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Angélus I

   
 
 
 

 

 

L’ANGELUS I


3) Explication de l'Angelus
Partie 1
 
Salut : Ave. "Dans le monde, dit saint Pierre Damien, ont retenti deux paroles, telles que la terre n'en avait jamais entendues, telle qu'elle n'en entendra jamais : paroles près desquelles toutes les autres sont muettes. La première, semblable au rugissement le plus puissant, est celle de l'archange : AVE, GRATIA PLENA, Salut, pleine de grâce. Descendue des hauteurs des cieux, cette parole dit : Incarnation de Dieu, rédemption du genre humain, renouvellement du monde. La seconde, sortie de la bouche de Jean, l'enfant du tonnerre, qui, après avoir, aigle sublime, contemplé le Soleil éternel, s'écrie : IN PRINCIPIO ERAT VERBUM, au commencement était le Verbe. (Serm. 1, de Nativ. Virg.) Ave : salut. Ce mot veut dire : vie, joie, allégresse, paix à vous. Les Hébreux l'employaient, lorsqu'ils voulaient rassurer une personne et lui annoncer une heureuse nouvelle. Vous remarquerez que le mot Ave, qui veut dire vie, est l'anagramme d'Eva ou Eve renversé. Consolant anagramme, qui dit : "Eve, vous ne fûtes pas la mère de la vie, mais de la mort. Au contraire, la vraie mère de la vie, qui avez changé en bénédictions la malédiction dont fut frappée notre première mère. Voilà pourquoi l'Eglise vous chante. "SUMENS ILLUD AVEC GABRIELUS ORE, En recevant cet ave de la bouche de Gabriel, vous devenez le fondement de notre paix." Vous voyez, dans ce seul mot, Ave, est toute la révolution qui sauvera le monde.
Marie : Maria. L'Evangile nous apprend que le nom de l'auguste Vierge était Marie : Et nomen virginis Maria. Mais il ne se trouve pas sur les lèvres de l'archange. Est-ce par respect que le céleste ambassadeur ne le prononce pas ? Vous pouvez le croire sans hésiter. Ainsi, dans l'Evangile, jamais Notre Seigneur lui-même n'appelle sa divine mère par son nom de Marie. C'était par respect pour elle et conformément à la coutume des Hébreux de ne jamais appeler, par leur nom propre, les personnes à l'égard desquelles la nature leur commandait un grand respect. (Lyranus, Trisag. L. commd., 24) Encore aujourd'hui parmi nous, jamais un enfant n'appelle par leur nom propre ni son père ni sa mère. De là vient que dans certains pays, et pendant bien des siècles, aucune femme ne porta le nom de Marie, pas plus qu'aujourd'hui encore, aucun homme ne porte le nom de Jésus. En parlant de la Mère de Dieu, les Hongrois ne lui donnaient point le nom de Marie. Ils disaient seulement la Dame. A ce nom ils inclinaient la tête ou fléchissaient le genou. (Vie de S. Etienne de Hongrie, 27)
La piété catholique introduisit de bonne heure le nom de Marie dans la Salutation angélique. On l'y trouve au VIIè siècle. Si vous m'en demandez la raison, je dirai, suivant toute apparence, qu'on voulut se rendre présente la divine Mère à qui s'adresse la salutation, et prononcer le plus souvent possible un nom qui réjouit le coeur et le remplit d'une confiance filiale. (S. Bonav., Speculum B. M. V.) Pleine de sagesse, l'Eglise consacre, encourage même cette douce et pieuse familiarité, tout en conservant, pour le nom de Marie, la plus profonde vénération. D'une part, elle exige que le prêtre à l'autel s'incline respectueusement toutes les fois qu'il prononce le nom de Marie. D'autre part, elle invite ses enfants à le prononcer souvent. Dans ce but, elle accorde vingt-cinq jours d'indulgences applicables aux âmes du purgatoire, à quiconque prononce dévotement les saints noms de Jésus et de Marie. De plus, si l'habitude de les prononcer à été constante, il y a une indulgence plénière, à l'article de la mort, au moins de coeur, quand on ne peut le faire de bouche. (Raccolta, etc., p. 52)
Pleine de grâce : Gratia plena. La grâce, dit saint Thomas, est le commencement de la gloire : Gratia quœdam inchoatio gloriœ. La grâce est donc ce principe divin qui fait de l'homme l'enfant de Dieu, et l'héritier de tous ses biens. Aussi le Docteur angélique ajoute avec raison : "Le moindre degré de grâce vaut mieux que tout l'univers. C'est la grâce seule qui, diversifiée en mille manières, a fait tous les saints, et qui les fera jusqu'à la fin du monde." Or Marie est pleine de grâce. Voici l'explication sommaire de cette parole : "Plus un être approche de son principe, plus abondamment il reçoit son influence. Ainsi, les anges qui sont plus près de Dieu participent à ses perfections plus abondamment que les hommes. Le Verbe incarné est le principe de la grâce. Jamais personne ne s'approcha plus près de lui que Marie, de lui qu'il reçut la nature humaine. Plus que personne, Marie a donc reçu la grâce dans une plénitude incomparable. De là ce mot de saint Jérôme : "Oui, vraiment pleine de grâce; car aux autres la grâce est donnée partiellement; tandis que toute la plénitude de la grâce s'est répandue dans Marie." (S. Th., III P. Q. 27, art. 5, corp.)
Le Seigneur est avec vous : Dominus tecum. Dans son adorable salutation, l'archange distingue soigneusement la grâce et l'auteur de la grâce, l'effet et la cause. Marie est pleine de grâce, il vient de le dire, mais pourquoi est-elle pleine de grâce ? Il va nous l'apprendre : parce que le Seigneur est avec Marie, de la manière la plus intime et la plus complète. Il est avec elle, réellement, personnellement, comme l'enfant qui est dans le sein de sa mère est avec sa mère, et devient l'os de ses os, la chair de sa chair, la substance de sa substance. (Dionys. Richeluis, De Prœcon. et dignit. Virg., lib, I, art. 21) Marie est donc pleine de la grâce; mais elle n'est pas la source de la grâce, elle en est le réservoir. Nos frères séparés, qui nous accusent d'adorer la sainte Vierge et d'en faire une sorte de divinité, voient que l'archange Gabriel a réfuté, il y a deux mille ans, leurs tristes calomnies. Dominus tecum, le Seigneur est avec vous. Ce n'est pas seulement le Fils qui est avec la Sainte Vierge; c'est encore le Père et le Saint Esprit. A aucun des saints on ne peut attribuer ce que l'ange, parlant de la sainte Trinité, dit à Marie : "La vertu du Très-Haut vous enveloppera de son ombre; le Saint qui naîtra de vous sera le Fils de Dieu, et le Saint Esprit surviendra en vous." C'est donc à juste titre que Marie est appelée le trône le plus parfait de la sainteté, le palais royal, la demeure du ciel, la salle de festin de toute la Trinité. (Dionys. Richeluis, De Prœcon. et dignit. Virg., lib, I, art. 21) "Avec vous est le Seigneur Fils, que vous revêtez de votre chair. Avec vous le Seigneur Saint Esprit, de qui vous concevez. Avec vous le Seigneur Père, qui a engendré celui qui s'incarne en vous. Avec vous est le Père, qui de son Fils fait votre fils. Avec vous le Fils, qui pour faire de vous le plus grand des mystères, entre dans vos chastes entrailles sans blesser votre virginité. Avec vous le Saint Esprit, qui, de concert avec le Père et le Fils, sanctifie votre sein." (S. Bern., Serm. III, Super. Missus.) Le vif esprit du même docteur s'adresse ici une question : "Qu'y a-t-il d'étonnant que Marie soit plein de grâce, puisque le Seigneur est avec elle ? Mais comment expliquer que celui qui avait l'envoyé l'ange à la sainte Vierge, se soit trouvé avec elle à l'arrivée de l'ange ? Dieu a-t-il été plus prompt, que son rapide messager, à descendre sur la terre ? Sans doute, car, pendant que le roi était sur son trône, le nard de la Vierge a répandu son parfum, qui s'est élevé jusqu'au plus haut des cieux." (S. Bern., Serm. III, Super. Missus.) Les poétiques paroles de saint Bernard signifient que dès l'instant de sa conception immaculée, Marie était pleine de grâce; que Dieu était avec elle, non pas, il est vrai, corporellement, comme il fut au moment de l'Incarnation, mais par ses dons ineffables et par un amour dont aucune créature, même parmi les Séraphins, ne fut et ne sera jamais l'objet. (S. Th., III P., Q. 27, art. 5)
Vous êtes bénie entre les femmes : Benedicta tu in mulieribus. La même parole fut dite à Jahel pour avoir tué Sisara, et à Judith, pour avoir triomphé d'Holopherne. Mais, adressé à Marie, cet éloge est mille fois plus excellent. Par les victoires qu'elle a remportées sur le démon; par les faveurs dont elle a été comblée; par sa dignité de mère de Dieu, Marie brille à une hauteur infinie au-dessus de toutes les femmes et de toutes les vierges. Elle jouit surtout d'une prérogative, qu'aucune femme n'a jamais partagée et ne partagera jamais : le bonheur d'être mère sans perdre la gloire d'être vierge. (S. Bern., Serm. IV, de Assumpt.) Vous êtes la bénie entre les femmes. "La mère de notre race fit le malheur du monde : vous, vous avez fait son bonheur. Eve nous donna la mort, vous nous avez donné la vie." (S. Aug., Serm. XVIII, de Sanctis.) Vous êtes la bénie entre les femmes, parce que vous seule avez été exempte de la tache du péché originel et de tout péché actuel, même le plus léger. Le Dieu de toute sainteté, qui découvre des taches jusque dans les anges, n'en trouve point en vous. C'est lui-même qui vous en assure : Vous êtes toute belle, ma bien-aimée, et il n'y a point de tache en vous : Tota pulchra es, amica mea, et macula non est in te. Croiriez-vous que Luther lui-même unit sa voix à celle de toute l'Eglise pour proclamer Marie, la bénie entre les femmes ? "Marie est pleine de grâce, ce qui veut dire pure de tout péché. Cela est grand et sublime, mais l'abondance de grâce qu'elle a reçue la remplit de tout bien, et l'exempte de tout mal. Tel est le sens des paroles que l'ange lui adresse : Vous êtes bénie entre les femmes. On ne pourrait pas lui dire vous êtes bénie, si jamais elle avait été sujette à la malédiction." (In Postilla majori circa Evang. Annuntiat. M. et circa Ev. festi Concept. Mariœ, apud Canisium, lib. III, c. VI, p. 263)
Béni le fruit de votre sein. Elisabeth commence par proclamer l'accomplissement de la promesse divine faite à David : "du fruit de votre sein, je placerai un Roi sur votre trône" (Ps 131) Béni soit donc le fils de David, le Messie qui devait naître de lui et qui repose aujourd'hui dans vos entrailles. Elle ajoute : il est béni; béni non seulement entre tous les hommes, comme vous êtes bénie entre toutes les femmes, mais béni plus que les anges, plus que les hommes, plus que toutes les créatures, puisqu'il est le créateur et le Seigneur de toutes choses. Il est béni et digne de bénédictions incessantes, universelles et éternelles. De votre sein : formé par le Saint Esprit, ce Fils adorable, ce Désiré des nations, n'a point de Père sur la terre. Il est exclusivement le fruit de vos entrailles virginales. Du plus pur de votre sang il se nourrit, de votre substance il se développe. Il est l'os de vos os, la chair de votre chair. Là finissent les paroles de sainte Elisabeth. Pas plus que l'ange elle ne prononce le nom de ce Fils de bénédiction. Pourtant elle le connaissait ! Quelle peut être la raison de ce nouveau silence ? Serait-il téméraire de dire qu'elle se trouve dans le respect pour ce nom au-dessus de tout nom ? Vous savez que chez les Juifs il était défendu de prononcer le Tetragrammaton, nom mystérieux du Tout-Puissant. Or, le nom de Jésus est plus grand encore, plus mystérieux et partant plus sacré. Quoi qu'il en soit, ce nom divin apporté du ciel et donné à son Fils par le Père éternel, l'Eglise catholique a pris soin de l'insérer dans la Salutation angélique. Comme nous l'avons vu, cette insertion est due au pape Urbain IV. C'est par saint Cyrille, patriarche d'Alexandrie, que l'Eglise prononce les paroles au Concile d'Ephèse (431) : Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pécheurs. (Angelus Domini., Monza, 1856, p. 1) Cette circonstance explique comment, au VIIè siècle, l'Eglise d'Alexandrie, ainsi que nous l'avons vu, connaissait déjà cette prière.
 

Augustinius

Avec l'accord précieux de son auteur notre Ami Augustinius

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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