagnon, comme j'ai eu moi-même pitié de toi ?
 
34 Et son maître irrité le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il payât toute sa dette.
 
35 C'est ainsi que vous traitera aussi mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du coeur."
 
 
On peut donc dire que le blasphème contre l'Esprit-Saint est le refus du pardon : refus de pardonner et refus d'être pardonné, les deux étant liés.
Suivant les Pères, les théologiens et saint-Thomas d'Aquin en particulier,
le blasphème contre l'Esprit-Saint se divise en six branches :
 
1. le désespoir du salut;
 
2. la prétention de se sauver sans mérite ou d'être pardonné sans pénitence;
 
3. l'attaque de la vérité connue;
 
4. l'envie de la grâce d'autrui;
 
5. l'obstination dans le péché;
 
6. l'impénitence finale. (S. Th., Q.14, art. 2)
 
On distingue six espèces de péché contre l'Esprit-Saint, en faisant abstraction de ce qui fait remettre le péché : les deux premières se prennent du côté de Dieu, c’est-à-dire l’espérance de la divine miséricorde et la crainte de la divine justice, auxquelles sont opposés à la première, le désespoir; à la seconde, la présomption. Deux du côté de l’homme : l’obstination, appelée ici dureté, par laquelle on endurcit son coeur dans le péché; elle est en opposition avec le mépris des biens qui passent, et en opposition avec la détestation que le pécheur doit éprouver de s’être éloigné de Dieu. Deux, enfin, du côté des dons de Dieu, dont l’un est la foi selon ce passage des Proverbes (15,27) :
 
Les péchés se purifient par la foi et dont l’opposé est l’attaque de la vérité connue; et l’autre, la charité, selon cet autre passage du même livre (Pr 10,12) :
La charité couvre toutes les fautes, laquelle a pour opposé la jalousie des grâces accordées au prochain.
 
Cela se confirme dans le livre de Job (chap. 21), où il est dit des impies la chose suivante :
13 Ils passent leurs jours dans le bonheur, et ils descendent en un instant au schéol. 14 Pourtant ils disaient à Dieu : Retire-toi de nous; nous ne désirons pas connaître tes voies.
 

... le nom de Dieu, qui professent des horreurs en public, les signent, les répètent de vive voix, avons-nous à pardonner ces créatures que Dieu a créées par amour ?

Oui ! Car Dieu a créé l'homme par amour et lorsque Dieu contemple sa Création, il la trouve belle et ne cesse de l'aimer. Il la trouve si belle qu'il désire que l'homme accepte de faire de son corps, un Temple, et de son âme, un Tabernacle, afin d'y demeurer maintenant et à jamais.

Est-il difficile de pardonner à ces blasphémateurs ?

A certains, il se peut; à d'autres, cela devient naturel dans le Christ. Est-il possible de pardonner à ces blasphémateurs ?

Oui, puisque Dieu ne demande pas à l'homme ce qui est au-dessus de ses forces. Et quand bien même cela semblerait être impossible, cela devient possible à qui s'en remet à Dieu en demandant à l'Esprit-Saint de le guider sur le don du pardon.

Vous considérez ces paroles comme une belle théorie ?

Vous faites bien ! Mais considérez aussi que sur ce point, l'expérience surpasse la théorie, par la sanctification de l'offensé et le passage de la charité vers l'offenseur.

Un exemple ?

La sainte Bible en donne de nombreux mais en voici un autre qui mérite autant d'attention et de considération :

Les Fioretti raconte l'histoire d'un lépreux qu'on croyait possédé du démon, tant il injuriait et battait ses infirmiers. En outre, il ne cessait de proférer les pires imprécations. Les frères se réjouissaient d'être ainsi traités, mais ils finirent pourtant par se demander s'il leur convenait de soigner un tel blasphémateur. Ils vinrent consulter François, qui se rendit avec eux au lazaret :

 - Que Dieu te donne la paix, mon bien cher frère ! dit-il en saluant l'énergumène. - Il n'y a plus de paix pour moi, répondit l'autre, depuis que je ne suis plus que pourriture et souffrance.

Le bienheureux lui représenta que nous pouvons tourner nos maux corporels au salut de notre âme, en les supportant avec résignation : -

Comment, reprit le désespéré, supporter des douleurs qui ne font trêve ni jour ni nuit ?

Et encore, s'il n'y avait que cela ! Mais de tous les frères que tu m'as envoyés, il n'en est pas un qui vaille quelque chose. - Eh bien ! c'est moi qui te soignerai désormais, dit François. - J'y consens; mais en quoi feras-tu mieux qu'eux ?

- Je ferai tout ce que tu voudras. - Alors, commence par me laver, car je sens tellement mauvais que je ne puis plus me souffrir moi-même. François mit chauffer de l'eau où il fit macérer des herbes odoriférantes; puis, ayant déshabillé le malade, il se mit à le frotter doucement pendant qu'un frère répandait l'eau parfumée sur son corps.

Or, à mesure que l'eau ruisselait, non seulement la lèpre disparaissait, mais l'âme même du lépreux recouvrait la santé, car celui-ci, qui toujours exagérait, se prit à pleurer si fort, demandant pardon d'avoir blasphémé Dieu et battu les frères mineurs, que, pendant quinze jours, tout le voisinage retentit de ses actes de contrition. L'amélioration ne dura pourtant point; et le malade ayant été administré, mourut dans de saintes dispositions, et apparut ensuite à saint François pour lui donner nouvelle de son salut. (Actus, 28; Fioretti, XXV)

 

Ainsi, mes bien chers frères, pardonnez, pardonnez, pardonnez encore, ne vous lassez pas de pardonner, laissant ainsi la charité du Seigneur régner en vous, non pour vous humilier aux yeux des hommes, mais pour le salut de votre âme, le pardon de vos propres fautes et l'édification de l'offenseur qui est autant aimé de Dieu que vous ne l'êtes.

Que la dilection de Notre Seigneur repose en vous, que le soleil de justice brûle votre coeur afin que tout obstacle contre sa charité disparaisse, que votre âme s'inspire du Christ qui pardonna à ses bourreaux, juste avant de rendre l'esprit sur sa sainte Croix !

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 
 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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