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Angélus IV

 

   
 

L'Angélus IV

 


1) Constitution de l'Angelus

Voici les deux manières de réciter l’Angelus : V. Angelus Domini nuntiavit Mariæ, et concepit de Spiritu Sancto. R. Ave, Maria, etc. V. Ecce ancilla Domini, fiat mihi secundum, verbum tuum. R. Ave, Maria, etc. V. Et Verbum caro factum est, et habitavit in nobis. R. Ave, Maria, etc.

V. Angelus Domini nuntiavit Mariæ. (L'Ange du Seigneur annonça à Marie) R. Et concept de Spiritu Sancto. (Et elle conçut du Saint-Esprit) V. Ave, Maria, etc. R. Sancta Maria, mater Dei, etc. V. Ecce ancilla Domini. (Voici la servante du Seigneur) R. Fiat mihi secundum verbum tuum. (Qu'il me soit fait selon votre parole) V. Ave, Maria, etc. R. Sancta Maria, etc. V. Et Verbum caro factum est. (Et le Verbe s'est fait chair) R. Et habitavit in nobis. (Et il a habité parmi nous) V. Ave, Maria, etc. R. Sancta Maria, etc.

Définition : On l’appelle Angelus parce qu’elle commence par ce mot. Elle se compose de trois antiennes ou versets et de trois Ave Maria, suivis d’un quatrième verset, d’un répons et d’une prière, dans laquelle on demande à Dieu sa grâce et le salut éternel, par les mérites de Jésus-Christ.
2) Histoire de l'Angelus

L’origine de l’Angelus, dans sa forme première, remonte à très loin. "Sa source est dans la tradition; l’usage la confirme et la foi la pratique." (Tertullien, De Coron. milit., c. III) Un décret du pape saint Grégoire le Grand (590-604) ordonne que l’Ave Maria soit récité par les prêtres, le premier dimanche de l’avent, à l’offertoire de la messe. Au XIIIè siècle, il devait, ainsi que le Pater, précéder et suivre la récitation de l’office. Toutefois, la Salutation angélique n’était pas aussi complète qu’elle est aujourd’hui. Dans l’Eglise latine, elle se composait seulement des paroles de l’ange et de sainte Elisabeth. Ce fut le pape Urbain IV qui, en 1263, ajouta le nom de Jésus à la dernière phrase, comme la piété catholique avait ajouté à la première phrase le nom de Marie.

Quant à la seconde partie de l’Ave Maria : Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il, on ne la trouve complète, nulle part, avant l’an 1508. C’est alors qu’on commença de dire : Sainte Marie, priez pour nous pécheurs. Ainsi soit-il. Les enfants de saint François d’Assise ajoutèrent : Maintenant et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il. La preuve en est dans leur bréviaire, édité en 1515. Nous verrons que le pape saint Pie V confirma, plus tard, ces pieuses additions, en les faisant insérer dans le bréviaire romain. Telle est, en peu de mots, la formation de notre Ave Maria, dans l’Eglise d’Occident. Plus avancée que sa soeur était l’Eglise d’Orient. La partie de l’Ave Maria, qui comprend les paroles de Gabriel et d’Elisabeth, se trouve dans les très anciennes liturgies de saint Jacques et de saint Basile. La seconde partie Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pécheurs remonterait au concile d’Ephèse (431). Ce nouvel élément de l’Ave Maria se développa rapidement, au point que vers le milieu du VIIè siècle, en 647, il était devenu la Salutation angélique, à peu près telle que nous la récitons. Vous pouvez la lire dans l’ouvrage Le Traité des Rites du Baptême, rédigé à cette époque, par Sévère, patriarche d’Alexandrie. Voici cette formule : Paix à vous, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Vous êtes bénie entre les femmes, et béni est le fruit qui est dans votre sein, Jésus-Christ. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pécheurs. Ainsi soit-il. Peu de temps après, cette belle prière fut connue de l’Occident. Si vous voulez vous en convaincre, parcourez la vie de saint Ildefonse, archevêque de Tolède, écrite par l’évêque Julien, il y a près de mille ans. Toutefois, aucun monument, ne prouve qu’elle ait été d’un usage général dans l’Eglise latine, parmi les fidèles, avant le XIè siècle. Mais, à partir de cette époque, elle devint populaire et fut comme aujourd’hui, récitée au son de la cloche.

"Le son de la cloche qui a lieu le soir, le matin et le midi, et qui s’appelle l’Ave Maria, est une institution bénédictine. En 1090, le pape Urbain II, sachant qu’il était impossible que les prières d’un grand nombre ne soient exaucées, ordonna, au Concile de Clermont, qu’à partir du premier jour où l’armée chrétienne se mettrait en campagne pour recouvrer la Terre Sainte, le soir et le matin, dans toutes les églises du monde chrétien, tant cathédrales qu’abbatiales, trois coups de cloche appelassent les fidèles à la prière. Son intention était d’obtenir de Dieu très bon et très grand, qu’à ce signal, il daignât par sa bonté rendre l’armée chrétienne victorieuse de ses ennemis : comme aussi de faire miséricorde à ceux qui, dans une entreprise si pieuse, seraient morts, en sacrifiant leurs biens et leur vie pour la défense de la foi." (Arnold Wion, in libro qui Lignum Vitae inscribitur lib. V Emblem. 3, c. XX, apud Angel. Rocca episc. Tagast., Thesaurus Antiquit., etc., c. XVIII, p. 179, Romæ, 1745.) La voix du saint Père fut entendue, car alors il n’y avait point de Gallican dans l’Eglise. Aussi, en 1195, Eudes de Sully, évêque de Paris, veut que les prêtres ne cessent d’exhorter les fidèles à apprendre la Salutation angélique. Les prêtres de Paris, on n’en peut douter, se conformèrent à l’ordre de leur évêque. Non seulement le peuple apprit l’Ave Maria, mais la récitation en devint populaire. Il en fut ainsi jusqu’à la première partie du XIIIè siècle. A cette époque, le pape Grégoire IX, de glorieuse mémoire, s'apercevant d’un certain ralentissement dans la récitation de l’Angelus; de plus, se voyant attaqué par l'empereur allemand Frédéric II, ordonna de nouveau que la Salutation angélique serait récitée trois fois, au son de la cloche le matin et le soir, à genoux et par tout le monde. (Arnold. Wion, ubi supra; Bzovius, ad. an. 1239) La constitution est de 1239. En la publiant, le saint Pontife ne faut que suivre l’exemple de son prédécesseur Urbain II. Dans toutes les nécessités de l’Eglise, les Papes ont recours à la Mère de Celui dont ils sont les vicaires. Cette grande leçon de politique divine ne s’est jamais perdue. En passant par saint Pie V, le vainqueur de Lépante, elle arrive à Pie IX. Notre immortel Pontife ayant à lutter, pour lui et pour la société toute entière, contre la Révolution déchaînée, fait, avec la puissante Reine du Ciel, l’alliance la plus solennelle, par la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception. Les catholiques ont toujours aimé, invoqué, honoré Marie, comme des enfants aiment, invoquent, honorent une mère dont la puissance égale la bonté. Les hérétiques, au contraire, ont toujours été les ennemis de la sainte Vierge, cela pour cause : c’est elle qui a écrasé la tête de leur père. Les protestants ont hérité de leurs ancêtres, les Vaudois, la haine de la sainte Vierge. Non seulement ils ne l’invoquent pas, mais ils la blasphèment. En 1262, le grand docteur saint Bonaventure, supérieur général des Franciscains, prescrivit aux enfants de saint François, répandus alors dans les différentes parties de l’Europe, de perpétuer fidèlement la pieuse pratique de l’Angelus. Voici ce que nous lisons dans sa vie : "Ayant assemblé à Pise, en 1262, le chapitre général de l’Ordre, le très pieux serviteur de la glorieuse Vierge Marie, mère de Jésus, établit que les frères exhorteraient le peuple à la saluer par trois Ave Maria, au son de la cloche qui se fait entendre après Complies. Parce que, suivant la tradition, c’est l’heure où elle fut saluée par l’ange." (Surius, Vit. s. Bonav.; et Raccolta delle Indulg., p. 257, Roma, 1841) Voici l’origine de la Bulle d’Avignon par le saint Père Jean XXII (13 octobre 1318). A cette époque, les papes résidaient dans la ville d’Avignon. Or la justice de cette ville venait de condamner deux criminels à êtres brûlés vifs. L’exécution avait lieu la veille de l’Annonciation de la Sainte Vierge. Le bûcher était allumé. Comme il en approchait, un des coupables ne cessait d'implorer la sainte Vierge, lui rappelant les hommages qu’il lui avait rendus. Cependant les bourreaux le jettent dans le feu. Mais, ô miracle ! il en sort, comme les jeunes Hébreux sortirent de la fournaise de Babylone : sain et sauf et ses habits intacts. Quant à son compagnon, il fut en un instant dévoré par les flammes. Saisi de nouveau, celui qui avait échappé à la mort, est rejeté dans le bûcher. Il en ressort sans brûlure et plein de vie, comme la première fois. Sa grâce lui est accordée, et on le conduit en triomphe à l’église de la sainte Vierge pour rendre ses actions de grâce à sa libératrice. "J’affirme, dit l’auteur de cette histoire, avoir vu de mes yeux, dans les Archives de la ville, le procès-verbal authentique de cet événement." (Summa aurea de Laudib. B. M. V., t. IV, p. 277, édit. in-4) C’est alors que le pape Jean XXII donna la Bulle suivante : "Cette salutaire parole, Ave Maria, pieuse expression de la Salutation angélique, doit être, en guise de prières, dite par les fidèles avec un respect tout particulier. Ainsi, afin de rendre à Marie la gloire qui lui est due, et, par sa puissante intercession, obtenir de Dieu les grâces dont nous avons besoin, Nous avons pieusement cru devoir ordonner qu’à chaque crépuscule du soir, on sonnerait la cloche et que les fidèles réciteraient la Salutation angélique. Et afin que des faveurs spirituelles les portent à le faire avec plus d'empressement, confiant en la miséricorde de Dieu tout-puissant, à l’intercession et aux mérites de la glorieuse Vierge et des bienheureux apôtres, Pierre et Paul, Nous accordons dix jours d'indulgence à tous et à chacun des fidèles qui, à l’heure indiquée, réciteront dévotement ladite prière." (Apud Odoric. Raynald., An. Eccl., t. V, ad an. 1327, n. 54; Raccolta, etc., p. 257) Cette bulle, où respirent la confiance et la piété filiale du vicaire de Jésus-Christ envers la sainte Vierge, est de nature à justifier les insignes faveurs, dont Jean XXII fut l’objet de la part de la divine Mère. Rappelons, entre toutes, la célèbre révélation qui donna lieu à la Bulle Sabbatine du même pape. La Mère de miséricorde daigna l’assurer qu’elle délivrerait du Purgatoire le plutôt possible, quantocius, on croit le samedi, après leur mort, les confrères du Scapulaire, qui auraient fidèlement accompli les conditions de la vénérable confrérie. Le pieux pontife ne s’en tint pas là. Le 7 mai 1327, il renouvela et la concession des indulgences et l’ordre de réciter exactement l’Angelus. Dans les lettres adressées à son cardinal-vicaire, évêque d’Orviéto, il lui prescrit de faire sonner, à Rome, sur le soir, afin de rappeler aux fidèles de réciter les trois Ave Maria. (Raccolta, etc., p. 257)

Revenons à la Bulle d’Avignon pour dire qu’il y a quelques variantes dans les différentes éditions de cette Bulle. Ainsi, un ancien et pieux auteur, Perlbart de Temeswar, dit que le souverain Pontife ordonna de sonner la cloche le matin et le soir et de réciter en même temps l’Ave Maria; puis, qu’au lieu de dix jours d’indulgence, il en accorda vingt. "Voici, ajoute l’auteur, les raisons de ces deux sonneries, du matin et du soir, accompagnées de la récitation de l’Ave Maria. Premièrement, on sonne le soir, parce que, suivant la tradition, c’est à ce moment que le messager céleste, l’ambassadeur de l’auguste Trinité, salua la sainte Vierge, dont l’entretien avec l’ange dura jusqu’à minuit, heure à jamais solennelle où elle conçut le Verbe rédempteur. Le matin la cloche sonne pour annoncer l’accomplissement du joyeux mystère. Secondement, on sonne le matin et le soir, afin que par les mérites de la bienheureuse Vierge nous soyons, pendant le jour et pendant la nuit, défendus de nos ennemis; et, si nous venons à mourir, elle nous reçoive dans ses bras maternels. Troisièmement, on sonne le matin et le soir, afin que, si nous avons fait, pendant le jour ou pendant la nuit, quelque bonne oeuvre, elle soit plus favorablement reçue du Fils, présentée par les mains virginales de sa Mère." (Pom. seu Stell. Cor. B. V., lib. XII, part. II, art. 2; apud Summua aurea, etc., p. 277, n. 12) Comme c’est un pape, Jean XXII, qui, en 1318, ordonna la pieuse sonnerie du soir et du matin, c’est encore un pape, Callixte III, qui, en 1455, établit la sonnerie du midi. L’auteur très sûr et très érudit de la vie des papes, Sandini, parlant de Callixte III, écrit, sous l’année 1456 : "Depuis le commencement de son pontificat, ce pape n’eut rien de plus à coeur que de préparer la guerre, vouée contre les Turcs, et d’équiper une flotte. C’est même dans ce but qu’il envoya des légats aux princes chrétiens, pour les engager à unir leurs armes contre les ennemis du nom chrétien. Afin de rendre le ciel propice, il voulut qu’à midi, au son de la cloche, on récitât trois fois l’Oraison dominicale et la Salutation angélique." (In Callixt. III, p. 443) Constantinople venait de tomber au pouvoir des Turcs. Enflé de sa victoire, le farouche Mahomet II menaçait tout l’Occident. On comprend sans peine que, dans une pareille conjoncture, le gardien de la civilisation chrétienne ait, à l’exemple de ses prédécesseurs Urbain II et Jean XXII ordonné une nouvelle prière, afin d’appeler au secours de l’Europe la puissante Reine du ciel. Saint Antonin, archevêque de Florence, et contemporain de Callixte III, était mieux placé que personne pour connaître les actes de ce souverain pontife. Or, comme Sandini, il attribue sans hésiter à Callixte III, l’Angelus du midi. Il ajoute que l’ordre de le réciter fut solennellement envoyé, par lettres apostoliques, dans tout le monde chrétien avec concession de riches indulgences. (Chronic., part. 3 tit. XX, c. XIV)
Ainsi, c'est dans les moments où l'Eglise et les nations chrétiennes se trouvent menacées des plus grands périls, que les souverains pontifes, tels qu'Urbain II, Grégoire IX, Jean XXII, Callixte III et saint Pie V, insistent avec une nouvelle force sur la récitation de la vénérable prière.
Au sujet des indulgences, rappelons que, partielle ou plénière, elle ne remet et n'a jamais remis aucun péché mortel ou véniel. L'indulgence est simplement la remise totale ou partielle de la peine temporelle due au péché, et accordée hors du sacrement de pénitence. Dans le langage des Bulles, Brefs et autres écrits apostoliques, Rémission de tous les péchés signifie seulement la remise de toutes les peines temporelles dues aux péchés. Loin de favoriser le relâchement, comme le disent les protestants et les impies, cette remise, par les dispositions qu'elle exige et les avantages qu'elle procure, est, au contraire, éminemment propre à exciter la ferveur et à encourager l'espérance. Pour gagner, une fois le mois, l'indulgence plénière attachée à la récitation habituelle de l'Angelus, il ne suffit pas de réciter, ce jour-là, l'Angelus et d'avoir reçu les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie; il faut, de plus, comme le demande le souverain Pontife, prier pour les besoins de l'Eglise et du monde : rien n'est plus moral. Au reste, on peut réciter à cette intention telles prières que l'on veut : ordinairement cinq Pater et cinq Ave. Voici une nouvelle indulgence attachée à la récitation de l'Angelus, par le souverain Pontife Léon XII. Il accorde à tous ceux qui portent sur eux ou tiennent près d'eux, des chapelets, des crucifix, des médailles bénits par le souverain Pontife ou par ceux qui en ont le pouvoir, cent jours d'indulgence, chaque fois qu'aux heures voulues, ils récitent l'Angelus, sans préjudice des autres indulgences attachées à cette récitation par les précédents Pontifes. (1853) "Dans l'audience qui m'a été accordée le 18 mars 1781, dit le secrétaire de la Sacrée Congrégation, notre très saint Père, par la divine Providence, le pape Pie VI, a daigné faire cette bienveillante concession, que, dans les lieux, où n'existe pas l'usage des cloches, tous et chacun des fidèles, au moins contrits de coeur, qui trois fois le jour, savoir dès le matin, vers midi et sur le soir, réciteront la pieuse prière qui commence par Angelus Domini, etc., avec trois Ave Maria, ou le Regina Cœli pendant tout le temps pascal, pourront gagner toutes les indulgences accordées jusqu'ici par les souverains Pontifes, à ceux qui récitent les mêmes prières au son de la cloche : cela malgré toute opposition contraire."

 

Pourquoi un ange est-il chargé d'annoncer à Marie le mystère de l'Incarnation ?

1/ afin de conserver l'ordre divin, en vertu duquel le ministère des anges est de transmettre aux hommes les volontés de Dieu. 2/ parce que cela convenait à la réparation du genre humain. Comme l'auteur de la chute fut un ange qui, sous la forme du serpent, vint tromper la première Eve, il convenait qu'un ange vînt annoncer à la seconde Eve la rédemption du monde. 3/ parce que ce message angélique convenait à la perpétuelle virginité de la Mère de Dieu; car les vierges, dit saint Jérôme, sont cousines des anges, avec qui elles ont des rapports intimes et une grande ressemblance. (S. Th., III P., Q. 30, art. 2, corp.)

 

4) Le Regina Coeli

Que fait l'Eglise en remplaçant au jour de Pâques, l'Angelus par le Regina ? Dans l'enivrement de sa joie, elle chante : "Oui, le Verbe s'est véritablement fait chair; oui, Marie est vraiment la mère de Dieu; oui, la Rédemption du monde est vraiment accomplie; oui, le grand Lazare a été tiré du tombeau : il vit, et que par son attitude même dans la prière, il montre qu'il est ressuscité. Voilà ce que prouve avec l'évidence de la lumière, la résurrection du Verbe incarné.

Si donc l'Angelus annonce la Rédemption, le Regina en chante l'accomplissement. L'un dit : vous serez rachetés; l'autre dit : vous l'êtes. Tous deux disent à Marie : "Réjouissez-vous; vous êtes la plus bénie des femmes, la plus heureuse des mères, la plus glorieuse des Reines; et à nous tous : Exilés dans la vallée des larmes, consolez-vous. La vie d'ici-bas n'est pas la vie : elle est dans le ciel. Là est un père qui vous tend les bras et une mère qui veille sur vous."

Telle est la cause mystérieuse et la consolante signification du Regina Cœli.

Quelle est l'origine du Regina Cœli?

Elle n'est pas moins divine que celle de l'Angelus. Au mois de novembre de l'année 589, le Tibre déborda avec tant de fureur, qu'il pensa abîmer la ville de Rome. En se retirant, le fleuve laissa dans les campagnes une infection qui causa une peste violente. Le pape Pélage II en fut emporté un des premiers, et sa mort suivie d'une désolation générale : le fléau ravagea la ville entière.

Saint Grégoire le Grand, successeur de Pélage, comprit qu'il fallait apaiser la colère de Dieu par des prières, des jeûnes et les larmes de la pénitence. Il exhorta son peuple à le seconder par un changement sincère de vie. Les pieux habitants de la ville éternelle répondirent avec empressement à l'appel du Pontife. Afin de mettre de l'ordre dans les assemblées des fidèles, qui devaient se rendre en procession aux prières publiques, Grégoire partagea le clergé, les religieux et le peuple en sept corps. De là, le mont de Litanie septiforme, donné à la procession de saint Marc, qui se fait encore aujourd'hui.

Parties, à neuf heures du matin, de la basilique de Sainte-Marie-Majeure, les processions se dirigeaient en bel ordre vers la basilique du Prince des Apôtres, et duraient une bonne partie de la journée. Trois jours de suite, toutes les rues de la ville retentirent du cri du repentir : Kyrie eleison, Seigneur ayez pitié.

Le saint Pape portait, entre ses mains, l'image de la sainte Vierge, qu'on croit peinte par saint Luc et qui se voit encore à l'église de Sainte-Marie-Majeure, où elle est l'objet de la vénération séculaire, non seulement des habitants de Rome, mais de tous les pèlerins catholiques de la ville éternelle.

Dès le premier jour, on avait vu, en moins d'une heure, quatre-vingts personnes frappés de la peste tomber et mourir. Un si triste spectacle ne fut pas capable de décourager saint Grégoire, dont la foi obtint bientôt sa récompense. Au troisième jour, la procession arrivait au pont qui joint la ville au quartier du Vatican. Tout à coup, un concert d'anges se fait entendre au-dessus de la sainte image. Ces esprits bienheureux chantaient. "Reine du ciel, réjouissez-vous, alleluia. Car Celui que vous avez mérité de porter, alleluia est ressuscité comme il l'a dit, alleluia."

Après ces paroles, les voix célestes se turent. Alors le Pontife, osant unir les supplications de la terre au chant triomphal des cieux, ajoute avec transport ces paroles : Priez Dieu en notre faveur, alleluia; et l'antienne pascale se trouva ainsi composée. Grégoire levant ensuite les yeux au ciel aperçut, sur la cime du Môle d'Adrien, l'ange exterminateur, qui, après avoir essuyé son épée ensanglantée, la remettait dans le fourreau.

En mémoire de cette apparition, le Môle d'Adrien porte depuis longtemps le nom de fort Saint Ange; et il est surmonté d'une statue colossale en bronze représentant l'ange exterminateur, qui abaisse son glaive et le fait rentrer dans le fourreau. (Durand, Rational. div. offic., lib. VI, c. LXXXIX, n. 2; Sigonius, De Regno Italiœ, lib. II; Canisius, De Virg. Deipar., lib. V, c. XXII; Macri, Hierolexicon, v. Litania; dom Guéranger, Temps pascal, p. 131, étid. in-12, 1859)

A l'instant même, le fléau cessa.

Quatre faits encore subsistants attestent ce miracle.

La procession de saint Marc, qui se fait chaque année dans l'église d'Occident; la statue de bronze de l'archange saint Michel, placée au-dessus du Môle d'Adrien, qui prit dès lors le nom de château Saint-Ange; l'antienne Regina Cœli que l'Eglise ne cesse de répéter depuis ce jour mémorable. Enfin, l'inscription suivante dont je vais vous parler.

Quand vous ferez le voyage de Rome, vous ne manquerez pas de monter au Capitole et de visiter la très curieuse et très vénérable église d'Ara cœli, bâtie sur l'emplacement même du temple de Jupiter Capitolin. A la voûte du sanctuaire, et directement au-dessus du maître actuel, vous lirez, écrite en grandes lettres d'or, l'inscription suivante : Regina Cœli lœtera, alleluia.

A la prière de saint Grégoire et au chant des anges, l'Eglise a ajouté, comme pour l'Angelus, le verset et le répons suivants : Réjouissez-vous et tressaillez, vierge Marie, alleluia; car le Seigneur est vraiment ressuscité, alleluia; puis l'oraison.

(B) La cloche

Tandis que les autres prières, publiques ou privées, se disent seules, à haute ou basse voix, l'Angelus, par un privilège unique, se récite et doit toujours se réciter au son de la cloche. Ainsi le veut l'Eglise et cela, sous peine de ne pas gagner les indulgences attachées à cette prière.

1) Origine de la cloche

Le tintinnabulum ou la clochette, qu'on peut appeler la cloche rudimentaire, est nommée pour la première fois dans le livre de l'Exode. "Le bas de la tunique d'Aaron, dit le Seigneur à Moïse, sera entouré de clochettes d'or, afin que tout le monde l'entende lorsqu'il entrera dans le sanctuaire." (Ex 28,33-34) Au nombre de soixante-douze, ces clochettes avaient pour but de rappeler aux enfants d'Israël, que la loi avait été donnée au bruit des trompettes. (Corn. a Lap., in Eccli, XIV, 10)

De l'Orient, les clochettes passèrent en Occident. Chez les Grecs on s'en servait pour différents usages de la vie civile. On trouve chez les Romains les mêmes usages civils et religieux. Pline apporta qu'on en avait mis au tombeau de Porsenna. Agitées par le vent, ces clochettes s'entendaient d'assez loin. La présence des clochettes au tombeau de Porsenna n'est pas une exception. Fondés sur une ancienne tradition, les Romains attribuaient à la clochette la vertu d'éloigner les mauvais esprits de la demeure des morts, et même du séjour des vivants. Voilà pourquoi ils les sonnaient aux funérailles et dans leurs sacrifices. Cette tradition avait un fond de vérité, que l'Eglise fera reparaître dans tout son éclat.

Après Constantin, on se servit de trompettes pour appeler les chrétiens à la prière. L'Eglise d'Orient faisait usage de deux planches, qu'on frappait l'une contre l'autre. Cet usage dura jusqu'à la fin du IXè siècle, époque à laquelle les cloches furent introduites en Orient. (Duranti, De Ritib. Eccl. cath., lib. V, c. XXII, p.175) Elles disparurent avec la domination des Turcs.

Nul ne peut dire à quand remonte l'usage des cloches. En tout cas, il était répandu dans l'Eglise latine avant le VIè siècle. Nous avons là-dessus le témoignage de Benoît XIV. C'est donc une erreur d'attribuer, comme quelques-uns, l'invention des cloches au pape saint Sabinien qui vivait au VIIè siècle (604). (Instit. Eccl. XX, n. 2, et Dubium, 6; Bona, Rerum Liturg., lib. 1, c. XX, p. 194)

2) Le baptême de la cloche

La cloche est née catholique. D'abord, l'Eglise Catholique bénit le métal dont elle est faite. Choisi avec soi, solide et sonore, ce métal contient les éléments les plus propres aux fonctions que la cloche doit remplir. Ensuite, quand elle est venue au monde, l'Eglise la baptise et en fait un être sacré. Avec raison, car la cloche est destinée à chanter tout ce qu'il y a de saint et de sanctifiant sur la terre et dans le ciel. Par les prières et les cérémonies qui l'accompagnent, le baptême va lui dire sa vocation.

1/ Le baptême donné à la cloche n'est pas le sacrement qui remet les péchés. Mais comme la cloche est destinée au culte divin, et à chasser les démons, il a paru convenable à nos pères dans la foi, de la purifier, de la bénir et de la consacrer par de saintes onctions, comme l'Eglise le fait, d'ailleurs, pour les vases sacrés et les ornements sacerdotaux. (De Ritib., etc., p. 177)

Comme c'est le peuple, en général, qui donne les noms et qui donne par ce qui le frappe davantage, ses yeux ne pouvaient s'empêcher de remarquer la grande analogie qui se trouve entre le baptême d'un enfant et la bénédiction de la cloche. Ce fut pour lui une raison suffisante et presque une nécessité de les désigner par le même nom.

2/ Le baptême de la cloche n'est pas une invention moderne, ni le fruit de la superstition, comme le prétendent les protestants. Ce rit, si plein de mystère et si facile à justifier, remonte à une haute antiquité. Ainsi, on voit au Xè siècle, en 968, le pape Jean XIII, bénir lui-même la cloche de saint Jean de Latran. (Bona., Rerum Liturg., p. 197)

Par la richesse de son métal et par sa merveilleuse grandeur, cette cloche était digne de l'Eglise vénérable, qui porte au frontispice, écrit en grandes lettres d'or : OMNIUM ECCLESIARUM URBIS ET ORBIS, MATER ET CAPUT : de toutes les Eglises de la ville et du monde, la mère et la Reine.

Là, cependant, n'est pas la date primitive du baptême des cloches : on le trouve déjà au temps de Charlemagne et même dans les siècles antérieurs. Le précepteur de ce grand prince, Alcuin, s'exprime ainsi : "Il ne faut pas regarder comme une nouveauté qu'on bénisse les cloches, qu'on fasse sur leur métal de mystérieuses onctions et même qu'on leur donne des noms comme à des personnes vivantes." (De divin. offic. apud, Aug. Rocca, t. I, c. V, Menard, In notis ad lib. sacrament. p. 207)

3/ Le baptême ou la bénédiction de la cloche est une cérémonie d'un ordre supérieur, réservée à l'évêque ou à son délégué.

4/ Sonner les cloches était autrefois une fonction exclusivement sacerdotale. Ecoutons le savant cardinal Bona : "Dans l'antiquité, le droit de sonner les cloches n'appartenait qu'aux prêtres; et la règle de saint Benoît le réserve même à l'abbé. Les capitulaires de Charlemagne décrètent que les prêtres seuls sonneront la cloche pour les heures canoniales. Dans l'ancienne loi, Dieu avait ordonné que les prêtres, fils d'Aaron, sonneraient de la trompette pour appeler le peuple. Le rit a passé dans le Nouveau Testament, et s'y est longtemps conservé.

Aujourd'hui, sonner la cloche est l'office du Portier. Il convient qu'il soit revêtu d'un surplis, parce qu'en sonnant il remplit la fonction de son ordre. Ce n'est pas sans raison que nos ancêtres voulurent que les cloches fussent sonnées par des personnes consacrées à Dieu. En effet, convoquer les fidèles aux divins offices, à la messe, à la communion, à la parole de Dieu, est une chose sacrée. De plus, la cloche elle-même, consacrée par l'évêque avec l'huile sainte, compte dans l'Eglise au nombre des choses sacrées." (Bona, ibid., p. 196)

Tout le peuple étant assemblé autour de la cloche, suspendue à quelques mètres au-dessus du sol, l'Evêque en habits pontificaux arrive majestueusement, accompagné du clergé et suivi du parrain et de la marraine de la cloche. Près de lui sont placés l'eau, le sel, les saintes huiles, l'encens, la myrrhe, l'encensoir allumé. Après le chant de sept magnifiques psaumes, où sont exaltées la puissance et la bonté du Créateur, et, par un contraste touchant, confessés la faiblesse de l'homme, ses dangers et ses besoins, l'Evêque bénit l'eau.

Au nom de Dieu dont il est le ministre, il appelle sur cette merveilleuse créature la vertu du Saint-Esprit qui la rendit féconde au première jour de la création. Certain d'être exaucé, l'Evêque en arrose la cloche à laquelle il confère le pouvoir et le devoir d'éloigner de tous les lieux où elle retentira les puissances ennemies de l'homme et de ses biens : les démons, les trombes, la foudre, la grêle, les animaux malfaisants, les tempêtes et tous les esprits de bouleversement.

Telle est la mission négative de la cloche. Voici sa mission positive. Sa voix proclamera les grands mystères du christianisme; elle augmentera la dévotion des chrétiens; ils accourront avec empressement dans le giron de leur bonne mère l'Eglise, pour chanter dans l'assemblée des Saints des cantiques nouveaux. Et leurs voix prenant tour à tour l'éclat de la trompette, la douceur de la lyre, l'harmonie du psalterion, la majesté de l'orgue, inviteront les anges à prendre part à leurs concerts. La cloche fera tout cela; car c'est au nom de Celui qui possède toute puissance au ciel et sur la terre, que cette mission lui est confiée.

Les diacres achèvent de laver la cloche avec l'eau sainte, en dedans et en dehors; puis, l'ayant essuyée, ils récitent avec l'Evêque six psaumes, par lesquels on invite toutes les créatures à louer le Seigneur et à le remercier de ses bienfaits.

Ce lavement de la cloche nous apprend avec quelle pureté nous devons assister au sacrifice de l'agneau sans tache, auquel la cloche ne cessera désormais de nous appeler. (Suarez, lib. XI, Contr. reg. angl., c. XVI)

Viennent ensuite les onctions avec les huiles consacrées. L'Evêque les trace en forme de croix : sept à l'extérieur de la cloche, avec l'Huile des infirmes; et quatre à l'intérieur avec le Saint Chrême. Quel est le mystère de ces onctions ? La cloche est le grand prédicateur du Verbe incarné, le rédempteur du monde, dont tous les bienfaits se résument dans sa résurrection. Les sept croix, formées à l'extérieur de la cloche avec l'huile des infirmes, marquent les souffrances et la mort de l'humanité du Sauveur, enveloppe mystérieuse de sa divinité. Elles figurent aussi la mort de tous les fidèles qui sont ses membres.

Les croix, formées à l'intérieur avec le Saint Chrême, marquent sa résurrection et la nôtre, opérée par la divinité, cachée sous le voile de l'humanité. Elles sont au nombre de quatre, pour indiquer les quatre qualités admirables des corps ressuscités : l'agilité, la clarté, la subtilité, l'impassibilité.

Ainsi, chaque coup du battant fait retentir au loin les deux mystères de mort et de vie, Alpha et Oméga, du christianisme : mystères nécessaires pour orienter la vie de l'homme, consoler ses douleurs, et fonder ses espérances.

Toutes ces onctions, toutes ces cérémonies du baptême sont accompagnées de prières d'une efficacité certaine et d'une poésie incomparable. Les nombreuses merveilles accomplies par le Tout-Puissant, au bruit des instruments guerriers; les prescriptions faites à Moïse et aux fils d'Aaron, sur l'usage et la puissance des trompettes sacrées, l'holocauste de Samuel, la harpe de David, sont rappelés dans une langue tombée du ciel. Tous ces souvenirs servent de base à la confiance de l'Evêque dans le pouvoir de la cloche.

Les croix étant essuyées, le pontife met l'encens et les autres parfums dans l'encensoir qu'il place sous la cloche. Quel est le sens de cette nouvelle cérémonie ? "Non contente de figurer sur la cloche la résurrection de nos corps et les glorieux privilèges que leur réserve la bonté divine, voici comme l'Eglise couronne admirablement son oeuvre, en représentant par un dernier coup de pinceau l'éternelle félicité de nos âmes.

"Quelle autre signification donner, en effet, à ce riche mélange de parfums et d'encens, qui remplissent tout l'intérieur de la cloche d'une fumée suave et odoriférante ? N'est-ce point là l'image de ce saint enivrement des élus qui fera, selon la parole du prophète, que la triomphante Jérusalem sera toute transportée d'allégresse, et que son peuple vivra dans un éternel ravissement ?" (Le card. Giraud, Mandement sur les cloches)

Faut-il s'étonner si l'Evêque, s'adressant à la cloche elle-même, la dédie à un saint ou à une sainte du paradis, et lui dise avec une sorte de respectueuse tendresse : "En l'honneur de saint N., paix désormais sur toi, chère cloche : in honorem sancti N. pax tibi."

Pourquoi donner un parrain et une marraine à une cloche ? Lorsqu'on apporte un enfant aux fonts sacrés, c'est le parrain et la marraine qui le nomment. Comme la cloche doit avoir un nom, il faut aussi qu'elle ait un parrain et une marraine, chargés de le lui donner. Choisi d'avance, ce nom est gravé sur la cloche, au-dessous de la croix en relief, qui la marque du sceau de Notre Seigneur et la consacre à son culte. Il est bien entendu que ce nom est toujours un nom de sainte ou de saint.

Pourquoi donner un nom à une cloche ? Afin de la distinguer des autres cloches qui peuvent se trouver dans le même clocher. On lui donne un nom de saint, parce qu'elle est une chose sacrée. Il y a une raison plus intime encore de ce vénérable usage.

Avec ce sens délicat de piété et de la foi, qu'on admirera jamais assez, nos ancêtres avaient identifié la cloche avec le saint ou la sainte dont elle porte le nom. Lorsqu'elle sonnait, ce n'était pas la cloche, c'était Marie, Elisabeth, Geneviève, Adélaïde, Jean-Baptiste, qui appelait à l'église. Dans les solennités, c'étaient toutes ces voix réunies; et l'allégresse, et la dévotion, et le saint empressement en étaient augmentés. (Bona., ubi suprà.) De combien de jouissances se prive l'homme animal, animalis homo, qui ne comprend plus les choses divines !

La cloche est nommée : reste à lui donner sa mission. Dans ce but, le parrain et la marraine s'approchent de leur filleule, prennent le battant et la font parler. Mais c'est la voix d'un enfant. Bientôt suspendue au clocher, sa voix sera la voix d'une grande personne, qui fera retentir les airs de ses sons majestueux.

La cérémonie se termine par le chant de l'Evangile, où se trouve rapportée l'entrée de Notre Seigneur dans la maison de Marthe et Marie. Quelle éloquente manière de dire que la cloche a pour but d'enseigner aux chrétiens la vie active de Marthe et la vie contemplative de Marie !

Aux uns elle dit : "Pourquoi donc tant vous inquiéter, et vous agiter ainsi à la poursuite des choses passagères ? Ô enfants des hommes, jusqu'à quand aimerez-vous la vanité et vous attacherez-vous si aveuglément au mensonge !"

A d'autres chrétiens, elle dira ce que le Sauveur disait à Marie : "Quant à vous, pieux fidèles qui recevez avec joie les avertissements que je ne cesse de vous donner, qui accourez avec tant d'amour aux saintes assemblées que je vous annonce, persévérez fidèlement dans la poursuite de l'unique nécessaire : vous avez choisi la meilleure part qui ne vous sera point ôtée."

Pourquoi, en sonnant l'Angelus, ce nombre de trois que vous répétez trois fois, à de légers intervalles ? "Je sonne le nombre trois, pour rappeler les trois personnes de la Trinité, auxquelles le monde est redevable de l'Incarnation. Je le sonne neuf fois, en l'honneur des neuf choeurs d'anges, pour inviter les habitants de la terre à bénir avec eux leur commun bienfaiteur. Entre chaque tintement, ou mieux entre chaque soupir, je laisse un intervalle, pour que ma voix descende plus doucement dans les coeurs, et éveille plus sûrement l'esprit de prière."

Pourquoi, après le tintement de l'Angelus, faites-vous éclater votre voix ? "Je chante une double délivrance. La délivrance des vivants par le mystère de la Rédemption; la délivrance des trépassés par l'indulgence attachée à l'Angelus. Au Purgatoire, je sonne un bonheur, et à Marie la salutation d'une âme qui entre dans le ciel. Ainsi le veut l'Eglise de la terre, pleine de tendresse pour sa soeur souffrante. Plusieurs ne savent pas ce que je veux dire; mais les chrétiens éclairés me comprennent, et ils répondent à mon appel par le Requiescant in pace, ou par le De profundis." (A Rome, où les mystères de la piété catholique sont mieux connus que partout ailleurs, on sonne une petite cloche après l'Ave Maria, afin d'avertir les fidèles de prier pour les âmes du Purgatoire. Ang. Rocca, t. I, c. XVII, p. 179. A cette intention, beaucoup disent un Pater et un Ave, et plus généralement le De profundis.)

Pourquoi chantez-vous au baptême ? "Je suis la trompette de l'Eglise militante et j'annonce avec bonheur qu'un nouvel enfant lui est donné. J'engage ses frères d'armes à se réjouir et à prier pour ce futur soldat, dans les combats de la vertu. Pendant qu'on écrit son nom sur les registres de la terre, je chante son inscription dans le livre du ciel. Pour redire sa gloire et l'infinie bonté de Dieu, pourrais-je ne pas faire entendre ma voix la plus gracieuse et la plus sonore ?"

Pourquoi pleurez-vous à l'agonie ? "Si vos joies sont mes joies, vos douleurs ne doivent-elles pas être mes douleurs ? Pour soutenir le jeune chrétien dans les combats de la vie, j'ai demandé vos prières : comment ne pas les solliciter dans les luttes de la mort ? Entre toutes, ces luttes ne sont-elles pas les plus terribles et les plus décisives ?"

Nos pères l'avaient compris. Dans beaucoup d'églises était la cloche de l'agonie. Lorsqu'un malade approchait de sa dernière heure, elle faisait entendre sa voix, et par des tintements, répétés de loin en loin, semblables aux lentes pulsations d'un pouls qui va cesser de battre, elle appelait tous les fidèles à la prière.

Fin...

 

 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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